Un frère au service des immigrés à Paris
Malgré tout, quand nous parlons de l’accueil de l’étranger dans certains quartiers sensibles, le message ne passe pas très bien. Pourquoi ? La pauvreté se concentre principalement sur les étrangers qui ont du mal à trouver des emplois dès qu’ils sont repérés venant de ces quartiers stigmatisés. Le manque d’argent amène de petites minorités à commettre des exactions qui provoquent des phénomènes de rejet. Malgré les difficultés, l’accueil de l’étranger reste une exigence fondamentale inscrite dans l’esprit de la Charte des Droits de l’Homme et à plus forte raison pour les croyants. Aucune loi ne peut nous amener à mépriser l’étranger et à renier notre foi. Tant pis pour les « délits de solidarité ».
Mise en scène de la lettre de Saint Paul à Philémon
Au premier siècle, les chrétiens éprouvaient aussi des difficultés pour accueillir des nouveaux baptisés en dehors des normes de la religion juive. Au « Réseau Chrétien Immigrés », nous avons imaginé la dureté des débats entre chrétiens, quand Saint Paul protégeait l’esclave Onésime et demandait dans sa lettre à son ami Philémon d’accueillir l’ancien esclave comme un frère. Cela n’allait pas de soi. Une mise en scène a été réalisée pour susciter des débats concernant l’accueil des étrangers aujourd’hui : à Boulogne-Billancourt samedi 15 janvier et à Saint-Hyppolite, dans le 13ème arrondissement de Paris, le dimanche 16 janvier, nous présenterons ce petit spectacle dans le cadre de la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié.
De même, à la paroisse Notre-Dame du Rosaire à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis, la communauté chrétienne avec les Fils de la Charité, accueillera des groupes de Roms : repas partagé, exposition de photos, témoignages de Roms et de ceux qui les accueillent… C’est l’accueil qui tranche avec tout ce que ces familles ont subi comme humiliations en France durant l’été dernier.
Au cours de la prière eucharistique de la réconciliation nous affirmons : « Daigne rassembler un jour les hommes de tout pays et de toute langue, de toute race et de toute culture, au banquet de ton Royaume, alors nous pourrons célébrer l’unité enfin accomplie et la paix définitivement acquise… » Au moins pour les
chrétiens, c’est une provocation à mettre nos paroles en conformité avec nos actes.
Jean Guellerin, Fils de la Charité
Extrait des « Nouvelles des Fils de la Charité » N°101 – Janvier 2011