Deux années de travail auront été nécessaires au groupe de travail conduit par Pierre Benoît avant la publication de ce numéro de Documents épiscopats consacré aux « Musiques actuelles chrétiennes ». Que trouve-t-on derrière cette notion que l’on évoque plus communément sous le sigle MAC? D’abord des noms, des musiciens, des groupes : Glorious, Aquero, Totus, Spear Hit, Exo, Carmenz… Autant d’artistes chrétiens que le groupe de travail s’est attaché à rencontrer et à discerner. Pour celui-ci, le terme MAC désigne ainsi la musique actuelle produite avec une intention explicitement chrétienne. Surtout, le groupe de travail distingue les différents usages qui en sont faits. Il en dénombre quatre : une utilisation pour un témoignage chrétien via des spectacles ; dans la louange ; dans les paraliturgies et assemblées de prière ; dans la liturgie. « On recense en France un certain nombre de groupes, entre 50 et 100, dont quelque uns ont une grande maîtrise scénique, remarque Pierre Benoît. Beaucoup voudraient servir auprès des jeunes dans une mission d’Église. Avec ce document, notre souhait est de prendre conscience de l’existence et de la richesse de ces musiques actuelles chrétiennes. »
 

Ce Documents épiscopat a été initié par le Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes. « Le projet est parti d’une réflexion le lien entre les jeunes et la liturgie, et l’expérience liturgique que peuvent faire les jeunes dans l’Église, explique Mgr Benoît Rivière, son président. On a constaté que souvent la musique y avait une place très importante pour les jeunes générations. Nous avons donc porté notre attention sur ces groupes qui se positionnent comme chrétiens et veulent transmettre un message chrétien. » Ces MAC sont-elles dignes d’intérêt ? Permettent-elles aux jeunes d’approfondir leur rapport au Christ ? A quelles conditions certaines peuvent-elles être appelées musiques chrétiennes ? Ce Documents épiscopat consacré aux « Musiques actuelles chrétiennes » a une visée pastorale. Il veut ainsi aider les évêques et plus largement les responsables et les animateurs de jeunes soucieux de l’implication de la musique dans l’expérience spirituelle à y voir plus clair. « Le rapport au silence et la liberté qui est rendue possible sont des critères de justesse de l’expérience spirituelle présents dans les MAC, souligne Pierre Benoît. Derrière l’intérêt porté aux musiques actuelles chrétiennes se joue aussi une réconciliation avec cette culture rock qui porte le corps dans ce qu’il a d’archaïque. Dieu rejoint le corps sous cet aspect le plus archaïque, l’appelle et le transforme. L’évangélisation se réalise par ce biais et aussi par tout ce qui passe par l’émotion. Les MAC sont une pulsation créatrice d’intériorité. »
Dans une dernière partie, le groupe de travail propose un ensemble de propositions pour prendre en compte ces musiques actuelles chrétiennes. « La problématique va au-delà de la question liturgique, souligne Mgr Rivière. Il s’agit de la sollicitude de l’Église envers un univers culturel nouveau qui anime chez beaucoup de jeunes leur rapport au monde. Nous voulons aussi permettre à une génération de jeunes créateurs de se sentir membre de la maison Église. Le rapprochement entre deux univers différent me paraît intéressant pour qu’une génération ne se sente pas en total décalage. »