« L’Eglise avocate de l’humain », par Mgr Podvin

Mgr Bernard Podvin

Point de vu de Mgr Podvin, Porte-parole de la conférence des évêques de France, dans Ouest France du 15 août 2011, sur l’introduction de la théorie du genre dans certains manuels scolaires.
 
Le 15 août n’est-il qu’une date au contenu prévisible ? La ferveur populaire est grande à l’Assomption, dépassant largement la sphère des pratiquants habituels. Les catholiques sont insérés dans le tissu social, présents dans les débats. L’Église continue à s’exprimer là où est en cause le devenir humain, à plus forte raison dans sa vulnérabilité : embryon, patient en fin de vie, personne handicapée, migrant en détresse, précarités multiples…

La famille, dans sa fragilité, est une priorité. Il n’est donc pas surprenant que la théorie du gender suscite un légitime émoi. De nombreux parents et éducateurs sont troublés.

L’Enseignement catholique a réagi. Qu’est donc le gender ? Ou, plus exactement, qu’est-il que l’on ne dise réellement, afin de le banaliser? Certains auteurs de cette théorie voudraient nous rassurer : « Nous ne sommes pas une idéologie. Nous luttons contre les stéréotypes du masculin et du féminin. » Entendre cela devrait-il franchement nous apaiser ? Pourquoi ne pas nommer les choses courageusement ?
Qui suis-je ? Un ensemble de caractères chromosomiques, anatomiques et psychologiques, en fonction desquels j’apprécie subjectivement le choix de mon genre ? Oui ou non, naît-on garçon ou fille ? On le voit, la polémique sur le contenu des manuels scolaires en SVT (sciences de la vie et de la Terre) n’est pas accessoire. L’enjeu est vertigineux. Les responsables de l’Éducation nationale ne pourront se contenter de dire que les éditeurs de manuels ont « sur-interprété» les programmes. Comment l’adolescent sera-t-il accompagné dans la connaissance de son être? Au nom de quoi une théorie se substituerait-elle à ceux qui ont mission de contribuer à l’éducation sexuelle et affective? Au nom de quel ostracisme les spécialistes qui promeuvent un autre discernement seraient-ils taxés d’archaïsme?

Ceux qui s’opposent au gender ne nient pas l’impact des modèles sociaux dans l’interprétation de soi. Mais disent qu’il est hautement ambigu de privilégier le genre, comme pure construction sociale, sur la différence sexuelle. Plusieurs formateurs ont récemment apprécié la citation de Benoît XVI « Il y a dans le corps de l’homme et de la femme un langage qu’ils n’ont pas créé. La véritable fascination de la sexualité naît de la grandeur de cet horizon qui s’ouvre. » Il y a là de véritables choix de société dont l’impact est quotidien.

L’Église catholique est respectueuse d’une laïcité mature. Elle refuse les récupérations, de quelque bord qu’elles viennent. Elle est totalement dans sa mission quand elle se fait avocate de l’humain. Certains affirment : « On ne naît pas homme ou femme. On le devient. » Il est nécessaire de leur répondre, avec Blaise Pascal : « Deviens ce que tu es. L’homme passe infiniment l’homme. »

Mgr Bernar Podvin
Porte-parole de la conférence des évêques de France