5. Différence culturelle et intégration

différence-culturelle-intégration-6Parmi les difficultés d’établir un nouveau contrat social, il y a celle que pose aujourd’hui la différence culturelle. En effet, si la mondialisation a créé une nouvel espace économique et un nouveau rapport au temps et à l’espace, elle a également fait apparaître une réalité complexe où l’interpénétration croissante des sociétés a permis à la fois des croisements intéressants et enrichissants, mais a contribué aussi à une insécurité culturelle et des malaises identitaires, pouvant aller jusqu’au rejet de l’autre différent.

La France a eu longtemps une conception assez précise de ce qu’est l’identité nationale qui supposait de façonner un citoyen français dans le creuset républicain où il s’appropriait l’idée d’un pays avec des références historiques et culturelles partagées. Cette idée d’une Nation homogène, construction politique constituée souvent à marche forcée, en centralisant et unifiant de manière autoritaire et en gommant souvent les références, s’est trouvée bousculée par la mondialisation. Elle impliquait que les particularités communautaires et surtout religieuses ne soient pas mises en avant. Mais aujourd’hui, non seulement ce creuset qui a plutôt bien fonctionné pendant des siècles, n’intègre plus ou pas assez vite, mais l’idée même d’un « récit national » unifiant est largement contesté et remis en cause. Les identités et différences sont affichées, et la revendication communautaire met à mal l’idée d’une Nation homogène. Il devient dès lors plus difficile de définir clairement ce que c’est d’être citoyen français, un citoyen qui s’approprie et partage une histoire, des valeurs, un projet. Certains restent ainsi en dehors du modèle français, étrangers à une communauté de destin. D’autres vivent mal ce sentiment de perte d’identité. C’est le terreau de postures racistes réciproques.

Le monde arabo-musulman est devenu de plus en plus une source de dangers pour beaucoup de nos concitoyens : terrorisme, prosélytisme, tensions internationales, mais aussi statut des femmes, situation des chrétiens d’Orient, etc.…. Et le risque est de n’appréhender les questions légitimes de sécurité qu’à travers un prisme culturel. Incivisme, violence, communautarisme, embrigadement, etc… tous ces éléments se confondent dans le visage de l’étranger.

Il convient donc pour l’avenir de notre société de redéfinir ce que c’est d’être citoyen français, et de promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens. En d’autres termes, comment gérer la diversité dans notre société ? Comment l’identité nationale peut-elle perdurer avec des revendications d’appartenances plurielles et des identités particulières ? Pour un tel enjeu qui nécessite un large débat où toutes les composantes de la société doivent pouvoir apporter leur contribution, le christianisme peut partager son expérience doublement millénaire et sans cesse renouvelée d’accueil et d’intégration de populations et de cultures différentes dans la naissance d’une identité qui ne nie pas les autres appartenances.

Pistes pour échanger
  • Comment définiriez-vous l’identité nationale et la citoyenneté française ?
  • Qu’est-ce qui peut favoriser l’intégration ? Qu’est-ce qui la rend difficile ?

Table des matières
« Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique »
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France aux habitants de notre pays

Introduction

  1. Retrouver le politique
  2. Une société en tension
  3. Ambivalences et paradoxes
  4. Un contrat social à repenser
  5. Différence culturelle et intégration
  6. L’éducation face à des identités fragiles et revendiquées
  7. La question du sens
  8. Une crise de la parole
  9. Pour une juste compréhension de la laïcité
  10. Un pays en attente, riche de tant de possibles

Conclusion
Quelques pistes pour échanger à partir du texte

Sur le même thème

à consulter sur le sujet

DSE doctrine sociale