SSVP : Près de deux siècles au service des démunis

La Société de Saint-Vincent-de-Paul célèbre un double anniversaire en 2013 : le bicentenaire de la naissance de son créateur Frédéric Ozanam et les 180 ans de l’association. En France, celle-ci s’appuie sur un millier de structures locales et 17 000 bénévoles pour concrétiser la charité de proximité initiée par le fondateur. Reportage dans une épicerie solidaire à Colombes, en région parisienne.
Il est dix heures passées ce vendredi matin. L’épicerie du 204 boulevard Charles de Gaulle a levé son rideau depuis plus d’une heure. Dans cette rue commerçante de Colombes, la boutique passe pourtant inaperçue. Ni enseigne, ni affiche. Ce magasin un peu différent des autres ne cherche pas à attirer l’œil. Ouvert uniquement le jeudi et le vendredi matin, il accueille un public en difficultés financières. Cette épicerie solidaire, affiliée à l’association nationale de développement des épiceries solidaires (Andes) permet à ses bénéficiaires de ne payer que 10% de la valeur de leur panier. A l’intérieur, l’espace de 110m² se divise en plusieurs parties : l’accueil, la boutique, le stock et un bureau. Le lieu a été conçu pour ressembler au maximum à un commerce classique : caddies, rayonnages, code barre, promotions et à la sortie, une caisse informatisée où régler ses achats.

Redonner confiance et espoir

L’épicerie solidaire est née en juin 2005. A l’origine du projet, la Fraternité de Saint-Vincent-de-Paul de Colombes (Hauts-de-Seine). Confrontée aux besoins alimentaires des personnes qu’elle accueille dans sa permanence, elle décide d’y apporter une réponse adaptée se démarquant de l’offre existante comme celle des Restos du cœur. L’épicerie solidaire est conçue comme un soutien limité dans le temps (trois mois renouvelables). Les bénéficiaires sont retenus après étude de leur dossier envoyé par l’assistante sociale (composition de la famille, ressources, charges, budget théorique, dettes, etc.). « Sentir que la personne veut s’en sortir, constitue l’un des critères de sélection, précise Migueline Rosset, secrétaire de la Fraternité et responsable de l’ouverture du vendredi. Ils signent un contrat avec des objectifs à remplir (solder ses dettes, payer la facture de cantine, etc.) et se voient fixer un budget mensuel pour les courses. » Au cours des trois mois, un point régulier est fait sur leur situation. « Nous nouons un vrai partenariat avec la personne accueillie, insiste la bénévole. Ce qui compte, c’est le suivi attentif des bénéficiaires pour les aider à rebondir. C’est ce qui nous distingue des structures « distributives ». » L’épicerie est là pour redonner confiance et espoir à des personnes qui ne veulent pas être « assistées mais aidées » !

5000 bénéficiaires depuis 2005

En 2011, 118 familles ont fait leurs courses chaque semaine à l’épicerie. Et depuis l’ouverture, près de 5000 personnes y ont été reçues. Des hommes et des femmes frappés par un accident de la vie (divorce, décès du compagnon, maladie, etc.), confrontés à une situation financière qui s’englue petit à petit dans les dettes et les crédits. A l’image de Jocelyne, divorcée, cinq enfants dont deux encore à charge, et mise à mal par l’accumulation de « galères ». « Je travaille mais c’est difficile de joindre les deux bouts. Je n’ai pas pu payer trois loyers. Le père de mes enfants ne m’aide pas. Je me suis retrouvée seule, raconte avec émotion cette femme d’une cinquantaine d’années. On descend bas. » En souffrance, Jocelyne voit l’épicerie comme un soutien pour passer ce mauvais cap. « Venir à l’épicerie solidaire est une étape pour rebondir vers autre chose, assure-t-elle. Ce que j’économise ici, je le mets dans une autre enveloppe pour payer mes dettes. »
Une trentaine de bénévoles aident au bon fonctionnement du lieu : du réapprovisionnement des rayons à la gestion des stocks. En 2011, treize tonnes de denrées ont été collectées auprès de la banque alimentaire et des différents partenaires, mais aussi via des dons et legs. Il est midi, la dernière cliente a réglé ses achats ; onze personnes sont venues ce matin. On baisse le rideau, il ne remontera que la semaine prochaine, avant l’ouverture d’ici quelques mois d’un tout nouveau local, plus grand.
 

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