Toulouse parie sur la fraternité des peuples

Le 17 janvier, journée mondiale du migrant et du réfugié, l’Eglise de Haute-Garonne vivra sa 22e « Fête des peuples ». L’occasion, en plein débat sur l’identité nationale, de rappeler que celle du peuple de Dieu est pluriculturelle.
Le hall 8 du parc des expositions de Toulouse aura des airs de village mondial. 1600 personnes de plus de cinquante nationalités partageront richesses culinaires, artistiques, humaines et spirituelles. Sœur Marie-Joseph a connu les débuts, lorsque le Service diocésain de la coopération missionnaire invitait quelques communautés des Etats d’Afrique à fêter l’Epiphanie. Chacune, constate-t-elle, continue d’apprécier ce moment « où elle peut être elle-même et où on lui donne la chance d’exprimer sa foi dans sa liturgie ». Des passerelles se créent. Ainsi, les Africains ont désormais une chorale inter pays. Quant à la procession des offrandes, elle sera conduite par la Côté d’Ivoire et par le Congo. Les liens créés perdurent, les uns ou les autres participant, par exemple, au pèlerinage marial des Polonais en juin.

Du côté des doyennés qui ont en charge la co-organisation (cette année celui de Muret) « les gens donnent vraiment de leur temps et de leur personne. Ils n’ont pas peur de créer, de perfectionner. Ils vivent l’événement comme une chance unique d’ouverture. Quelque chose passe vraiment : une solidarité, une fraternité ».

Relier Bible et droit

« Les migrants sont des humains comme les autres, vivent des moments de bonheur et de grandes souffrances, ont des enfants en situation de migration. C’est une manière de se rencontrer en humanité et d’oublier nos problèmes », témoigne Cécile Ntoutoume, gabonaise. Elle vivra la « co-célébration » de la fête des peuples et de la journée mondiale du migrant avec d’autant plus d’intensité qu’elle est devenue responsable de la pastorale des migrants. Et que cette 96e édition porte sur la situation inquiétante du migrant et du réfugié mineur. « C’est le moment où jamais, s’exclame-t-elle, de remercier la France terre d’accueil. Mais c’est aussi un clignotant sur les violations des droits de l’Homme. L’Eglise est souvent traitée de naïve lorsqu’elle aborde ces questions. Au contraire, elle est réaliste. Elle est dans la vraie vie car elle arrive à relier la Bible et le droit. Cette journée lui permet de retrouver ses valeurs fondamentales et envoyer aux gens un message qui les touche en plein cœur. »

Tous migrants ?

Cette année, groupes d’action catholique, catéchistes, écoles privées, immigrés et paroissiens ont travaillé sur un questionnaire « Ensemble, en chemin : tous migrants ?». « Nous sommes agréablement surpris. On sollicite moins l’étranger en tant que tel. Tout le monde se sent sur un même pied d’égalité », commente le père François André, de la pastorale des migrants. Un « recueil des chemins de vie » sera présenté le 17 janvier.

Saluant ce « beau travail de préparation », l’archevêque, Mgr Robert Le Gall témoigne « se réjouir » de participer à cette « manifestation du Seigneur dans la diversité de nos cultures » dont il présidera la messe du matin. Il en souligne son aspect d’abord « joyeux, même si des questions sont posées par rapport à la justice et à des soucis particuliers dans le contexte actuel ».

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