4 grands témoins de la liberté religieuse
Parmi eux un seul représentant du continent africain, mais un précieux artisan de paix et de dialogue inter-religieux pour la Centrafrique, qualifié dans le Journal Le Monde en décembre 2013 de « saint homme », Mgr Dieudonné Nzapalaïnga. Alors qu’il a souvent été question dans les médias de milices chrétiennes se livrant à des exactions contre des musulmans, l’archevêque de Bangui veut le faire savoir : « Beaucoup de chrétiens ont refusé de résister à la tentation de se venger » et à l’heure actuelle « beaucoup de musulmans sont accueillis dans des paroisses » (l’imam lui-même est logé à l’évêché pour sa sécurité). Évoquant tout à la fois « des institutions laminées », des jeunes « manipulés » et une instrumentalisation de la religion, Mgr Nzapalaïnga a déclaré : « Ce sont les groupes extrémistes de part et d’autre qu’on doit neutraliser. […] Il est hors de question de nous affronter ensemble. […] La fraternité est possible ».
Une dégradation de la sécurité des chrétiens
Revenant sur l’expression « Le printemps arabe », Soeur Raghida Al Khouri de Syrie, a tenu à la qualifier plutôt en ce qui concerne son pays « d’hiver ou d’automne ». En quelques formules, elle a résumé une situation terrible: « Le peuple syrien souffre tous les jours », « 80% du pays est par terre », « On a dispersé, divisé le peuple chrétien […] qui est pour le dialogue, la négociation ». Lançant un vibrant appel à l’aide, elle attend de la France « d’agir en actes et en vérité » : « une aide effective, rapide et pas apitoyée ».
« Dire la vérité sur la situation des chrétiens en Irak » où « on les tue uniquement parce qu’ils sont chrétiens », c’est aussi ce qu’attend Mgr Amel Shamon Nona, archevêque de Mossoul (dont le prédécesseur a été assassiné). Il a tenu à replacer la situation de son pays dans le contexte du Moyen-Orient avec « une culture de violence dans cette région » et « une situation politique très difficile qui dégrade la sécurité des chrétiens ».
Trois objectifs président à l’instauration de la Nuit des Témoins, a rappelé Marc Fromager, directeur d’Aide à l’Eglise en Détresse – France : « rendre hommage aux martyrs de notre temps », prier et œuvrer « pour que la liberté religieuse progresse dans le monde quelle que soit la religion » et « donner la parole à des témoins vivants ».
En 2013, 200 millions de chrétiens n’étaient pas libres de vivre leur foi et le nombre de missionnaires assassinés a doublé par rapport à 2012. « Autant de prêtres ont été tués que de journalistes », souligne Marc Fromager.