Lille lance le premier synode (ou concile) provincial en France

Venus des diocèses de Lille, Arras et Cambrai, 200 délégués seront rassemblés à Merville pour l’ouverture du synode de la province de Lille, les 14 et 15 décembre 2013. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, explique la démarche. Une première en France !
 

Comment la réflexion des évêques sur l’avenir des communautés chrétiennes va-t-elle enrichir votre travail ?

Ulrich Laurent - Lille

Beaucoup peuvent s’inquiéter de la diminution du nombre de prêtres par rapport au service. Ce que nous avons retenu de notre réflexion, c’est qu’il ne fallait pas focaliser sur ce sujet mais vraiment réfléchir à l’ensemble des acteurs de l’Eglise et de l’évangélisation. Si on veut sortir de cette inquiétude, il faut envisager les choses autrement : qui va évangéliser ? Pas que les prêtres ! C’est l’ensemble des chrétiens. Tous les acteurs doivent s’y mettre. Nous avons à mener une démarche de discernement : « Que nous demande le Seigneur dans la situation nouvelle où nous sommes ? » Et non pas : « Comment allons-nous organiser l’Eglise autrement ? », suivant des critères de rationalité ou de gestion.
 

Comment l’assemblée va-t-elle se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint pour cet exercice de discernement ?

Un synode, comme un concile, est une assemblée de l’Eglise qui se met en prière pour célébrer les bienfaits de Dieu, pour essayer de se mettre à l’unisson du Seigneur par Sa Parole. Comme au concile Vatican II, c’est la Parole de Dieu qui préside. Il se trouve que nous allons tenir nos assemblées dans la chapelle de la Maison diocésaine, une ancienne chapelle de séminaire. Et comme au Concile, nous allons nous faire face pour « célébrer » le synode. Une prière a été rédigée. Un synode est une démarche de prière, d’écoute de la Parole de Dieu et de ce que Dieu dit dans les événements. C’est une dynamique à laquelle nous sommes habitués dans l’Eglise. Je pense à ce qui a été fait depuis 1994 avec en 1996 le Rapport Dagens et la Lettre aux catholiques de France. La première intention du texte était de dire quelle était la position des chrétiens dans la France d’aujourd’hui. Cela signifie aussi qu’on se situe par rapport aux besoins d’évangélisation et à l’ensemble du peuple, pas simplement par rapport aux catholiques pratiquants. On cherche des évangélisateurs.
 

A quoi la première session des 14-15 décembre 2013 sera-t-elle consacrée?

La question posée est : « Pour nous, chrétiens rassemblés pour ce synode, quelles seraient les caractéristiques d’une communauté paroissiale qui marche ? Quelles sont les caractéristiques d’une communauté évangélique et évangélisatrice ? Des personnes qui font quoi ou qui cherchent quoi ? Qui mettent la Parole de Dieu au centre ou qui organisent des services ? »
 

Comment les délégués ont-ils été choisis ?

La présence de certains membres est obligatoire : les évêques, leurs conseils proches et les autres conseils – presbytéraux, pastoraux, diocésains, etc. – qui doivent élire des délégués. Les Supérieur(e)s Majeur(e)s – 9 femmes- le Recteur de l’Université catholique, le Supérieur du séminaire de nos trois diocèses, le Doyen de la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lille. Ensuite, nous avons choisi des représentants des mouvements, des services et des paroisses. Mgr Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens, qui réside sur notre province, sera aussi avec nous.
 

Quelle sera la méthode de travail ?

Nous avons commencé par une enquête, diffusée très largement, à 150 000 exemplaires, pour rejoindre le plus loin possible dans les communautés et peut-être un peu au-delà. Elle posait les questions que j’évoquais tout à l’heure. Nous l’avons lancée dès fin septembre, de telle sorte que pour le 15 décembre soit présentée une synthèse des réponses. Nous sommes accompagnés par un théologien spécialiste des synodes, enseignant à Louvain (Belgique). Un de ses étudiants fait une thèse sur une visite dans 12 paroisses – 4 par diocèses – pour essayer de définir une « critériologie » de ce qui se vit dans les paroisses, ce qui fonctionne, ce sur quoi on peut s’appuyer pour l’avenir. Il nous en rendra compte à la deuxième session (29 et 30 mars 2014). La seconde enquête, que nous mènerons au deuxième semestre 2014, sera beaucoup plus tournée vers l’extérieur de l’Eglise. On essaiera d’aller jusqu’aux périphéries. Aujourd’hui, je vis cette démarche dans la prière, dans une disposition à l’inattendu de ce que le Seigneur va nous aider à percevoir. J’ignore ce qu’il en sortira. Je cherche plutôt à être attentif à tout ce que j’entendrai.
 

Comment les autres évêques français réagissent-ils à cette démarche ?

C’est le premier synode provincial en France. Des synodes nationaux ont concerné une conférence épiscopale tout entière, pas forcément tout un pays. Il y a eu notamment un concile en Sardaigne (1987-2001). Manifestement cette information n’a pas échappé aux confrères ! Plus de la moitié des diocèses de France ont fait un synode diocésain. C’est forcément une expérience qui intéresse. Nous sommes observés… de façon bienveillante !
 

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« Inventons les paroisses de demain »

Au terme des discussions, l’assemblée votera des textes qu’elle proposera aux évêques. Ceux-ci publieront alors les textes définitifs. Après avoir reçu le visa du Saint-Siège, ils s’appliqueront dans les trois diocèses. En effet, lorsqu’il s’agit d’un synode diocésain, l’évêque est l’unique législateur : il fait son travail de discernement en écoutant son Eglise et en proposant des démarches. Quand il y a plusieurs diocèses, les évêques sont certes toujours législateurs, mais la communion ecclésiale est signifiée par la validation canonique du Saint-Siège. Celui-ci se prononce sur le droit. Il laisse aux évêques le jugement sur le bien-fondé pastoral des choix proposés.

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