Réflexion estivale sur la bioéthique au MCC

L’université d’été du Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC), du 16 au 21 août, sera consacrée à la bioéthique. Vingt-cinq chrétiens engagés dans la vie de l’entreprise se réuniront près d’Aix-en-Provence pour réfléchir et travailler de manière exigeante sur le thème : « Bioéthique, des tests génétiques aux cellules souches, une réflexion au cœur de la vie ».
Organisée par l’aumônier national du MCC, le père jésuite Bernard Bougon, le docteur Colette Raffoux et Françoise Tondu, chercheur en biologie industrielle, cette université bénéficiera de la présence d’experts et praticiens des domaines concernés pour les aider à construire leur réflexion et, en prenant en compte les repères proposés par le Magistère catholique, à mûrir leur jugement. Focus sur ce nouvel engagement chrétien dans les réflexions sur la bioéthique avec le père Bernard Bougon.
 

Pourquoi avoir choisi ce thème pour l’université d’été du MCC ?

D’une part, la Compagnie de Jésus a une tradition d’accompagnement des étudiants en médecine, pharmacie et dentaire depuis la fin du 19ème siècle, dans ce cadre j’ai travaillé pendant dix ans sur les questions d’éthique biomédicale. D’autre part, dix à quinze pour cent des membres du MCC sont liés au monde de la santé, médecins, soignants, paramédicaux ou cadres hospitaliers.
En outre, la charte du MCC prévoit que ses membres contribuent aux débats sur les évolutions de la société. Or les questions de bioéthique sont au cœur de ces évolutions. Les enjeux sont nombreux pour les familles, les personnes et plus globalement la société. La manière dont on respecte la personne humaine au niveau de la santé, cela aura des retentissements dans les entreprises : si les personnes ne comptent pas dans la société quand il s’agit de les soigner ou de prendre en charge leurs handicaps, il en sera de même au niveau managérial, l’homme n’est plus qu’un moyen. Et cette préoccupation devient aujourd’hui une urgence : tous les observateurs et médecins du travail notent une augmentation de la souffrance au travail. Cette hausse de la souffrance apparaît en grande partie liée, semble-t-il, aux modes actuels d’organisation du travail, avec la flexibilité, le travail en temps réel, les objectifs de rentabilité sans cesse surévalués et de façon déraisonnable, etc. En somme, à cause d’une économie qui oublie que sa raison d’être est le service de l’homme et pas l’inverse. Benoît XVI n’a fait que le rappeler dans sa dernière encyclique. Tout se tient : la manière dont nous considérons l’homme dans les questions de bioéthique a des incidences sur la manière dont on le considère globalement dans la vie sociale et partant dans les administrations, les entreprises.
Enfin, si la première priorité du MCC concerne les responsabilités professionnelles, associatives ou sociales, il n’oublie pas que ses membres sont aussi des familles et en cela, les questions de bioéthiques réclament notre attention.
 

Lors des universités d’été du MCC, les participants sont toujours invités à apporter leur propre contribution, comment cela s’organise-t-il concrètement ?

Lorsque les participants s’inscrivent, ils sont invités à nous signaler la manière selon laquelle ils contribueront à la réflexion du groupe. Cette dimension participative de nos universités appelle chacun à s’appuyer sur son expérience. Ainsi tel médecin pourra témoigner sur les diagnostics génétiques qu’il peut faire, tel autre membre pourra proposer la synthèse d’une de ses lectures. Les apports peuvent être très divers. Pour encadrer ce travail, nous pouvons compter sur la présence d’intervenants de qualité : le docteur Colette Raffoux, médecin biologiste et hématologiste qui connait bien la question des cellules souches, le docteur Delphine Héron, une généticienne clinique une spécialité peu connue et qui réfléchit sur sa pratique, le père Olivier de Dinechin, du département d’éthique biomédicale des Facultés jésuites de Paris et ancien membre du Comité consultatif national d’éthique et le docteur Catherine Denis, médecin qui poursuit sa formation en théologie et est assistante de Xavier Lacroix, philosophe, doyen de la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon et membre du Comité consultatif national d’éthique.
 

Que pensez-vous qu’il découlera de cette réflexion sur la bioéthique ?

Notre projet d’équipe consistera à essayer en fin de parcours de formuler quelques convictions communes. Elles seront présentées dans le numéro de septembre octobre du magazine du MCC, Responsables, avec des articles des intervenants et des participants à cette université d’été 2009. Quant à savoir si la bioéthique alimentera au cours de l’année les réflexions des équipes locales, j’ai l’espoir qu’en raison du nombre important de membres du MCC liés au monde de la santé, beaucoup éprouveront le désir de relayer ces questionnements et d’aborder d’autres sujets comme les soins palliatifs, les retraites, le vieillissement de la population, thèmes aux frontières des questions économiques, sociales et bioéthiques.

Les membres du MCC ont vocation à se saisir des questions qui touchent aux évolutions de société, en raison même de leurs responsabilités, car il s’agit d’hommes et de femmes d’action. Très engagés professionnellement, associativement et ecclésialement, ils cumulent souvent deux à trois engagements : le MCC les soutient et les aide à relire ces engagements et leur apporte des éléments de réflexion. Avec la bioéthique, nous sortons des thèmes uniquement centrés sur la vie professionnelle. Cela nous aidera peut-être à aborder d’autres sujets dont nous parlons peu au sein du mouvement, mais qui concernent finalement nombre d’entre nous.
 

Pourquoi avez-vous décidé parmi tout le champ des questions de bioéthique de centrer la réflexion sur les tests génétiques et les cellules souches embryonnaires ?

Ce sont des sujets qui d’une manière ou d’une autre nous concernent tous, directement ou non. Les tests génétiques sont proposés au cours de nombre de grossesses, ils peuvent accompagner des projets de mariage, ils sont envisagés lors de la suspicion de maladies génétiquement transmissibles (même partiellement), etc. Les cellules souches renvoient au statut de l’embryon et donc de la personne humaine, une question qui touche tout le monde. J’ai toujours en tête une histoire que m’avait racontée le professeur Roger Henrion, gynécologue obstétricien et chef de service à la maternité de Port-Royal. Lors d’une conférence durant laquelle il présentait les premières échographies d’embryon, l’une d’entre elles montrait un embryon dont les membres étaient déjà formés : il apparaissait comme complètement détendu et reposé, comme dans un transat. Voyant cela, une journaliste de la télévision s’était alors exclamée : « Mais c’est un être humain ! » Ce à quoi le professeur avait répondu : « Mais que pensiez-vous que ça pouvait être d’autre ? »

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                                                    Qu’est-ce que le MCC ?

Le Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants est un mouvement de l’Eglise catholique de France. Il rassemble des croyants catholiques et protestants, pratiquants réguliers ou en recherche au niveau de leur foi, désireux de partager sur la façon de vivre au quotidien les valeurs chrétiennes dont ils sont porteurs et de témoigner de l’Evangile au cœur des réalités économiques et sociales. Le Mouvement a pour mission d’aider ses membres à agir davantage selon l’Esprit du Christ dans tous les lieux où s’exercent leurs responsabilités, partout où s’élaborent leurs choix et se déterminent leurs décisions. Il apporte une attention privilégiée aux situations et aux responsabilités liées à la vie professionnelle, en particulier celles des cadres et dirigeants du monde économique et social. En vue de bâtir un monde plus humain, il invite ses membres à témoigner de leur espérance, en cherchant à vivre et travailler autrement et en sachant y mettre le prix. Inséré dans la société par les diverses activités de ses membres, le MCC y est aussi présent comme groupe social organisé. A ce titre et en tant que Mouvement d’Eglise, il a pour vocation de contribuer aux débats concernant les évolutions de nos sociétés, en étant particulièrement attentif aux processus d’exclusion et aux situations de pauvreté et de prendre à l’échelon local, national et international, des initiatives concrètes – paroles ou actions – qui portent témoignage de la foi qui l’inspire et et l’oriente.

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