Notre-Dame de Montligeon : oasis de ressourcement libérateur

Au sein du parc naturel régional du Perche et en lisière de la forêt domaniale de Réno-Valdieu, les deux flèches de la basilique néo-gothique Notre-Dame de Montligeon apparaissent. Soudain, le promeneur bucolique devient pèlerin et trouve en ce centre mondial de prière pour les défunts, sanctuaire de l’espérance chrétienne, un véritable lieu d’écoute et d’accueil. Par Florence de Maistre.

Montligeon (1)La vie éternelle est déjà commencée”, la devise du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon évoque sans détour sa vocation première : la prière pour les défunts, la prédication sur la mort et les fins dernières. “Ce message de Montligeon est très actuel ! La question de la mort concerne tous nos contemporains. C’est celle de l’existence humaine. Ici, nous accueillons les personnes en deuil, nous prêchons sur les réalités de l’au-delà, la vie éternelle, la résurrection du Christ. Cette espérance vient illuminer tous les aspects de notre vie, en particulier le travail. À la suite de l’abbé Buguet, fondateur du sanctuaire, et selon son intuition, nous développons aussi une réflexion concrète sur le travail”, indique Don Paul Denizot, prêtre de la communauté Saint-Martin et recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon.

Sessions, rencontres et temps forts sur cette double attention sont particulièrement au programme du sanctuaire. Groupes déjà constitués, jeunes ou aînés, personnes seules sont également les bienvenus. Avec son environnement préservé, sa situation géographique dans l’est du diocèse de Séez et en proximité avec l’ouest parisien, la site a une capacité d’accueil de trois cents lits, dont des maisons pour des séjours en famille. Ses équipes de prêtres et religieuses reçoivent 100 000 pèlerins par an et près de 20 000 retraitants.

Avec la communion des saints

À la fin du XIXe siècle, lorsque l’abbé Paul-Joseph Buguet est nommé curé de La Chapelle-Montligeon, sa principale préoccupation est d’abord de donner du travail à ses paroissiens. Affecté par les décès de proches, il conçoit une Œuvre de prière pour les défunts. C’est pour la faire connaître et la développer qu’il fonde une imprimerie, avant de se lancer dans le chantier de la basilique Notre-Dame-Libératrice : “Je cherchais à concilier ce double but de faire prier pour les âmes délaissées et, en retour, obtenir par elles le moyen de faire vivre l’ouvrier”. Don Paul Denizot de préciser : “Cet échange, c’est ce qu’on appelle la communion des saints !”

Florissante jusqu’à la fin des années 80, l’imprimerie laisse à deux pas de la basilique 10 000 m2 de friche industrielle. Depuis presque 10 ans, le site est en cours de réhabilitation avec la création d’une magnifique salle de conférence de 300 places et la naissance des Ateliers Buguet : un village d’artisans soucieux de valoriser l’homme à travers leurs savoir-faire en expérimentant l’humanisme au travail. Néanmoins, le chantier reste titanesque, le défi à relever.

Dès 1884, l’abbé Buguet crée aussi la Fraternité spirituelle Notre-Dame de Montligeon : une autre facette de la mission qui dépasse le sanctuaire, en se développant à l’international. Les vivants et les défunts inscrits à cette fraternité de prière bénéficient de la messe perpétuelle célébrée tous les matins à Montligeon. Et également de l’intercession des huit cents groupes de prière, aujourd’hui répartis dans le monde entier. Chaque année, le sanctuaire reçoit environ 25 000 demandes de messes perpétuelles et ajoute sur son registre “l’homme de la rue, afin de prier pour ceux dont personne ne se souvient”, précise le recteur du sanctuaire.

Au cœur de l’œuvre

Aujourd’hui, cinq prêtres et un séminariste de la communauté Saint-Martin ainsi qu’un prêtre diocésain conduisent la mission du sanctuaire. Douze sœurs de la Nouvelle Alliance, qui habitent au sein du village, participent à l’animation spirituelle des offices. Trente deux salariés assurent l’accueil et l’accompagnement des pèlerins. Ils sont aidés par une équipe de bénévoles, dont certains ont choisi Montligeon comme lieu de résidence afin de servir l’œuvre !

Comme dans tous les sanctuaires, l’accueil des personnes fatiguées, désespérées, est une des belles missions de Montligeon. “Le pape François insiste pour que nous soyons attentifs à notre façon d’accueillir toute personne. Faire en sorte que chacun se sente comme à la maison est notre priorité”, poursuit Don Paul. L’équipe est également vigilante à la diversité des groupes reçus. Aussi la population est-elle bien métissée lors des Pèlerinages du Ciel, autour de la fête de la Toussaint. “Il y a à ce moment-là une dévotion populaire très belle, très colorée, qui nous porte. La dimension missionnaire du sanctuaire, parler de la mort et de l’au-delà pour réconforter et rejoindre nos frères chrétiens, leur porter l’espérance de l’Évangile du Christ, me touche beaucoup”, témoigne le recteur.

En plus des Pèlerinages du Ciel qui sont au cœur de l’Oeuvre de Montligeon, sept haltes deuil sont proposées tout au long de l’année, avec des attentions particulières, comme la perte d’un enfant ou d’un proche suicidé. Quant au volet travail, quatre sessions “Souffrance au travail, traverser l’épreuve” offrent une pause salvatrice à tous ceux qui vivent un burn out. Lancés, il y a deux ans, ces week-end sont accompagnés par un coach professionnel certifié. “C’est terriblement d’actualité. Aujourd’hui encore, l’Église a un message d’espérance à annoncer dans le monde du travail ! Nous mettons à la disposition des personnes en souffrance le cadre solide et souple de l’accueil à Montligeon pour ce temps de pause et de repos. Les participants, catholiques ou non, savent que l’ingénierie est clairement chrétienne, c’est à dire que la façon dont la personne humaine est perçue, ainsi que les outils de développement personnel et de coaching sont passés au crible de la doctrine sociale de l’Église et fondés sur l’anthropologie chrétienne. Les personnes qui osent venir sont beaucoup plus fortes qu’elles ne le croient : elles ont déjà fait un pas. Leur démarche est admirable”, développe le recteur du sanctuaire.

La proposition répond clairement à un besoin, comme en témoignent les sessionnistes eux-mêmes : “Le week-end m’a permis de me sentir mieux, de comprendre ma posture professionnelle et de prendre du recul” ou encore “J’ai retrouvé confiance en moi, j’ai été dans la joie alors que la situation m’avait plombée” et aussi “J’ai réussi à sortir du sentiment de culpabilité et d’imposture, j’ai retrouvé une certaine sécurité. Mon futur qui me paraissait négatif est maintenant plein de lumière”. Souvent les participants éprouvent de la peur avant de retrouver leur quotidien, mais ils sont désormais mieux armés pour leur combat. Ils ont découvert le goût du sanctuaire de l’espérance chrétienne et savent qu’ils peuvent revenir dans cette oasis. D’autres temps dédiés comme les Pauses soignants ou Pauses enseignants permettent de relire sa vocation à la lumière de l’Évangile. À noter aussi, les Pauses mamans, qui si elles ne sont pas rémunérées, travaillent à temps plus que complet. “Les familles, et donc la société, ont besoin de mamans en forme ! Topos, temps communs, balades et prières sont proposés. Elles apprécient souvent d’être servies, ainsi que l’ouverture de la maison”, note Don Paul.

En lien avec les autres hauts-lieux spirituels du diocèse

Montligeon équipe séminariste + chapelains

Venir à La Chapelle-Montligeon et pourquoi pas en profiter pour découvrir les hauts-lieux spirituels du diocèse de Séez ? À une vingtaine de kilomètres, en bordure d’un autre beau massif forestier : l’abbaye Notre-Dame-de-La-Trappe. Une trentaine de moines vivent dans le silence, la solitude et la prière selon la règle de saint Benoît. À découvrir également, à Alençon, préfecture de l’Orne, la maison de saints Louis et Zélie Martin, maison natale de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. “J’aime beaucoup ce sanctuaire, nous sommes complémentaires. Louis et Zélie Martin incarnent l’espérance chrétienne et le message de Montligeon. Ils ont vécu la souffrance, la maladie, le deuil. Il faut relire leurs lettres, quelle délicatesse ! Et les questions qu’ils se posent face à la maladie, c’est bouleversant !”, confie Don Paul, qui ponctue : “Mystérieusement l’espérance portée par les personnes en souffrance m’évangélise. Elles ne se rendent pas compte qu’elles sont épatantes, les rencontrer touche à la sainteté”.

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Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.