10 000 pèlerins au Puy en Velay pour l’Assomption

A l’occasion de l’Assomption, la ville du Puy-en-Velay a fêté les 150 ans de la statue de la Vierge Marie qui domine la ville.
Du 13 au 15 août, colloque, spectacle marial et catéchèses se sont succédé. Près de 10 000 personnes ont assisté à la messe présidée par le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, et près du double ont suivi la procession de la Vierge noire.

Comme le souligne le P.B.Planche, sur le site internet du diocèse du Puy en Velay, si la foule était présente, ce qui s’est passé dans les cœurs est non moins important.
« Ce qui s’est vécu a été intense. Comment traduire la ferveur des prières, en particulier lors de la procession aux flambeaux quand la nuit et les bougies transfigurent la ville et ceux qui la traversaient ? Comment rapporter la convivialité qui s’était installée dans le parc Henri-Vinay pendant le temps du pique-nique ? Comment rendre compte de l’intérêt suscité par les enseignements proposés par les évêques ? Avec quels mots partager l’émotion du samedi soir, sur les marches de la cathédrale, quand la foule reprenait la mélodie méditative jouée à la flute que la sonorisation lui proposait ? Quels mots encore pour rendre l’enthousiasme, à l’issue de la procession de l’Assomption, quand les applaudissements crépitèrent au passage de la Vierge Noire ? »

Commentant dans son homélie la 1ère lecture sur la vision de l’Apocalypse, le cardinal André Vingt-Trois a invité les pèlerins présents à s’interroger sur la manière dont leur foi au Christ peut transformer leur vie, la rendre plus belle et plus fructueuse et sur la manière d’être chrétien aujourd’hui en France.
En conclusion de son homélie, il a appelé « à élargir l’horizon de nos esprits et de nos cœurs aux dimensions, sans mesure, de l’amour de Dieu« .

« Ne nous laissons pas prendre dans le piège des tourbillons médiatiques qui se développent sur eux-mêmes et deviennent une sorte de réalité virtuelle. Ne nous laissons pas enfermer dans une société pharisienne où les procureurs se multiplient à l’envi Ne nous laissons pas glisser doucement dans les délires d’une surenchère de violence verbale ou physique. Laissons l’amour de Dieu dilater nos coeurs aux dimensions de l’humanité. Apprenons du Christ à nous faire le prochain de l’homme qui voit sa vie se perdre au bord des chemins de l’histoire et faisons-nous proches de lui plutôt que de vouloir l’éloigner et le séparer de nous-mêmes et de notre société. »

 

Extraits de l’homélie du cardinal André Vingt-Trois

« Notre communion dans l’amour du Christ nous appelle et nous incite à chercher comment réorienter sans cesse notre vie selon l’amour, l’amour de Dieu et l’amour de nos frères. Comment être chrétien aujourd’hui en France en 2010 ? Permettez-moi de vous suggérer quelques questions pour éclairer votre réponse à cette question.

Dans notre vie personnelle, qu’est-ce qui compte le plus ? Pourquoi sommes-nous réellement prêts à des sacrifices ou à des combats ? Comment situer l’argent, la sécurité financière et les droits sociaux par rapport aux impératifs du service, de la solidarité et du partage ? Comment s’exprime notre foi chrétienne, quelle est la place de la prière personnelle, de la participation à l’Eucharistie dominicale et à la vie de notre Eglise ?

Dans notre vie familiale, comment assumons-nous les engagements que nous prenons ; les engagements conjugaux et les engagements parentaux ? Comment notre fidélité nourrit-elle la confiance dans la parole donnée. Sans cette confiance, il n’y a plus de société civilisée possible. Il ne peut rester qu’une société procédurière marquée par l’inflation des lois et des poursuites. Comment les jeunes de nos familles pourraient-ils envisager sereinement leur avenir s’il n’y a plus d’engagements qui tiennent ?

Dans notre vie sociale, pouvons-nous prendre notre parti de l’écart croissant entre les citoyens qui jouissent de la sécurité des droits sociaux et ceux qui sont lentement marginalisés et poussés à l’exclusion ? De quel prix payons-nous nos sécurités ? Ou plutôt à qui les faisons-nous payer ? Comment supporter que le débat politique se dévalue dans une surenchère d’invectives sur les questions les plus graves ? Comment accepter que nos médias se laissent enfermer dans cette logique du spectacle, quand ce n’est pas du cirque, alors que de grandes questions s’imposent à l’humanité entière ? L’avenir de l’humanité de se réduit ni au Mondial de foot, ni au Tour de France, ni à l’exposition complaisante des déchirements provoqués par l’argent et les séductions qu’il entraîne. Pourquoi si peu d’informations sur les morts du Pakistan, la famine du Niger qui touche plusieurs millions d’habitants, et tant de conflits armés dans le monde ? Pourquoi si peu d’informations sur les jeunes volontaires qui partent pendant plusieurs années mettre leurs capacités au service des pays en voie de développement ? Pourquoi ne rien dire des milliers d’immigrés, étrangers ou français, grâce auxquels les tâches les plus ingrates de notre société sont assumées ?

Si je vous propose ces quelques questions, ce n’est pas pour assombrir notre fête, au contraire. C’est pour élargir l’horizon de nos esprits et de nos cœurs aux dimensions, sans mesure, de l’amour de Dieu. Ne nous l pas prendre dans le piège des tourbillons médiatiques qui se développent sur eux-mêmes et deviennent une sorte de réalité virtuelle f Ne nous laissons pas enfermer dans une société pharisienne oû les procureurs se multiplient à l’envi Ne nous laissons pas glisser doucement dans les délires d’une surenchère de violence verbale ou physique. Laissons l’amour de Dieu dilater nos coeurs aux dimensions de l’humanité. Apprenons du Christ à nous faire le prochain de l’homme qui voit sa vie se perdre au bord des chemins de l’histoire et faisons-nous proches de lui plutôt que de vouloir l’éloigner et le séparer de nous-mêmes et de notre société.

Lire l’intégralité de l’homélie

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