1er Synode national de l’Eglise protestante unie de France

L’Eglise protestante unie de France a tenu son premier synode à Lyon, du 8 au 12 mai 2013. Pour le P. Franck Lemaître, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens, le rapprochement entre Luthériens et Réformés est « une leçon de réalisme œcuménique ».
 

Comment l’Eglise catholique était-elle représentée à ce synode ?

Jusqu’à présent, j’allais chaque année au synode de l’Eglise luthérienne et à celui de l’Eglise réformée. En mai dernier à Lyon, c’est le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui a représenté la Conférence des évêques de France, ainsi que Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, président du Conseil pour l’unité des chrétiens. Dans sa prise de parole, Mgr Barbarin a souligné qu’il y avait dans cette communion luthérienne et réformée quelque chose d’un modèle : pour d’autres Eglises protestantes mais aussi pour les autres Eglises chrétiennes ; ce qui a été fait là pourrait produire du fruit ailleurs.
 

Comment l’Eglise protestante unie de France est-elle née ?

Cette union est un fruit du mouvement œcuménique, qu’on fait habituellement démarrer en 1910. Il y avait déjà eu des rapprochements entre Luthériens et Réformés, notamment en Allemagne, au moment du Nazisme. Le grand moment, dont on a fêté les 40 ans cette année, a été la Concorde de Leuenberg, un texte d’accord théologique signé en 1973. Il faut rappeler qu’il y avait des condamnations réciproques entre Réformés et Luthériens, portant notamment sur la compréhension du salut ou sur l’eucharistie. La Concorde a levé ces condamnations doctrinales. Elle a déjà permis ailleurs le rapprochement des Luthériens et des Réformés, aux Pays-Bas par exemple. En France, le processus institutionnel a démarré en 2007. Cinq ans ont été nécessaires pour régler les aspects juridiques et préparer les communautés locales. La décision solennelle a été prise en 2012. Les deux synodes, luthérien et réformé, ont voté l’union. Au plan juridique français, l’Eglise protestante unie de France est née au 1er janvier 2013. A Lyon, s’est vécu le premier synode unique.
 

Qu’est-ce que cela change pour le dialogue avec l’Eglise catholique ?

En France, le dialogue de l’Eglise catholique avec les Réformés et les Luthériens était déjà commun. Notre comité mixte s’appelle catholique/luthéro-réformé depuis des années. En fait, en raison du Concordat, il reste aujourd’hui deux Eglises Luthéro-Réformées, une dans la France « de l’intérieur » et une en Alsace-Moselle.
 

Que retenir de cet événement ?

Pour nous, c’est une leçon de réalisme œcuménique. On constate que pour ces deux Eglises protestantes, la réconciliation doctrinale a pris des siècles, et qu’il a fallu encore 40 ans pour sa transposition institutionnelle. Pourtant ce sont deux familles ecclésiales proches ! Les autres rapprochements œcuméniques, où les différences à l’origine sont beaucoup plus grandes – entre catholiques et protestants, entre catholiques et orthodoxes – nos prédécesseurs les ont espérés très rapides. Ce n’était peut-être pas très réaliste ! L’unité des chrétiens est possible, elle avance – il en existe des signes concrets régulièrement – et en même temps, elle prend beaucoup de temps parce qu’on ne réconcilie pas des siècles de séparation en dix ans.
 

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Une journée festive au programme du Synode

Pour porter l’événement dans la prière, une veillée œcuménique a duré toute la nuit du vendredi 10 mai, au Grand Temple de Lyon. Beaucoup de Lyonnais, dont des catholiques, y ont participé. Le lendemain matin a eu lieu un « service inaugural », marqué par des discours, dont celui du Président du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France, le Pasteur Laurent Schlumberger, et du cardinal Philippe Barbarin mais aussi par le mot d’envoi de frère Alois (Taizé). L’après-midi, des stands avaient été installés le long du Rhône.

En France, 1,5 million de personnes se déclarent protestantes de conviction (3% de la population). L’Eglise protestante unie de France compte près de 450 paroisses et 480 pasteurs dont un tiers de femmes. 250 000 personnes participent à la vie de l’Eglise (Source : Fédération protestante de France)

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