La Savoie fête son rattachement à la France au son des cloches

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En 1860 comme aujourd’hui, l’Eglise est au cœur de ce qui vivent les habitants de Savoie. Pour Mgr Philippe Ballot, archevêque de Chambéry, la commémoration de cet événement fondateur, célébré le 12 juin 2010, est une invitation à poursuivre la construction européenne et un témoignage de l’ouverture des Savoyards à la France et au monde.

Que célèbre-t-on le 12 juin 2010 ?

Il y a 150 ans, la Savoie, la Haute-Savoie et le comté de Nice étaient rattachés à la France. Ils quittaient de royaume de Piémont-Sardaigne, à la suite d’un accord entre le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II, et Napoléon III. Ce traité a été plébiscité par la population qui l’a voté à plus de 90%.
 

Quel rapport avec l’Eglise catholique ?

Comme c’est sa vocation depuis toujours, l’Eglise, « experte en humanité », comme le dit le pape Paul VI, s’intéresse à ce que vivent les gens. Et comme le dit le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes (paragraphe 1), les joies et les peines des hommes sont les joies et les peines de l’Eglise. En 1860, l’Eglise n’a pas été indifférente à l’avenir de la population : elle a poussé vers le « oui ».
En 1910, on a fêté les 50 ans du rattachement dans une période un peu tendue car c’était l’époque de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Puis on l’a fêté en 1960. Ce rattachement, en Savoie, est vécu comme un événement fondateur, qu’on l’appelle « annexion », « réunion » ou « union ». Qu’en 2010 la Savoie redise son attachement à la France a du sens. La ville de Chambéry a souhaité que, comme en 1960, toutes les églises de Savoie et de France sonnent les cloches.
 

Quel sens donner à cette commémoration aujourd’hui et pourquoi faire sonner les cloches ?

Comme toute commémoration d’un événement historique, elle n’est intéressante que pour ce que l’événement peut dire à notre temps. Un exemple : les célébrations du 11 novembre ne sont pas seulement un hommage aux morts, elles nous interrogent sur comment construire la paix aujourd’hui. En 2010, cette commémoration partagée par toute la France signifie que ce rattachement, pour lequel un peuple a donné son accord, nous invite à poursuivre la construction européenne et plus largement, à contribuer à des rapprochements qui se fassent sous forme d’accords plutôt que par la guerre. Par ailleurs, la Savoie est un département qui accueille plus de 5 millions de touristes, de France et du monde entier, en hiver comme en été. Sa population double. C’est dire les capacités d’accueil des Savoyards. C’est une manière concrète de dire à la France : « En Savoie, vous êtes chez vous ». Ce rattachement n’est pas simplement un morceau de territoire en plus mais une population qui s’est ouverte à la France et au monde. Il y a cette dimension de fraternité entre des peuples qui se rejoignent. De même qu’en 1860 l’Eglise a partagé cet événement historique, elle rappelle aujourd’hui qu’elle est proche de ce que vivent les populations. Si toute la France veut bien s’associer à cette joie et à ce message en sonnant les cloches des églises, ce sera très bien. Cela montre que ce qui se vit quelque part en France peut être porté par toute la Nation.
 

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