Trois missions prioritaires pour les Eglises de la Méditerranée

Christophe Roucou

Directeur du Service National pour les Relations avec l’Islam (SRI), le Père Christophe Roucou a participé à la Commission Mixte Méditerranée 2011, sur le thème des migrants et du dialogue islamo-chrétien. Il dégage trois missions prioritaires pour les Eglises des deux rives et ouvre des perspectives pour les relations avec les musulmans.
Depuis plusieurs années, les évêques du Maghreb font ce constat : les communautés dont ils sont les pasteurs sont en grande partie composées de migrants. Qu’ils viennent étudier, travailler ou qu’ils cherchent à tout prix à gagner l’autre rive de la Méditerranée, ces migrants – originaires le plus souvent d’Afrique Sub-Saharienne – interpellent les Eglises du Sud.

L’accueil : au Maghreb comme en Europe

Face à un potentiel « tsunami migratoire », pour reprendre une expression de Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat (Maroc), les évêques catholiques n’ont ni les moyens humains ni les ressources nécessaires pour leur venir durablement en aide. Pourtant, rapporte le P. Christophe Roucou, Directeur du Service National pour les Relations avec l’Islam (SRI), ils reconnaissent que « leur foi est un témoignage » pour eux. « Ces personnes sont remarquables, dans leur détresse, par la force humaine et spirituelle qui les pousse à continuer leur transhumance qui, hélas, se transforme souvent en calvaire » reconnaît la Commission dans son message final.
Accueillir les migrants dans nos Eglises, sur les deux rives, apparaît donc comme la première priorité. Encourager l’écoute et les échanges pourraient contribuer à sensibiliser nos communautés en Europe qui comptent pourtant des personnes issues de migrations anciennes à l’accueil de ces nouveaux arrivants. Cela nous renvoie à la Bible qui invite le croyant juif à redire dans son Credo : « Mon père était un Araméen errant. » (Deutéronome, 26-5), rappelle le P. Roucou.

Le plaidoyer : auprès des instances de l’Europe

Dénoncée il y a déjà deux ans par Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat (Algérie), la construction de prisons dans différents pays du Maghreb est une menace de « déshumanisation » supplémentaire pour ces « migrants forcés », expression employée à plusieurs reprises par Rozmarijn Vanwinjnsberghe du Jesuit Refugee Service (JRS) et qui a marqué le P. Roucou.
Puisqu’ aujourd’hui cette politique de sécurité des frontières de l’Europe (Frontex) se décide à Bruxelles, c’est bien auprès des instances européennes que les Eglises doivent faire entendre leur voix. « L’immigration reste la pierre d’achoppement dans nos sociétés et l’attitude vis à vis des migrants est un test pour les chrétiens que nous sommes » souligne le P. Roucou. Cette tâche revient donc plus spécifiquement aux Eglises du Nord. Elles redisent l’urgence d’une aide au développement efficace des pays du Sud.

L’information : une collaboration entre les deux rives

Les Européens ne veulent pas savoir ? C’est la force de l’Eglise catholique d’être… universelle. Les Eglises du Maghreb sont « témoins des drames que vivent des hommes et des femmes qui quittent leur pays, et elles font d’importants efforts pour les accueillir et les accompagner ». A chacun alors d’inventer des échanges entre Eglises des deux rives.
« Venez nous rendre visite mais pas seulement pour des pèlerinages, disent les évêques du Maghreb. Nous vous ferons rencontrer nos communautés chrétiennes et nos amis musulmans ». La Commission mixte Europe/Maghreb/Méditerranée, elle, a rendez-vous du 23 au 25 avril 2013, à Madrid.

Partager une expérience spirituelle commune

Sans renier les grands colloques entre personnalités éminentes, le Père Roucou sent que le temps est venu pour des « échanges spirituels » au quotidien, entre catholiques et musulmans, sur « l’enracinement dans la foi » ou « la place de la prière », par exemple.

Sur le même thème