Rencontre nationale du Relais d’amitié et de prière 2011

jean-charles_thomas

Association de soutien aux familles et amis de personnes souffrant de maladies psychiques, le Relais d’amitié et de prière organise sa journée nationale le 19 février 2011 à Paris, sur le thème : « Souffrance psychique d’un proche, épreuve ou conversion pour la famille ». Interview de son conseiller spirituel, Mgr Jean-Charles Thomas, évêque émérite de Versailles.
 

Comment avez-vous abordé l’univers de la maladie psychique ?

Il m’a fallu plusieurs années pour commencer à entrevoir l’univers de la maladie psychique. Univers généralement invisible: la personne atteinte de troubles psychiques ayant souvent le visage de tout le monde. Univers variable: le trouble psychique ne se manifestant pas de façon permanente. Univers souvent occulté par les proches. Univers redoutable engendrant la souffrance: souffrance vécue par la personne malade, souffrance supportée par ceux et celles qui vivent avec elle.
Car nul ne peut vivre durablement avec elle sans affronter sa maladie et sans en souffrir. Très souvent, les termes caractérisant les maladies psychiques ne suscitent pas d’inquiétude grave chez ceux qui en entendent parler sans fréquenter les malades : bipolaire, dépressif, anorexique, paranoïa, schizophrène, ou plus simplement personne « un peu psy ». A la différence des mots cancer ou alzheimer.
 

De quoi êtes-vous témoin en tant que conseiller spirituel ?

Les groupes « Relais d’amitié et de prière » regroupent exclusivement les proches des personnes psychiquement malades : père ou mère, frère ou sœur, conjoint, ami très proche. Ces groupes existent depuis bientôt 30 ans. Ils sont la plupart du temps aussi mal connus que les maladies psychiques.
Je témoigne aujourd’hui des énormes souffrances en chaîne causées par les maladies psychiques. Et, tout particulièrement, dans les couples dont l’un des conjoints est marqué par des troubles psychiques : et, de surcroît, est en position de père ou de mère d’enfants et de jeunes découvrant un jour ou l’autre la maladie de leur père ou de leur mère. Couple et famille vivent parfois un enfer dont nul ne voit comment sortir.
 

Comment l’Evangile peut-il rejoindre ces personnes ?

Dans les rencontres des groupes « Relais », chacun peut parler en confiance, exprimer sa souffrance, faire état parfois de son épuisement intérieur, de ses questions : qu’ai-je mal fait pour que ce malheur tombe sur moi ? suis-je responsable, coupable, pécheur ? définitivement impardonnable si j’envisage la séparation ou le divorce ? Le seul fait de pouvoir expulser ces pensées crée un effet d’atténuation. Exactement comme dans les psaumes où celui qui n’en peut plus ose crier vers Dieu, en lui demandant s’il dort ou s’il a quelque chose à dire pour sa défense face au malheur des humains qu’il est censé aimer et avoir créés pour leur bonheur. Presque toujours on lit un passage d’Evangile. Est alors présente la « personnalité de Jésus », la sublime authenticité du Vivant qui parle avec une autorité divine : « ni lui ni ses parents n’ont péché ». L’Evangile, c’est d’abord cet homme exceptionnel qui écoute sans condamner, qui invite à reprendre confiance et à se relever, qui propose la Vie et le Bonheur, qui invite à reprendre le dialogue en s’ouvrant à l’hypothèse de pardonner, qui met en images un bon Samaritain, un publicain en prière, qui s’attable avec les pécheurs, précisant que ce sont les malades qui ont besoin de la présence d’un médecin. L’Evangile touche toujours juste : il parle, réconforte, apaise : c’est un Dieu Très Humain en action de résurrection parmi des humains en détresse.
 

Quel message souhaitez-vous transmettre lors de la rencontre nationale ?

C’est ce message d’Espérance et de réconfort que je souhaite répercuter dans le temps de prière du matin et l’Eucharistie du soir. Pour que l’exposé-témoignage de Monique Durand-Wood, les autres témoignages et ateliers de réflexion suscitent en chacun un surcroît de lumière et d’amour. Pour que chacun s’ouvre au Souffle d’Espérance.
 

couv_ajouter_foi_folie

Grand témoin

Théologienne, ancien aumônier d’hôpital psychiatrique, Monique Durand-Wood est l’auteur d’« Ajouter la foi à la folie. Petite théologie pratique de la maladie mentale en pastorale hospitalière » (ed. Cerf). Dans cet ouvrage, elle relie son expérience à la lumière de la Bible.

Sur le même thème

  • Santé et handicap

    Partout où est l’Eglise, la mission est à l’œuvre, car la promesse de Dieu est pour tous. Promesse réalisée en Jésus Christ prenant notre humanité et annonçant la Bonne Nouvelle. « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vue de Dieu ! » Saint Irénée. La pastorale de la […]