La fragilité de la famille est source de précarité

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Annette Cordin, administratrice et responsable du secteur éducation à la confédération nationale des associations familiales catholiques (AFC) a participé à la rencontre sur « Précarité et protection des droits de l’enfant ». Les débats étaient organisés par la Défenseure des enfants, l’institution de l’Etat chargée de défendre et de promouvoir les droits de l’enfant, les 30 septembre et 1er octobre 2010.
 

Que retenez-vous de ces rencontres ?

Pendant ces deux jours, la parole a été donnée à des acteurs d’horizons divers, y compris chrétiens. Les débats ont permis d’assister à un consensus sur le rôle des parents et de la famille. Tous les intervenants sont d’accord sur la responsabilité essentielle de la famille. Nous avons regretté le manque de volonté politique pour mener un travail de fond. Il faut toujours agir dans l’urgence alors que nous souhaiterions privilégier la prévention.
 

Les débats portaient sur la précarité et sur ses différentes conséquences : logement, vie quotidienne des enfants, parcours scolaire… Quelle est l’origine de cette précarité ?

L’une des principales raisons de la précarité vient de la fragilité de la famille. Lorsque celle-ci est mise à mal, on est confronté à des divorces, des femmes seules, etc. Les plus pauvres sont souvent les familles monoparentales, et très souvent celles où il n’y a pas mariage. On estime à 37% le taux de pauvreté dans les familles monoparentales alors qu’il est de 13% dans les familles constituées de deux parents. Le non mariage, au sens d’union physique, intellectuelle et stable d’un homme et d’une femme, a un coût exorbitant. Ces différents effets sociaux, économiques, politiques conditionnent la société. Pour les enfants, les répercussions se révèlent au moment de la scolarité (échec scolaire, absentéisme) ou dans le quotidien. Ils vivent dans un logement où ils n’ont pas de coin réservé. La rue est souvent une échappatoire pour fuir un logement inhabitable. Ces enfants n’ont généralement pas de père, leur mère n’arrive pas à faire face. Ils portent sur leurs épaules un lourd poids et vivent une situation qu’ils peuvent à leur tour réitérer.
 

Quelle est, selon vous, la réponse à apporter à ce problème ?

Il faut accompagner les couples dans la durée par une préparation au mariage, et donner une éducation affective et sexuelle. Les familles monoparentales le sont par décision ou par circonstances. Mieux formés, les femmes seraient peut-être moins enclines à faire ce choix et les hommes peut-être moins prompts à l’abandon. Par ailleurs, la sexualité telle qu’elle est présentée dans le monde contemporain fragilise la famille. La sexualité n’est pas responsable : les pères n’assument pas leur rôle et il n’y a pas d’engagement dans une vie de couple. L’éducation des jeunes à une sexualité responsable permettra de lutter contre cette précarité. Cette dernière est aussi entretenue par un manque de repères cohérents. Au nom de la liberté, on va peut-être détruire la valeur de la responsabilité. Je me retrouve ainsi dans cette proposition du philosophe Patrick Viveret, présent à la rencontre : « Au lieu de vivre avec ce couple excitation-dépression, il y a un autre couple possible à créer par l’éducation : intensité-sérénité. Il faut accepter de ne pas tout vivre mais ce que je vis, je le vis intensément. Si je veux tout vivre, l’autre est un compétiteur permanent sinon il est un compagnon de route. »
 

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Les chantiers éducation

Depuis une vingtaine d’années, la confédération nationale des associations familiales catholiques met en place des groupes de paroles ouverts aux familles quelles qu’elles soient. Ces « chantiers-éducation » constituent un lieu de partage d’expériences. « Ce n’est pas un endroit où l’on donne les bonnes recettes, souligne Annette Cordin. Il n’existe pas de parent parfait. Chaque famille avec son expérience, celle des autres, construit sa manière de faire en termes d’éducation. »

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