Facebook, Twitter… les jeunes et l’Eglise

snejse_facebook

Se former et réfléchir aux enjeux des réseaux sociaux sur Internet, tel était le thème de la rencontre qui rassemblait 165 acteurs de la pastorale des jeunes, le 20 mai 2010 , à la maison de la Conférence des évêques de France, à Paris.

Adressée aux acteurs de la pastorale des jeunes, des services diocésains des vocations, des aumôneries de l’enseignement public et étudiantes, l’invitation a suscité un réel enthousiasme, au-delà même de la capacité d’accueil de la rencontre.
Organisée par le Service National pour l’Evangélisation des Jeunes de la Conférence des évêques de France, la journée proposait aux participants de découvrir les nouveaux usages d’Internet, notamment les réseaux sociaux, et de progresser dans la connaissance et la pratique de ces outils numériques, tout en apportant un éclairage sur les conséquences anthropologiques et ecclésiologiques et les défis pastoraux de cette véritable révolution numérique.

« Nous souhaitions apporter quelques repères d’utilisation des réseaux sociaux dans nos pratiques pastorales alors que les questions sont multiples avec l’apparition d’une nouvelle culture et d’un nouveau langage : faut-il être présent et de quelle façon ? Comment annoncer le Christ dans ce nouvel univers ? Comment aider les jeunes à avoir des repères de discernement ? », précise Sr Nathalie Becquart, xavière, directrice adjointe du Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pilote de l’équipe organisatrice de cette journée.
 

En France, trois quarts des 13-18 ans sont sur Facebook

Alors que les jeunes ont massivement investi les réseaux sociaux (les ¾ des jeunes français de 13-18 ans ont un profil sur Facebook), la question de la présence de l’Eglise dans cet univers est en effet essentielle. « Or, selon une enquête réalisée au préalable auprès des participants, la moitié déclarait ne pas connaître l’univers des réseaux sociaux, souligne Sr Nathalie Becquart. D’où l’enjeu de cette rencontre afin que chacun, à partir de là où il en est, puisse appréhender les transformations à l’œuvre, partager son expérience et réfléchir sur la pertinence et les modalités d’une présence d’Eglise dans une attitude d’écoute, de dialogue et d’inculturation ».

La matinée a permis de brosser les grands enjeux ouverts par l’émergence du continent Internet avec une intervention à deux voix : celles du frère Eric Salobir, op, responsable de l’unité des programmes Internet au Jour du Seigneur et d’Aymeric Christensen, blogueur et responsable du site Internet des jeunes de la Communauté de l’Emmanuel. Force est de constater que les interactions sont nombreuses entre ce monde numérique et le monde réel. Internet séduit notamment les jeunes « parce que tout le monde y est, pour ne pas être oublié et parce qu’Internet procure un sentiment de proximité tout en restant invisible… ».
 

Mesurer le virtuel par le réel

Frère Thomas Joachim, Prieur de la Communauté Saint Jean, a apporté un éclairage philosophique sur la relation construite sur Internet : comment garder la singularité de la relation sur Internet alors même que ce lieu est désincarné ?
« Internet ne s’oppose pas au réel si l’objet n’est pas supprimé. Se faire des amis, garder le contact, retrouver les copains d’avant, c’est possible si l’objet de cette relation subsiste », a-t-il souligné. Le succès de Facebook s’explique comme un signe du besoin universel de présence à l’autre.

Fr Thomas Joachim a également présenté les garde-fous qui lui semblent indispensables au développement de ces nouvelles relations numériques : « L’internaute aura à mesurer constamment le virtuel par le réel pour ne pas se laisser entraîner dans la séduction. L’ascèse et la contemplation de Jésus-Christ notamment dans l’Eucharistie permettra à l’internaute de se laisser rééduquer par la Présence Réelle ».

Concluant la rencontre, Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun et président du conseil épiscopal pour l’évangélisation des jeunes, s’est félicité de voir que « ce qui paraissait une forêt vierge était désormais plus praticable ».

Alors qu’« avec Internet, le savoir s’inverse », le Père Eric Poinsot, directeur du Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et du Service National des Vocations, a résolument invité les participants à développer une créativité et une collaboration fructueuse et confiante avec les jeunes, pour relever les défis d’une présence pastorale pertinente sur les réseaux sociaux.
 

Verbatim

Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, Président du Conseil épiscopal pour la pastorale des jeunes (au centre sur la photo)
« Je suis heureux des liens qui se tissent entre les différents acteurs de la pastorale des jeunes en France car l’Eglise est parfois démunie pour développer les relations au Christ. Par ailleurs, cette formation est dispensée par des experts ce qui démystifie Internet et encourage tous les acteurs locaux de la Pastorale à être présent, sans peur, devant cet outil.»

Jacqueline Jauch, responsable diocésaine de la pastorale des jeunes à Montpellier

« Notre objectif est de créer un site pastorale jeune tout en maîtrisant les risques, de développer un réseau, de tisser des liens et des passerelles entre étudiants, lycéens, animateurs et entre eux bien sûr! L’idée de créer un groupe sur Facebook est intéressante car si nous ne le faisons pas d’autres le feront pour nous. C’est important de créer un réseau reconnu comme tel et non laissé à l’initiative d’ individus isolés ».

Frère Thomas Joachim, Prieur de la Communauté Saint Jean (à droite sur la photo)
« Est-il donc envisageable de garder une vraie relation, une amitié réelle au milieu de l’anonymat et du brouhaha ambiant ? Cet anonymat, n’est ni du réel brut, ni du pur néant mais de l’intentionnel. Sur internet, les internautes sont au seuil et non pas à la porte. Ils communiquent par des modes d’intention, ils sont avec les autres et non pas auprès des autres »

Sur le même thème