Fin de la trêve hivernale : des mal-logés aux sans-abris
Charlotte Niewiadomski, responsable du département « De la rue au logement » au Secours Catholique, dresse un état des lieux « catastrophique ».
La loi sur le logement social, votée le 18 décembre 2012, a pour but de faciliter la construction de 150 000 logements sociaux chaque année. Le durcissement de la loi SRU relative à la solidarité et au renouvellement urbain est un des « axes législatifs encourageant ». Il consiste à augmenter le taux minimum de logements sociaux dans les villes à 25 %, au lieu de 20 %. Le deuxième point positif de cette loi est la volonté de céder des terrains publics à des prix faibles ou gratuitement pour la construction de logements sociaux.
« Après, la difficulté est de faire appliquer ces lois », souligne Charlotte Niewiadomski. Sensibiliser et agir sur ce sujet, c’est le sens du « collectif des associations unies », regroupant 33 associations, comme par exemple la Fondation Abbé Pierre ou la Croix-Rouge française. Parmi les dernières actions, le collectif a organisé, le 13 mars 2013, une conférence de presse devant l’Assemblée Nationale et demandé un moratoire sur les expulsions pour « ne pas expulser sans une solution de relogement avant », afin d’éviter « le flot de personnes dans la rue ». En réponse, la proposition du ministère est de « garantir aux propriétaires d’être payés » alors qu’ « il existe déjà un fonds d’indemnisation des propriétaires pour qu’ils ne se retrouvent pas eux-mêmes en difficulté ».
Les chiffres sont alarmants « En 2011, 146 000 ménages ne pouvaient plus payer leur logement, 110 000 expulsions ont été prononcées. Les interventions par les forces de l’ordre ont doublé, sans compter ceux qui partent d’eux-mêmes par peur d’être expulsés ». La conséquence est que « le 115 ne peut plus répondre à 50 % des demandes ».
Actuellement, c’est un « système qui coûte extrêmement cher », analyse Charlotte Niewiadomski. Financièrement, car « il faut payer des hôtels aux sans-abri» et socialement parce que « les enfants sont déscolarisés, les familles éclatées », alors que « le minimum serait de maintenir les personnes dans leur logement » avant de trouver une solution.
La démarche « Campagne logement 92 » rassemble des associations qui agissent dans le département des Hauts-de-Seine en faveur du logement, de l’hébergement et de la solidarité.
Ses objectifs sont de sensibiliser au mal-logement, d’agir pour l’application des lois et d’aider les personnes en difficulté.
Le 19 janvier 2013, une journée de mobilisation de cette Campagne a eu lieu sur le thème : « Quel avenir dans les Hauts-de-Seine pour les personnes mal logées ? ».
Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, est intervenu, comme les responsables politiques et associatifs invités : « Que l’on soit croyant ou pas, quand on s’engage pour ce genre de combat, on se montre comme des hommes et des femmes d’espérance. […] L’espérance, écrit Jean-Claude Guillebaud, n’est pas seulement reçue, elle est décidée. […] Nous décidons que l’espérance existe et nous prenons les moyens pour la montrer et lui faire porter du fruit. »