Le CCFD-Terre Solidaire à Copenhague

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Parce qu’un environnement dégradé accroît la pauvreté des habitants du Sud, le CCFD-Terre Solidaire est aussi concerné par le changement climatique. Il est membre de la CIDSE, un collectif d’ONGs catholiques présent au centre de conférences de Copenhague où a lieu le sommet de l’Onu sur le climat (7-18 décembre 2009). Interview d’Antoine Malafosse, délégué général du CCFD-Terre Solidaire.
 

Comment le CCFD est-il présent au sommet de Copenhague ?

Nous sommes présents à travers la CIDSE, un collectif d’ONG catholiques européennes et nord-américaines. Il a lancé depuis deux ans une campagne de plaidoyer qui s’intitule « Justice et changement climatique ». En tant que membre de la CIDSE, nous participons à cette campagne. Concrètement, nous avons une personne présente cette semaine à Copenhague, Mathilde Dupré, et je serai moi-même  à Copenhague la semaine prochaine.
 

Quel est l’objectif de la campagne ?

Ce que nous souhaitons avec la CIDSE, c’est que la voix des plus pauvres et des partenaires avec lesquels nous travaillons dans les pays du Sud soit vraiment entendue. Ceci réclame un effort très important de la part des pays du Nord parce qu’ils sont en premier lieu responsables de ce changement climatique mais aussi par souci de solidarité pour rendre ce monde plus vivable. Nous demandons l’effort financier le plus important possible de la part des pays du Nord pour aider les pays du Sud à passer le cap difficile du changement climatique. Nous demandons aussi des gestes politiques qui montrent que les dirigeants de notre planète ont pris la mesure de l’enjeu et qui puissent démontrer que c’est un problème international majeur : il faut donc agir de façon concrète aussi dans les pays du Nord avec des efforts importants dits « d’atténuation ».
 

Comment la CIDSE agit-elle pour faire connaître ses préconisations ?

La CIDSE a déjà commencé à faire du lobbying, notamment lors de la rencontre qui a eu lieu à New York en septembre 2009 sur le changement climatique, juste avant le G20. A ce sommet, la CIDSE avait envoyé une équipe de délégués composée d’ONGs du Sud, de cardinaux et d’évêques du Nord, de spécialistes. Cette délégation a pu rencontrer plusieurs dirigeants, notamment Yvo de Boer, le Secrétaire général exécutif de la Convention cadre des Nations Unies, et Manuel Barroso, président de la Commission européenne.
 

Que représente ce sommet pour vous ?

C’est quelque chose de très important. Le fait même qu’il ait lieu est très positif. Cela veut dire que nos dirigeants se sont saisis du problème. On aimerait qu’ils aillent jusqu’au bout de la logique: que ce sommet ne soit pas un coup d’épée dans l’eau mais qu’ils manifestent une volonté politique d’inverser le cours des choses, qu’ils ne donnent pas seulement une aumône aux pays du Sud mais qu’ils impulsent un changement politique pour des modes de vie au Nord moins consommateurs de gaz à effet de serre et que les pays du Sud soient plus aidés pour sortir de leur pauvreté. Mon but est d’aller représenter le CCFD et la CIDSE, de faire valoir notre point de vue à travers la campagne et bien sûr de rencontrer notamment des représentants de la délégation française.
 

Quel rôle les chrétiens et les Eglises peuvent-ils jouer ?

Tout homme de bonne volonté est concerné par ce problème. Notre objectif premier est de servir le bien commun et à l’évidence, l’environnement en fait partie. C’est un combat qui pour nous n’est pas nouveau, puisque nous le menons depuis bientôt 50 ans en s’attaquant aux causes de l’extrême pauvreté. Le changement climatique vient s’y ajouter. Tout est corrélé. Les crises alimentaires, économiques, financières et environnementales ne sont en fait les facettes que d’une crise unique, mondiale. Pour proposer et mettre en œuvre des solutions, la responsabilité des Eglises est très importante. L’Eglise parle aux individus. Elle se doit d’imprimer un sens moral au comportement des gens. Il ne suffit pas de laisser l’Etat tout faire ou de dire que c’est le travail des politiciens de prendre les bonnes mesures qui s’imposent. C’est à chacun d’entreprendre une démarche individuelle et même collective localement. Qu’est-ce que nous, paroissiens, pouvons faire pour que cela change ?
 
La CIDSE, Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité
Elle rassemble 16 organisations catholiques de développement d’Europe et d’Amérique du Nord partageant une vision commune en matière d’éradication de la pauvreté et de justice sociale, ainsi qu’une stratégie commune de programmes de développement, d’éducation au développement et de plaidoyer. Ses actions de plaidoyer couvrent le commerce et la sécurité alimentaire, les ressources allouées au développement, la gouvernance mondiale ainsi que la politique de développement de l’Union européenne.

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