Autrefois copié, le système éducatif français est aujourd’hui « à la traîne ». Longtemps considérés comme privilégiés, les enseignants sont désormais une profession « exposée ». Ainsi les grèves du 27 septembre 2011 révèlent-elles un « désenchantement », un système « à bout de souffle ». Le 4 octobre 2011, lors de la traditionnelle conférence de rentrée, Eric de Labarre, Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique, a aussi souligné le paradoxe entre les directives (comme l’accompagnement spécialisé) et les moyens alloués qui laisse les professeurs « interrogatifs ».

Les difficultés de gestion de l’école n’épargnent donc pas l’Enseignement Catholique. Pour la rentrée 2012, celui-ci accueille 12 053 élèves de plus qu’en 2010. « Ces résultats sont une récompense » estime-t-il. Ils sont dus notamment au redéploiement des moyens entre les académies – et même à l’intérieur des départements – pour amortir les retraits d’emplois. Pourtant, entre 30 000 et 40 000 demandes sont refusées. Concentrées d’habitude en Ile-de-France et dans les grandes agglomérations, elles émanent dorénavant aussi de régions où l’Enseignement Catholique est historiquement implantée, comme la Bretagne.
 

Comment préparer la rentrée 2012 dans ces conditions ? « L’Enseignement Catholique a une approche responsable des déficits budgétaires » assure le Secrétaire Général. Il ajoute qu’avec 1533 emplois en moins, le privé a contribué pour « plus que sa part » car il représente 17% du nombre d’élèves en France. Il craint que cette dégradation ne remette en cause « l’offre de formation », « l’égalité des chances », « les politiques éducatives », jusqu’à « l’aménagement du territoire ». Quand le nombre moyen d’élèves par classe augmente, ce sont les conditions de travail des enseignants et la qualité de l’enseignement qui baissent. Tout le monde est perdant.

Des « mesures structurelles » sont donc nécessaires. Moins d’heures au lycée et au collège, moins d’options au lycée, plus d’intercommunalité, plus de formation à distance font partie des pistes avancées par l’Enseignement Catholique. Faut-il être « moins regardants » sur les programmes ? Plus « créatifs » sur leur mise en œuvre ? Eric de Labarre est convaincu que les solutions se trouveront au niveau local et que ni les réformes ni les décrets ne remplaceront la « responsabilité sur le terrain ».

Par ailleurs, le Secrétaire Général juge « inégal et insuffisant » le financement consenti par les collectivités territoriales et locales. Les contributions des familles servent à couvrir les dépenses quotidiennes de fonctionnement, au détriment des investissements immobiliers. Or l’enjeu est crucial pour l’Enseignement Catholique qui doit mettre ses établissements aux normes pour le 1er janvier 2015.
 

Sans prétendre se positionner « en donneur de leçon », l’Enseignement Catholique fait des propositions qui peuvent rejoindre des questions de société : document sur l’éducation affective, relationnelle et sexuelle à destination des éducateurs, fiches d’information sur l’islam et dossiers situations, fiche sur la place des adultes, sur l’annonce de l’Evangile…

« Il faut redéfinir la visée et les modalités de l’école » plaide Eric de Labarre. En d’autres termes, la crise de l’école ne se résoudra pas sans une réflexion de fond sur notre société.