Ombres et Lumière : « Un lieu de ressourcement spirituel »

 
« Ombres et Lumière » fête ses 40 ans. A son origine Marie-Hélène Mathieu, après avoir fondé l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) a ressenti la nécessité de l’accompagner d’une revue. Avec Jean Vanier, elle a également suscité les communautés Foi et Lumière. Elle raconte cette aventure vécue avec une passion jamais démentie et largement partagée.

Pourquoi ce titre « Ombres et lumière » ?
Des ombres, les familles d’enfants handicapés en connaissent des quantités : le choc de l’annonce suivi de celui de la naissance, la recherche d’un bon diagnostic, le poids de la culpabilité, l’angoisse de l’avenir, parfois la révolte contre Dieu, l’enfermement dans la souffrance, le fossé qui se creuse avec le voisinage et les amis puis souvent le quotidien extrêmement fatiguant des soins et des rééducations. Le choix du mot lumière (au singulier) a jailli en moi. La lumière représente le médecin compréhensif, les amis, la beauté de l’enfant, les trésors de patience et de gentillesse d’un frère ou d’une sœur et au plus profond la lumière de Jésus présent dans la personne handicapée. C’est Lui qui nous l’affirme.

Au long de ces quarante années, quel a été le rôle de la revue ?
Au départ, nous étions vraiment novateurs. Les familles étaient très isolées. Les enfants handicapés étaient souvent encore cachés ou éloignés des leurs, jusqu’en Suisse. La revue leur a permis de sortir de cette solitude. Elle a représenté pour beaucoup une bouée de sauvetage, un vrai pilier. Nous-mêmes avons été surpris du courrier reçu après la première parution en avril 1968 alors que nous n’étions qu’une poignée pour la lancer. Des parents, des amis, des professionnels, des prêtres, des personnes handicapées… ont suivi. Aujourd’hui la revue, sous la responsabilité de Marie-Vincente Puiseux, compte 15 000 abonnés et environ 75 000 lecteurs.
Au long des années, elle a permis que des initiatives voient le jour. Elle a promu le pèlerinage Foi et Lumière de 1971, fait tomber un mur lorsque le premier numéro sur les malades psychiques est paru, elle a suscité la création de foyers comme l’Arche. Aujourd’hui, les familles disposent heureusement d’équipements en plus grand nombre, et d’associations spécialisées pour les soutenir. L’Eglise s’est peu à peu ouverte à la présence et à la participation des personnes handicapées. D’autres parutions sont nées mais « Ombres et Lumière » reste unique. Elle s’adresse à toutes les personnes handicapées quelque soit leur handicap et à tout leur entourage, cela à la lumière de l’Evangile. Il n’y a pas tant de publications centrées à la fois sur une aussi grande souffrance et une non moins grande espérance.

Comment la revue joue-t-elle un rôle de soutien spirituel ?
Une maman m’a écrit un jour : « Ombres et Lumière me met le cœur à l’endroit ». Grâce à la revue, nous nous portons les uns les autres. Plus l’objectif est profond, plus on se sent porté par les attentes des personnes et aussi la rencontre de gens extraordinaires. Des monastères à qui nous confions les problèmes les plus lourds prient pour nous. En plus d’offrir une réflexion, un partage d’expériences et une amitié, « Ombres et Lumière » se veut aussi un lieu de ressourcement spirituel.

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