Philippe, un diacre médiateur entre foi et science
« Dire que ce moment a été émouvant ; le mot n’est pas assez fort. Ce que nous vivons durant cette célébration est tellement grand que cela nous dépasse. On se sent porté par la prière ». L’aveu concerne le 6 octobre 2018, jour de l’ordination de Philippe Marschal à la cathédrale de Strasbourg comme diacre permanent. Il était ce jour-là aux côtés de six autres de ses compagnons de formation, dont Gérard, un autre enfant de Jungholtz, la commune où il réside avec son épouse Josiane.
« C’était le moment », déclare ce biochimiste de 56 ans. Alors qu’on l’avait déjà appelé à ce service, Philippe a longtemps repoussé la proposition. Au début parce qu’il savait qu’il allait être muté à l’étranger -il a passé trois années à San Francisco après sa thèse, puis travaillé dans le centre de recherche sur le cancer à Heidelberg en Allemagne – Plus tard parce qu’il a fait carrière dans un grand groupe pharmaceutique international basé à Bâle. Ce n’est que tardivement qu’il a pris conscience qu’on pouvait être diacre « dans le monde, avec le monde ». Or c’est la mission qui lui a été confiée : être témoin du Christ sur son lieu de travail, à Bâle, où il est membre du management, directeur de produit. « J’ai toujours vécu la science et la foi de façon parallèle, je ne cachais pas ma foi, mais je ne l’affichais pas », explique Philippe. Le fait d’être devenu manager-diacre lui a révélé nombre d’autres chrétiens, y compris parmi ses supérieurs hiérarchiques. Désormais, Philippe participe à l’heure hebdomadaire de prière interreligieuse qui se vit dans sa société.
La spécificité de son domaine d’activité l’amène à tenir de nombreuses conférences comme « Les cellules souche à la lumière des sciences et des religions » ou encore « La Bible vue par un scientifique ». On vient par ailleurs de lui demander de participer à la commission bioéthique diocésaine. « Ce sera, commente-t-il, un bon challenge, le contact se fera entre foi et science ».
Ce scientifique engagé a en effet tout un autre pan de sa vie dédié au service de l’Église, plus précisément du sanctuaire où il était servant de messe dès l’âge de 6 ans, Notre-Dame de Thierenbach. Depuis près de cinquante ans, Philippe y est présent le dimanche à l’autel aux côtés des recteurs successifs, actuellement le père Simon. En semaine, il s’occupe de la gestion afin de toujours plus « mettre en valeur » ce haut lieu spirituel. Président du conseil de fabrique[1] pour son troisième mandat, il « y consacre une dizaine d’heures par semaine ».
Habitué à des interventions orales dans le cadre de son métier, le nouveau diacre témoigne avoir été ému pour sa première homélie, se sentant porter « une responsabilité au nom de l’Église ». Que pensent ses trois enfants de cet engagement ? « Ils m’ont toujours suivi », répond Philippe. Et il ajoute « et même avec une certaine fierté »…
Chantal Joly
[1] Groupe de clercs et de laïcs chargé de l’administration de la paroisse.