Sur les traces des gardiens du tombeau de Jésus

Thomas Coex est photoreporter à l’Agence France-Presse (AFP). Basé à Jérusalem jusqu’en 2019, il a photographié – en 2018 – des instants de vie quotidienne des frères franciscains de Jérusalem, fidèles gardiens du tombeau du Christ depuis des siècles. L’exposition photographique : « Les gardiens du tombeau de Jésus » sur les grilles de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, réunit jusqu’au 13 décembre 2020, vingt-neuf clichés inédits. Il nous dévoile les coulisses de la vie des franciscains de Jérusalem.

IMG_4781C’est sur les grilles de la basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre (Paris) que le photoreporter Thomas Coex dévoile pour la première fois son travail photographique. L’exposition « Les gardiens du Tombeau de Jésus » en partenariat avec la Custodie de Terre Sainte et le Commissariat de Terre Sainte, l’Agence France-Presse et Canon, montrent une série de clichés sur les frères franciscains de Jérusalem, gardiens du Saint-Sépulcre depuis 800 ans.

La vie quotidienne au travers des activités sociales et éducatives

Tout au long du parcours, le visiteur découvre aussi bien des clichés illustrant des temps de prières au Saint-Sépulcre que des moments fraternels au réfectoire. Sur d’autres photos, les frères jouent au football ou au basket avec les élèves de l’école Terra Sancta de Jérusalem. « L’exposition montre toutes les facettes de leur vie quotidienne, au travers des prières, des processions, de leurs activités sociales et éducatives auprès des populations locales de Jérusalem, Bethléem et Nazareth », explique Thomas Coex.

Thomas CoexDe 2014 à 2019, il est le chef du service photo de l’Agence France-Presse à Jérusalem. Une ville au sein de laquelle il exerce le métier de photoreporter. Sur le terrain, il a l’habitude de capturer l’adversité à travers le conflit israélo-palestinien. Il parcourt Israël, la Cisjordanie, et la bande de Gaza. Un pied dans le reportage de guerre et les photos d’actus, un autre dans le sujets sociétaux ou religieux. Un bon équilibre pour celui qui « recherche l’alternance des évènements ».

800 ans des frères franciscains

En 2018, les frères franciscains célèbrent leur 800e anniversaire de présence continue en Terre Sainte. Cette communauté partage avec les Grecs catholiques et les Arméniens la garde du Tombeau du Christ dans l’église du Saint-Sépulcre, située dans la vieille ville de Jérusalem. Outre la garde des lieux saints, ces frères sont au service des chrétiens locaux et de l’accueil des pèlerins. Revêtus de leurs traditionnelles bures marrons, les moines arpentent les rues de la vieille ville. Leur présence dans la Ville Sainte est familière.

Thomas n’avait jamais côtoyé les frères franciscains. « Je réalisais des photos du Chemin de croix le Vendredi Saint, se souvient-il. Je n’avais eu jamais l’opportunité de les rencontrer. » Comme pour beaucoup de reportages, il faut souvent la rencontre idéale ou le timing idéal. Un jour, il aperçoit dans la vieille ville des pèlerins avec des t-shirts estampillés « 800 ans ». Là c’est le « déclic », souligne-t-il. « Cet anniversaire symbolique » est sa porte d’entrée.

Sa première demande auprès des frères reste sans réponse. Avec son confrère Cyrille Louis, grand reporter au Figaro, ils demandent conjointement à réaliser un long reportage. Grâce à leur force de persuasion, les frères consentent à se laisser approcher. « C’est la première fois qu’ils ouvraient exceptionnellement leurs portes, confie-t-il. Ils n’avaient jamais autorisé un média international non chrétien. »

Une plongée en immersion

IMG_4771La force de cette exposition est l’authenticité des moments capturés par l’objectif. Thomas Coex entre dans l’intimité et la vie fraternelle des frères franciscains qui font vivre ces lieux. Pendant plus d’un an, le photographe se rend régulièrement au Saint-Sépulcre et au couvent Saint-Sauveur, au cœur de Jérusalem. Il prend son temps, apprend à les connaitre. « C’était un projet au long cours sur plusieurs mois, précise-t-il. Parfois, j’allais juste discuter avec eux, déjeuner ou partager du temps. Cela a beaucoup aidé pour qu’ils m’acceptent et qu’ils m’informent des évènements à venir comme les célébrations ou les processions. » Après quelques semaines, Thomas gagne entièrement le respect et la confiance de la communauté. Seul, il poursuit la démarche de séries photographiques de septembre 2018 à Pâques 2019.

Parmi ses photos préférées, il y a les funérailles de Jésus. Pour cette prise de vue, il est resté enfermé dans une petite pièce du Saint-Sépulcre avec le Custode. « J’ai installé un appareil photo télécommandé à l’étage des Grecs qui domine la Pierre de l’onction ». A cet instant, il mesure la chance d’être présent. « J’étais privilégié car ils détachent la statue de la croix posée sur le Golgotha, ils enlèvent l’épine et les clous, la descendent dans le linceul, donnent l‘onction et enduisent d’huile. Ils rejouent la scène du Vendredi Saint, et l’emmènent dans le tombeau. »

IMG_4772Et puis, il y a des déplacements qui l’ont vraiment marqué, comme le jour où il a accompagné le frère Ayman Bathish dans les ruelles de la vieille ville. Les franciscains mettent à disposition 420 logements pour les familles les plus démunies. « Il apportait la communion à une dame âgée palestinienne bloquée dans son lit. Elle avait une foi inébranlable malgré la maladie. » Un détail attire le regard sur la photo. « Sa façon d’attendre la communion était assez biblique. La luminosité rappelle les tableaux de la Renaissance. »

La nostalgie de Jérusalem

Il y a quelques mois, Thomas est revenu travailler à Paris. « Jérusalem me manque, confie-t-il. J’ai un amour particulier pour cette ville. Il n’y a pas d’autres endroits au monde où les trois religions monothéistes sont représentées dans un seul et même lieuOn vit les uns avec les autres, et c’est unique au monde ! », relate-t-il. Deux ans après ce reportage, il n’a jamais perdu contact avec la communauté franciscaine. Bien au contraire, il a noué des liens étroits avec eux au point de « communiquer désormais avec eux via Facebook ou Instagram ! », plaisante-t-il.

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