Trois jours d’alliance avec les plus fragiles

 
« Construire des liens solides avec les plus fragiles », la formule sonne comme une stimulante provocation. Les 16, 17 et 18 octobre à Paris, l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) invite à vivre un temps de communion autour de ces experts d’humanité.

Trois journées de débats, rencontres et festivités. 5000 personnes attendues et plus de soixante intervenants. Si les conférences annuelles à l’UNESCO ont toujours un public fidèle et si, pour la venue de Benoît XVI en France, le pavillon à Lourdes a accueilli près de 21 000 personnes, c’est la première fois que l’OCH organise un événement de cette ampleur.

Se réconcilier avec notre part fragile

Depuis sa création, l’OCH est au service des personnes handicapées, de leurs familles, de leur entourage ainsi que des professionnels qui travaillent avec eux. Pour l’anniversaire des quarante ans de sa revue Ombres et Lumière, c’est pourtant le mot « fragiles » qui a été choisi. Philippe de Lachapelle, directeur de l’OCH s’en explique : « La fragilité renvoie à une réalité qui nous concerne tous à travers les âges de la vie (le bébé, le grand vieillard) comme de basculements dus au chômage, à la maladie ou à un accident. La différence, c’est que nous avons les moyens d’enfouir et de masquer cette fragilité. Les personnes handicapées la vivent, eux, de façon visible et irrémédiable. Dans notre société où il faut être fort, compétent, performant, il y a une angoisse autour de cette fragilité qu’on ne sait pas accueillir alors que nous avons à nous réconcilier avec cette part de nous-mêmes ».

Riches de l’essentiel : le don

Le contexte de crise est sans doute une chance pour se reposer des questions autour de la phrase de l’Evangile « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Math 6,21). Ainsi Philippe de Lachapelle témoigne tous les ans depuis vingt ans auprès de lycéens à Versailles. Il affirme : « Depuis deux ans, les échanges ont gagné en intensité. Les jeunes se risquent en public à entrer dans une réflexion sur la vraie richesse ».

Car c’est bien d’abord sur ce plan spirituel que se pose aujourd’hui l’enjeu de la place du handicap. Des avancées législatives et des changements de regard sont indéniables. La loi de 2005 qui invite à regarder le projet global de la personne handicapée prévoit l’égalité de droits et de chances et l’accessibilité à tous les domaines de la vie. Des problèmes à résoudre trouvent leur solution en termes de places dans des établissements spécialisés, de création de services. Au sein de l’Eglise, il y a « plus d’accueil et mieux que cela, un vrai volontarisme pour que les personnes souffrant de handicaps soient au premier rang des célébrations ».

Reste à aller plus loin. A dépasser la solidarité pour aller sur le chemin d’une vraie fraternité. Certaines affaires médiatiques à propos d’euthanasie tout comme la loi qui permet d’avorter s’il y a présomption de handicap prouvent que subsiste dans l’opinion publique cette conviction : la vie avec un handicap n’a pas de sens. Or Philippe de Lachapelle est constamment témoin du contraire. « Je pense à Antoine, dit-il, une personne polyhandicapée pesant à peine trente kilos. Les jeunes qui s’occupent de lui en le nourrissant, en le lavant ne cessent de me témoigner : ‘Antoine, il me fait du bien, il me donne vie’. Ces pauvres que sont en apparence les ‘handicapés’ sont riches de l’essentiel, le don. Par leur vulnérabilité, elles le suscitent. Non le handicap n’est pas aimable. C’est une violence, un mal, mais il est là. Il n’est pas une grâce mais un chemin de grâce en nous introduisant dans une logique de communion ».
Les 16, 17 et 18 octobre devraient offrir une formidable occasion non seulement de réfléchir à cette alliance, mais de la goûter et de la célébrer.

Voir également l’interview de Marie-Hélène Mathieu
 

Cinquante ans d’amitié
Le choix du vocabulaire est révélateur. Sur son site, l’OCH ne parle pas d’adhérents mais d’un réseau de 30 000 « amis ». Depuis 1963, c’est cette chaîne de soutien pratique, intellectuel et spirituel (par des permanences d’accueil, des aides financières, des conférences, une revue, la prière et l’Eucharistie) qui entoure les personnes souffrant de toutes formes d’handicaps (mental, psychique, sensoriel, psychique) et leurs proches. « L’association a pour but l’étude et la mise en œuvre de toute initiative susceptible de contribuer au bien, au progrès, à l’insertion familiale, sociale et ecclésiale des personnes malades ou handicapées, quels que soient leur handicap ou leurs difficultés ». Elle propose à chacun d’être l’ami de personnes qui n’ont rien à donner qu’elles-mêmes.
 
3 jours, 3 lieux
– Le vendredi 16 octobre, la journée, agréée au titre de la formation continue, est orientée vers les professionnels. Le soir, spectacle de théâtre « Cœur à Cœur ».
– Le samedi 17, la maison de la Mutualité et le Collège des Bernardins accueilleront des « grands témoins » dont Jean Vanier, fondateur de la communauté de l’Arche ; Tim Guérard, auteur de « Plus fort que la haine » ; Philippe Rouvillois, membre du Comité consultatif national d’éthique ; Jean-Guilhem Xerri, président de l’association « Aux captifs la Libération ».
La journée commencera par une messe célébrée par Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo et s’achèvera par une soirée cabaret « d’un monde à l’envers »,
-Le dimanche 18 octobre, sur le parvis de Notre-Dame, de 10h à 18h, se tiendra un « festival des fragiles solides » avec une vingtaine d’associations partenaires. A 15h, célébration eucharistique à la cathédrale avec Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris.
Inscriptions obligatoires. sur www.3joursoch.fr

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