Aumônerie catholique de Strasbourg : Éveiller chez les jeunes le don de la vie

Responsable diocésain de la pastorale des jeunes et directeur du centre Bernanos, siège de l’aumônerie étudiante, le Père Thomas Wender évoque l’esprit de confiance et d’évangélisation concrète qui l’anime dans ses propositions envers les jeunes.

A Wending et P Wender 2Jonglant alternativement avec le Français, l’Espagnol, l’Anglais ou l’Italien, il s’inquiète de la première journée de cours d’un des 29 mineurs migrants hébergés dans la chapelle du Centre Bernanos, du rendez-vous médical d’un autre, du chemin de croix administratif d’un troisième. Dans ce bâtiment idéalement situé face au campus de l’Université -« dont le président, précise le Père Wender, est un collègue prêtre-, la présence de ces Afghans, Africains ou réfugiés du Bangladesh donne tout son poids à l’invitation du Pape François à s’investir pour les périphéries. La solidarité étant une porte d’entrée de l’initiation chrétienne, elle permet surtout de bâtir des ponts entre prière et diaconie, formation à la Bible et distribution de colis alimentaires, groupe d’approfondissement sur les sacrements proposés par les Dominicains et engagements avec la Caritas.

C’est ainsi que des jeunes de Welcome [1] viennent aux célébrations de la paroisse voisine « Du Christ ressuscité » et que des étudiants et jeunes Pro engagés dans l’aide aux devoirs partiront peut-être marcher vers le Mont Sainte-Odile ou en pèlerinage à Lourdes. S’agissant de ce quartier plutôt fréquenté par la classe moyenne, le Père Wender constate que ce côté social fait que « du monde revient à l’église ». Des habitants sont en effet actifs au pôle juridique du Centre tandis que d’autres assurent les repas aux migrants.

Parmi les 200 bénévoles intergénérationnels qui gravitent dans ce lieu – qui abrite aussi un foyer d’étudiants -, on trouve aussi bien des jeunes, des enseignants en retraite, des mamans que des assistantes sociales. Tous ne revendiquent pas forcément une foi. « Ici, revendique le Père Wender, tout se vit sans prosélytisme, dans un esprit de détente. Les jeunes viennent tels qu’ils sont et on ne cherche pas à leur mettre la main dessus. Ils gèrent l’association de distribution de colis alimentaire pour les étudiants de A à Z. Je suis (juste) là pour les écouter car je crois vraiment, et je le vis sur le terrain, que s’ils peuvent prendre des responsabilités liées à la solidarité ou l’écologie et voient comment donner leur vie concrètement, il devient possible de passer d’une vision intellectuelle de la religion  à une expérience effective du christianisme. C’est en effet à partir de l’expérience que peut se structurer une pensée et qu’on peut alors nommer la souffrance, la joie, Dieu… ».

Fort de ses dix ans d’engagement à la Pastorale des Jeunes et de sa présence de quatre années à Taizé avant le début de sa formation au séminaire en 2000, le Père Wender, un ancien physicien de laboratoire, assure : « Je n’ai jamais rencontré un jeune qui ne se pose pas la question du sens de sa vie. Notre mission est d’éveiller chez eux ce don de la vie. Pour tout adolescent et plus encore pour tout jeune adulte, l’Église devient crédible du moment où elle relève l’Homme ».

Le constat vaut pour les liens noués avec les interlocuteurs de la ville et de l’État à propos des migrants. Avec une légitime satisfaction le Père Wender témoigne : « La Maison des adolescents travaille avec nous. Je suis aujourd’hui un tiers de confiance pour l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Quelque part nous devenons un laboratoire d’intégration ».

Chantal Joly

[1]  Le programme JRS Welcome propose une hospitalité et un hébergement provisoire et gratuit au sein d’un réseau national de familles et de congrégations religieuses, pour une personne dont la demande d’asile est en cours de procédure et qui est laissée à la rue, faute de place dans le Dispositif National d’Accueil.

Adrien, donner aux jeunes la chance de rencontrer le Christ

Il se présente d’emblée comme « un pur produit de l’Action catholique », ayant grandi avec l’ACE (Action Catholique des Enfants) puis mûri avec le MRJC (Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne). Marié, jeune père de famille, Adrien est aujourd’hui, à 33 ans, et pour la quatrième année, permanent à plein temps au Centre Bernanos, l’aumônerie étudiante de Strasbourg, et coordinateur de la pastorale des Jeunes sur le diocèse. Il fait partie de la minorité masculine (environ 10%) du grand corps des laïcs salariés de l’État pour le diocèse. « J’ai eu envie, explique-t-il, de continuer à travailler pour mon Église ».

En tandem avec le Père Wender, responsable de la Pastorale des Jeunes, qui loge sur place et assure l’accueil au Centre Bernanos le soir et le week-end, Adrien, résident de la vallée de la Bruche, s’y rend en journée pour s’occuper de l’entretien et de la sécurité des locaux et surtout de la gestion administrative et financière. « Je fais en sorte qu’il ait l’argent pour les projets qu’il lance », explique-t-il en plaisantant. Le reste de son temps est consacré à faire le VRP. C’est ainsi qu’il sillonne les régions pour rencontrer les coopérateurs pastoraux [1] jeunes, les responsables des Mouvements, les prêtres. Son souci : « mettre en lien pour que les gens s’aident les uns les autres à porter au mieux leur mission ».

Adrien se réjouit de constater la richesse des propositions à destination des jeunes : vitalité du scoutisme, JMJ (auxquelles partiront 11 délégués du diocèse), communautés nouvelles, Caritas, pop louange, projet inter-diocèses pour de jeunes adultes en août 2019, projet de formation au BAFA [2] assuré par le MRJC à destination des prêtres et des coopérateurs de la Pastorale, etc. Pour autant Adrien trouve « dommage que l’Église se soit trop longtemps limitée à s’adresser à des mineurs en vue de sacrements sans leur avoir dit que vivre sa foi, c’était pour la vie ». Il déplore également qu’on ait « trop souvent fait la Pastorale des Jeunes sans les Jeunes ». « On a tellement plus, insiste-t-il, à proposer et à proposer à davantage de jeunes afin que, dans un monde qui a désespérément besoin d’espérance, ils aient la chance de rencontrer le Christ ». Il applaudit donc à « la belle dynamique » insufflée par l’archevêque en concluant : « Nous on crée le cadre. Ensuite, c’est l’esprit Saint qui bosse ».

[1] Laïcs en mission ecclésiale

[2] Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur

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