Les migrants au cœur des Semaines Sociales 2010

Sociologues, historiens, parlementaires, hommes d’Église et acteurs de terrain interviendront lors de la prochaine session annuelle des Semaines Sociales de France. Elle se tient du 26 au 28 novembre 2010 au Parc floral de Paris et propose une réflexion sur le fait migratoire. Rencontre avec Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales de France.
 

Comment le thème de cette 85ème Semaine sociale de France « Migrants, un avenir à construire ensemble » a-t-il été choisi ?

C’est une demande des participants aux sessions précédentes. En 2008, nous avions proposé une série de sujets dont un sur la place des migrants dans notre société, à côté d’autres sur le travail ou la crise. L’an dernier, la demande d’une réflexion sur les migrants a été confirmée. La vox populi a orienté notre travail, bien avant que les questions liées à la loi sur l’immigration ou aux Roms soient sous les feux de l’actualité. Nous avions déjà abordé ce thème en 1997. En l’espace de quatorze ans, la fracture à l’intérieur de la société autour de la question de l’accueil, de l’hospitalité, de l’intégration en lien avec celle identitaire et sociale s’est durcie et tendue. Raison de plus pour ne pas éluder ce débat qui est inscrit dans la doctrine sociale de l’Église.
 

Comment les Églises et l’Église catholique en France contribuent-elles à la réflexion ?

La session est placée sous le signe de l’œcuménisme. C’est un thème qui touche à la famille, un thème chrétien. Un thème sur lequel les politiques avouent une certaine impuissance à tenir un discours constructif et tourné vers l’avenir à l’opinion. En Europe, avec la vague xénophobe, craintes et repli sur soi influencent les partis majoritaires. L’Église doit se faire entendre et donner du courage à la politique ! Nous voyons bien que nous avons besoin des immigrés et qu’ils tiennent une place importante dans nos sociétés. Mais ces arguments objectifs n’arrivent pas à toucher les cœurs. La dimension symbolique est profonde. Elle renvoie chacun à ses propres représentations quant à l’avenir, à sa place dans la société, etc. Elle pose la question de l’altérité et de la façon dont on puise les ressources d’une confiance en soi pour communiquer avec les autres. La contribution de l’Église catholique, le courage des évêques et du pape sont irremplaçables, heureuses et nécessaires.
 

Quels sont les enjeux d’un tel débat ?

Nous rencontrons directement les soucis, la peur, le sentiment d’injustice de nos concitoyens, ainsi que des divisions à l’intérieur du peuple chrétien. De nombreux catholiques pratiquants ne sont pas d’accord avec l’attitude du magistère. Des divisions sont nettement apparues sur le dossier des Roms. Une partie d’entre eux se sent enfermée dans un discours qu’elle juge moralisateur. Comment vivre les principes fondamentaux, l’attitude d’hospitalité et de respect, quand on se sent menacé, déstabilisé dans sa propre identité ? Nous essayerons d’entendre différents points de vue, d’amener chacun à faire un chemin pour dépasser son statut personnel et pour entrer dans une voie de discernement. Il s’agit de se situer soi-même par rapport à des enjeux plus vastes. Nous essayerons de faire la part des choses. Il est des excès que nous condamnons, non seulement en tant que chrétiens mais aussi comme républicains français. Nous ne voulons pas nous en tenir aux généralités mais discerner dans l’esprit. Nous ferons appel aux arguments de la raison, avec des experts et des responsables politiques, et aux arguments indiscutables du cœur et de la foi, avec la parole des migrants eux-mêmes. Cette session 2010 est marquée par l’actualité politique, nous nous adapterons à l’évolution des débats déjà vifs sur la loi et les droits des étrangers en France. Nous souhaitons que chaque participant vive ces trois jours comme un temps de formation et aussi comme une expérience spirituelle avec des temps de prière, de célébration et de rencontres fraternelles.
 

semaines_sociales_2010

Au Programme

Vendredi 26 novembre
« L’immigration : perceptions, constats, enjeux. Du ressenti à la mesure objective » : Prologue avec des personnalités politiques, civiles et religieuses, notamment le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France Jean-Charles Tenreire, président de l’Église réformée pour l’Île-de-France et Mgr Gabriel de Comane, archevêque des Églises Orthodoxes Russes en Europe occidentale
« Paroles de migrants, diversité de parcours ». Rencontres avec des groupes de migrants en France. Temps d’échange commun puis par petits groupes.

Samedi 27 novembre
« L’intégration : entre réalités et modèles »

Dimanche 28 novembre
Rassemblement œcuménique et célébration des 70 ans de la Cimade
« Le rapport Nord-Sud : élargir le regard » : Intervention de Jean-Michel Severino, ancien directeur du développement auprès du ministère de la Coopération et du développement et ancien directeur général de l’Agence française de développement (AFD)

À noter : 150 jeunes de 18-30 ans venus de toute l’Europe sont attendus. Des temps de rencontres particuliers leur seront réservés pour vivre concrètement l’interculture et faire connaissance avec des personnes engagées auprès des migrants. Un lieu de prière sera ouvert tout au long de la session., animé par  les Frères de Taizé.

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