« Défis et contrastes du sport », un billet sur les J.O. par Mgr Dupleix

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Une réflexion de Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la Conférence des Evêques de France, à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver (Canada), du 12 au 28 février 2010.
La concomitance de plusieurs grands événements sportifs nous conduit à ne pas oublier que – nonobstant les affaires qui peuvent, comme ailleurs, marquer ce domaine – quelque chose d’important se joue là, où s’exprime paradoxalement une autre forme de la paix.

L’éminence des Jeux Olympiques d’hiver aura bien sûr marqué et dominé ces semaines de février. On peut le comprendre, puisqu’il y a dans les deux grands temps de cette manifestation une concentration unique de tout ce que le sport peut offrir, autant dans la variété de ses formes que dans ses défis et ses contrastes.

La variété s’impose par l’apparition régulière de sports nouveaux. Le défi est évident par les records et les limites constamment repoussées. Quant aux contrastes, ils n’échappent à personne. Entre les figures aériennes de nos patineurs sur glace ou de nos skieurs en grande descente et les mêlées massives des matches de rugby, il y a contraste. Contraste entre les laborieuses et gratuites préparations de nos sportifs amateurs et les sommes faramineuses engagées par les clubs de haut niveau. Contraste aussi entre l’effort douloureux consenti et le dopage. Et pourtant le défi demeure…

Le plus grand de ces défis est, d’ailleurs, indissociable d’un contraste : ces jeux sont des combats mais ces combats peuvent être au service de la paix… Ce que la politique, les lois implacables de l’économie mondiale et même les religions ont tant de mal à accomplir, le sport dans sa dimension la plus noble serait-il capable de le réaliser à sa manière ? Véritable instrument de paix et de dialogue entre les peuples, malgré les dérives qu’il peut engendrer, il est encore l’une des rares institutions dont l’immense colombe dessinée devant nos yeux peut être le signe.

Les sportifs – que les puristes me pardonnent ces audacieux propos – auraient-ils en commun avec les artistes de semer, dans nos sociétés fragilisées et inquiètes, quelques graines d’espoir et de confiance en l’avenir ? L’humanité ne peut se réduire à un jeu d’échecs ou à un seul champ de ressources que se partagent, sans état d’âme, les puissants de ce monde. La volonté de s’unir pour aller plus loin et plus haut, pour conserver le goût de vivre, n’est pas que du seul registre du rêve. Certains domaines, communs à tous les peuples, ont une réelle force symbolique qui garde à notre Terre ses vraies ressources de solidarité, d’amour et de réconciliation.

L’un de ces domaines reste encore, et de façon privilégiée, le sport.

Mgr André Dupleix
Secrétaire général adjoint de la Conférence des Evêques de France