Directoire pour la catéchèse, 3ème partie : la catéchèse dans l’Eglise particulière

Le nouveau Directoire pour la Catéchèse a été présenté en juin 2020 par Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Le précédent Directoire publié en 1997 était le fruit du Concile Vatican II, de la publication de Catechesi tradendae de Jean Paul II en 1979, ainsi que de la publication du Catéchisme de l’Église Catholique en 1992. C’est l’occasion de rappeler ce qu’avait souligné avec force le pape François dans son discours aux catéchistes en pèlerinage à Rome à l’occasion de l’année de la foi et du congrès international des catéchistes le 27 septembre 2013 : la catéchèse n’est pas d’abord quelque chose « à faire », un travail à accomplir ou le fruit d’un goût pour l’enseignement. Il insistait sur la vocation des catéchistes, sur « l’être catéchiste » et la qualité de la vie spirituelle de ceux qui ont la charge de la catéchèse. C’est avant tout le témoignage des catéchistes qui transmet la foi par « attraction ».

CHAPITRE IX

LA COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE, SUJET DE LA CATÉCHÈSE

L’ÉGLISE ET LE MINISTÈRE DE LA PAROLE DE DIEU

283. Dieu a voulu rassembler son Église autour de sa Parole et la nourrir du corps et du sang de son Fils. Ceux qui croient en Christ renaissent non pas d’une semence périssable mais de la semence impérissable qu’est la Parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23). Une telle régénération, cependant, n’est jamais un acte totalement accompli. La Parole de Dieu est le pain quotidien, qui régénère et alimente continuellement le cheminement ecclésial. « L’Église est fondée sur la Parole de Dieu, elle en naît et en vit. Tout au long des siècles de son histoire, le Peuple de Dieu a toujours trouvé en elle sa force et aujourd’hui encore la communauté ecclésiale grandit dans l’écoute, dans la célébration et dans l’étude de la Parole de Dieu »[1]. La primauté de cette Parole place toute l’Église dans une « écoute religieuse » (cf. DV 1). Le modèle du peuple de Dieu est Marie, la Vierge de l’écoute, qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Le ministère de la parole naît donc de l’écoute et éduque à l’art d’écouter, car seuls ceux qui écoutent peuvent aussi annoncer. « Toute l’évangélisation est fondée sur elle, écoutée, méditée, vécue, célébrée et témoignée. La Sainte Écriture est source de l’évangélisation »[2].

284. La Parole de Dieu est dynamique : elle grandit et se diffuse d’elle-même (cf. Ac 12, 24), ayant « un potentiel que nous ne pouvons pas prévoir. L’Évangile parle d’une semence qui, une fois semée, croît d’elle-même, y compris quand l’agriculteur dort (cf. Mc 4, 26-29). L’Église doit accepter cette liberté insaisissable de la Parole, qui est efficace à sa manière, et sous des formes très diverses, telles qu’en nous échappant elle dépasse souvent nos prévisions et bouleverse nos schémas »[3]. Comme Marie, l’Église professe aussi : « que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Elle se met ainsi au service de la proclamation de la Parole du Seigneur, devenant sa fidèle gardienne. Le Seigneur lui-même la lui a confiée, non pas pour qu’elle reste cachée, mais pour qu’elle resplendisse comme une lumière pour tous. Par conséquent, la Parole de Dieu est à l’origine de la mission de l’Église. « La Parole elle-même, nous envoie vers nos frères : c’est la Parole qui illumine, purifie et convertit ; nous ne sommes que des serviteurs »[4].

285. En référence à la Parole de Dieu, l’Église accomplit avec son ministère une tâche qui relève de la médiation : elle l’annonce en tout lieu et en tout temps ; elle la garde, en la transmettant dans son intégrité aux différentes générations (cf. 2 Tm 1, 14) ; elle l’interprète avec le charisme propre au Magistère ; elle la proclame avec fidélité et confiance, afin que « le monde entier y croie, qu’en croyant il espère, qu’en espérant il aime » (DV 1) ; elle appelle les nouveaux croyants à la rejoindre, ceux-ci s’ajoutant à elle par l’intermédiaire de l’accueil de la Parole et du baptême (cf. Ac 2, 41).

286. « Dans le dynamisme de l’évangélisation, celui qui accueille l’Évangile comme Parole qui sauve le traduit normalement en ces gestes sacramentels »[5]. À cet égard, ayant surmonté l’opposition entre parole et sacrement, il est entendu que le ministère de la Parole est également indispensable au ministère des sacrements. Saint Augustin écrit qu’on naît « dans l’Esprit par la parole et le sacrement »[6]. Leur entrelacement atteint son maximum d’efficacité dans la liturgie, surtout dans la célébration eucharistique, qui révèle le sens sacramentel de la Parole de Dieu. « La Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre : la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique »[7].

287. Le sujet unique de l’évangélisation est le peuple de Dieu « pèlerin et évangélisateur »[8]. Le concile Vatican II parle du peuple messianique, assumé par le Christ comme instrument de rédemption et envoyé à tous les hommes comme lumière du monde et sel de la terre (cf. LG 9). L’onction de l’Esprit (1 Jn 2, 20) fait de lui un participant à la fonction prophétique du Christ et lui offre des dons, tels que le sensus fidei, qui permet de discerner, de témoigner et de proclamer la Parole de Dieu. « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils disaient la parole de Dieu avec assurance (parrêsia) » (Ac 4, 31). Comme l’évangélisation, la catéchèse est donc une action, dont toute l’Église se sent responsable.

288. La responsabilité concerne tout le monde. « En vertu du baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quels que soient sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle »[9]. Si tout le monde est responsable, tout le monde, néanmoins, ne l’est pas de la même manière. La responsabilité diffère au niveau des dons charismatiques et ministériels, qui sont tous deux coessentiels pour la vie et la mission de l’Église[10]. Chacun contribue selon l’état de vie et la grâce reçue du Christ (cf. Ep 4, 11-12).

289. Une forme concrète sur la voie de l’évangélisation est la pratique synodale, qui s’exerce au niveau universel et local, et qui s’exprime dans les différents synodes ou Conseils. Une conscience renouvelée de l’identité missionnaire exige aujourd’hui une plus grande capacité à partager, communiquer, se rencontrer, afin de marcher ainsi ensemble sur le chemin du Christ et dans la docilité vis-à-vis de l’Esprit. La pratique synodale propose des objectifs importants en matière d’évangélisation : elle conduit à discerner ensemble les voies à suivre ; elle amène à agir en synergie avec les dons de chacun ; elle contrecarre l’isolement des groupes ou des sujets individuels. « Une Église synodale est une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter “est plus qu’entendre”. C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint »[11]. Ce qui a été dit au sujet du ministère de la Parole est concrètement réalisé dans les contextes des différentes traditions ecclésiales et des Églises particulières, dans leurs diverses articulations.

LES ÉGLISES ORIENTALES

  1. « L’Église catholique tient en grande estime les institutions, les rites liturgiques, les traditions ecclésiales et la discipline de vie chrétienne des Églises orientales. En effet, à cause de l’ancienneté vénérable dont ces Églises s’honorent, resplendit en elles la tradition qui vient des Apôtres par les Pères et qui fait partie du patrimoine indivis de toute l’Église et révélé par Dieu » (OE 1). Ces trésors ont toujours contribué à l’évangélisation. L’Église catholique a maintes fois affirmé que « les Orientaux ont le droit et le devoir de les préserver, de les connaître et de les vivre »[12], en évitant de quelque façon que ce soit de perdre leur propre identité. Dans cet engagement pris de protéger et de transmettre la foi dans le respect de la Tradition ecclésiale, la catéchèse a un rôle privilégié. Dans la proposition de catéchèse, il est donc nécessaire que « soient mis en lumière l’élément biblique et liturgique ainsi que les traditions de chaque Église de droit propre dans la patrologie, l’hagiographie et dans l’iconographie elle-même »[13].
  2. « Il convient de rappeler qu’en Orient, comme il est également recommandé aujourd’hui dans l’Église occidentale, la catéchèse ne peut être dissociée de la liturgie, car elle s’en inspire, comme le mystère du Christ célébré in actu. Telle est la méthode adoptée par de nombreux Pères de l’Église dans la formation des fidèles. Elle s’exprime en catéchèse pour les catéchumènes et en mystagogie ou en catéchèse mystagogique pour les initiés aux Mystères divins. De cette manière, les fidèles sont continuellement guidés vers la joyeuse redécouverte de la Parole et de la mort et de la résurrection de leur Seigneur auquel l’Esprit du Père les a introduits. De la compréhension de ce qu’ils vont célébrer et de la pleine assimilation de ce qu’ils ont célébré, ils tirent un projet de vie : la mystagogie est donc le contenu de leur existence rachetée et sanctifiée et sur le chemin de la divinisation et, en tant que telle, elle est le fondement de la spiritualité et de la morale. Il est donc recommandé que, concrètement, les parcours catéchétiques des différentes Églises orientales catholiques aient leurs célébrations liturgiques spécifiques comme point de départ »[14].
  3. Tous les clercs et les candidats aux ordres sacrés ainsi que les personnes consacrées et les laïcs à qui la mission catéchétique est confiée, en même temps qu’une préparation saine et solide, prévue par les normes ecclésiastiques générales, doivent être également bien instruits et formés aux rites et aux normes pratiques en ce qui concerne la relation entre les différents rites, notamment lorsque sont présentes sur le même territoire plusieurs Églises sui iuris (cf. OE 4). En outre, « Les fidèles chrétiens de toute Église de droit propre, même ceux de l’Église latine, qui en raison de leur office, de leur ministère ou de leur charge ont de fréquentes relations avec les fidèles chrétiens d’une autre Église de droit propre, doivent, selon l’importance de l’office, du ministère ou de la charge qu’ils remplissent, être formés avec soin à la connaissance et à l’estime du rite de cette Église »[15].

LES ÉGLISES PARTICULIÈRES

  1. « L’Église particulière ou diocèse est le lieu où l’Évangile est annoncé, transmis et vécu »[16]. L’Église particulière est la portion du peuple de Dieu rassemblée « dans le Saint-Esprit […] en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique » (CD 11). La raison en est que les structures constitutives de l’Église y sont présentes : l’Évangile, les sacrements, l’épiscopat qui, assisté par le prêtre, est chargé du soin pastoral. L’Église particulière « est l’Église incarnée en un espace déterminé, dotée de tous les moyens de salut donnés par le Christ, mais avec un visage local »[17]. Église dans la plénitude, elle n’est pas seule, mais dans la communion de toutes les Églises. Il n’existe donc qu’un seul peuple, « un seul Corps […] un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 4-5). L’échange mutuel est intense et « seule une attention permanente aux deux pôles de l’Église nous permettra de percevoir la richesse de ce rapport entre Église universelle et Églises particulières »[18].
  2. Comme l’Église universelle, presque chaque Église particulière est sujet de l’évangélisation. Ce qui la constitue devient la source de sa mission. En effet, c’est précisément par son intermédiaire que les hommes entrent en contact avec une communauté, écoutent la Parole de Dieu, deviennent chrétiens avec le baptême et se rassemblent pour l’assemblée eucharistique qui, présidée par l’évêque, est la principale manifestation de l’Église (cf. SC 41).
  3. Munies de tous les moyens par l’Esprit Saint, il appartient aux Églises particulières de poursuivre l’œuvre d’évangélisation, contribuant au bien de l’Église universelle. Réunies par la Parole de Dieu, elles sont appelées à la proclamer et à la diffuser. Acceptant le défi évangélisateur, la Parole de Dieu nécessite d’atteindre les zones les plus éloignées, en s’ouvrant à toutes les périphéries. De plus, en vivant dans un espace déterminé, les Églises particulières évangélisent en prenant racine dans l’histoire, la culture, les traditions, les langages et les problèmes de leur propre peuple. La Parole de Dieu « sert et assume toutes les capacités, les ressources et les formes de vie des peuples en ce qu’elles ont de bon ; en les assumant, elle les purifie, elle les renforce, elle les élève » (LG 13). Ainsi se réalise le don de la Pentecôte, grâce auquel l’Église « qui parle toutes les langues, comprend et embrasse dans sa charité toutes les langues, et triomphe ainsi de la dispersion de Babel » (AG 4).
  4. Chaque Église particulière est invitée à développer la catéchèse de la meilleure manière possible en tant qu’expression évangélisatrice au sein de son propre contexte culturel et social. Toute la communauté chrétienne est responsable de la catéchèse, même si seuls quelques-uns sont appelés par l’évêque à devenir catéchistes. Ceux-ci agissent et opèrent sous forme ecclésiale au nom de toute l’Église.
  5. La proposition catéchétique s’inscrit dans des contextes qui remettent parfois en cause les formes traditionnelles d’initiation et d’éducation à la foi. Effectivement, plusieurs Églises particulières et locales se sont engagées dans des processus de vérification et de renouvellement pastoraux, en identifiant des objectifs, en élaborant des projets et en lançant des initiatives diocésaines, nationales et continentales. Ce renouveau requiert également des communautés une réforme des structures. Le besoin se fait fortement sentir de tout placer sous l’angle de l’évangélisation, comme principe fondamental qui oriente toute l’action ecclésiale. La catéchèse participe également de cette transformation missionnaire, en créant d’abord des espaces et des propositions concrètes pour la première annonce et en repensant l’initiation chrétienne dans la perspective catéchuménale. En s’articulant de manière organique avec les autres dimensions de la pastorale et grâce à un discernement pastoral réaliste, il sera possible d’éviter le risque d’activisme, d’empirisme et de fragmentation des propositions

LES PAROISSES

  1. Nées de l’expansion missionnaire de l’Église, les paroisses sont reliées directement à l’Église particulière, dont elles sont comme une cellule (cf. AA 10). « Organisées localement sous un pasteur qui tient la place de l’évêque ; car, d’une certaine manière, elles représentent l’Église visible établie dans l’univers » (SC 42). Par leur intermédiaire, les communautés des hommes sont même physiquement atteintes par les moyens du salut, les principaux, parmi eux, étant la Parole de Dieu, le baptême et l’Eucharistie. « En définitive, la paroisse est fondée sur une réalité théologique, car c’est une communauté eucharistique »[19]. L’Eucharistie, lien de charité, appelle à avoir le souci des plus pauvres, « leur évangélisation [étant] présentée comme un signe de l’œuvre messianique » (PO 6).
  2. Les paroisses, fondées sur les piliers de la Parole de Dieu, des sacrements et de la charité, qui à leur tour présupposent un réseau de services, de ministères et de charismes, offrent « un exemple remarquable d’apostolat communautaire, car elle rassemble dans l’unité tout ce qui se trouve en elle de diversités humaines et elle les insère dans l’universalité de l’Église » (AA 10). Les paroisses montrent le visage du peuple de Dieu qui s’ouvre à tous, sans préférence vis-à-vis des personnes. Elles constituent « le milieu où d’ordinaire les hommes naissent et grandissent dans la foi. Elle est donc un espace communautaire très adapté où le ministère de la Parole se fait à la fois enseignement, éducation et expérience de vie »[20].
  3. L’importance des paroisses ne peut occulter les difficultés d’aujourd’hui, dictées par l’évolution des espaces historiques, sociaux et culturels dans lesquels elles sont nées. Des phénomènes tels que l’urbanisation, le nomadisme, les flux migratoires, le déclin numérique du clergé pèsent lourd sur la situation actuelle. Il convient d’initier un processus de conversion missionnaire qui ne se contente pas de maintenir ce qui existe déjà ou d’assurer l’administration des sacrements, mais qui aille en direction de l’évangélisation. « La paroisse n’est pas une structure caduque ; précisément parce qu’elle a une grande plasticité, elle peut prendre des formes très diverses qui demandent la docilité et la créativité missionnaire du pasteur et de la communauté. Même si, certainement, elle n’est pas l’unique institution évangélisatrice, si elle est capable de se réformer et de s’adapter constamment, elle continuera à être “l’Église elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles”. Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes »[21].
  4. Les paroisses sont désormais contraintes de renouveler la dynamique relationnelle, d’ouvrir leurs structures et de les rendre moins bureaucratiques. En se proposant comme communautés de communautés[22], elles seront, pour les mouvements et les petits groupes, un soutien et un point de référence pour vivre dans la communion leur activité évangélisatrice. Dans certaines Églises, surgissent de nouvelles formes d’organisation interne au diocèse, dénommées unités pastorales, qui prévoient l’expansion de la participation ministérielle. Présentes sous différents modèles, elles visent à mener à bien l’évangélisation au moyen d’une pastorale organique et d’ensemble de manière innovante et créative.
  5. La dynamique de la conversion missionnaire implique que la paroisse s’interroge sur le type de catéchèse qu’elle propose, notamment dans les nouveaux contextes sociaux et culturels. Elle reste un lieu privilégié pour l’éducation à la foi, tout en étant consciente de ne pas être le centre de gravité de toute la fonction catéchétique, car il existe d’autres parcours et propositions ecclésiales qui ne sont pas strictement liés aux structures existantes. La communauté paroissiale saura engager le dialogue avec ces réalités, reconnaître leur valeur et parvenir à un discernement pastoral sur les nouvelles modalités de présence évangélisatrice sur le terrain.
  6. La nécessité d’un élan évangélisateur renouvelé motive le choix de repenser sur le plan missionnaire toutes les actions pastorales de la communauté chrétienne, même les plus ordinaires et traditionnelles. La catéchèse est également concernée par la nécessité d’une conversion missionnaire à laquelle la paroisse est appelée. De plus, elle y contribue elle-même, lorsqu’elle permet à la première annonce d’innerver tous ses processus de conversion. Pour un renouvellement de la proposition catéchétique paroissiale, il est bon de considérer certains aspects.
    a.Communauté de disciples missionnaires : au cœur de la proposition évangélisatrice de la paroisse, il n’y a pas avant tout une stratégie pastorale, encore moins un groupe élitiste et exclusif de personnes parfaites et d’experts, mais une communauté de disciples missionnaires, d’hommes qui font l’expérience vivante du Christ ressuscité et vivent de nouvelles relations générées par lui. Une communauté chrétienne qui, aussi dans la faiblesse de ses membres et dans la petitesse de ses ressources, vit cette fraternité mystique, devenue elle-même la première annonce naturelle de la foi.
    b. Mentalité missionnaire : il s’agit avant tout de développer une nouvelle vision de la réalité, en passant d’une proposition pastorale faite d’idées, de projets, de schémas à une ouverture à l’action du Ressuscité et de son Esprit qui précède toujours la sienne. Dans ce contexte, la catéchèse paroissiale peut aussi se lire à la lumière d’un double mouvement réciproque vis-à-vis des personnes et est appelée à intérioriser de nouveaux styles relationnels et communicatifs : par exemple, on passe de l’accueil au fait de se laisser accueillir ; du fait d’avoir la parole, et de gérer la communication, au fait de donner la parole, en reconnaissant toujours avec étonnement la libre initiative de Dieu. Cette tension missionnaire invite la catéchèse à se décentrer, à se mettre à lécoute et en sortie vers les expériences de vie des personnes, en les illuminant de l’Évangile. Cette opération de décentralisation, qui concerne avant tout les attitudes mentales, peut aussi s’exprimer du point de vue des espaces physiques : la joie qu’a l’Église de communiquer Jésus-Christ « s’exprime tant dans sa préoccupation de l’annoncer en d’autres lieux qui en ont plus besoin, qu’en une constante sortie vers les périphéries de son propre territoire ou vers de nouveaux milieux sociaux-culturels »[23].
    c. Propositions formatives dinspiration catéchuménale : la communauté paroissiale sait offrir, en particulier pour les jeunes et les adultes, des parcours de formation intégrale dans lesquels il est possible d’accueillir et d’approfondir de manière existentielle le kérygme, en appréciant sa beauté. Une proposition catéchétique qui ne sait pas s’harmoniser avec les autres actions pastorales court le risque de se présenter comme une théorie certes correcte mais peu pertinente pour la vie, peinant ainsi à manifester réellement la bonté de l’Évangile pour les hommes et les femmes de notre temps.

LES ASSOCIATIONS, LES MOUVEMENTS ET LES GROUPES DE FIDÈLES

  1. La reconnaissance des paroisses ne conduit pas à y enfermer l’expérience ecclésiale. Après le concile Vatican II, les associations, les mouvements et les différents groupes ecclésiaux ont connu un nouvel essor. Ils constituent une réalité dans l’Église qui montre une grande capacité d’évangélisation, en pénétrant dans des environnements souvent éloignés des structures traditionnelles. Les associations de fidèles ont accompagné l’histoire chrétienne et ont été une source de renouveau et d’apostolat. Il faut donc les favoriser, en reconnaissant que l’Esprit distribue librement ses charismes (cf. 1 Co 12, 11). « Les mouvements représentent un véritable don de Dieu pour la nouvelle évangélisation et pour l’activité missionnaire »[24]. Bien que la finalité et les méthodologies soient très différentes, certains éléments communs émergent : la redécouverte de la dimension communautaire ; le renforcement d’aspects de la vie chrétienne tels que l’écoute de la Parole, la pratique de la piété, la charité ; la promotion des laïcs dans la mission ecclésiale et sociale.
  2. L’Église a reconnu le droit d’association des fidèles en le fondant sur la dimension sociale de la nature humaine et sur la dignité baptismale. « La raison la plus profonde […] [est] ecclésiologique, comme le reconnaît ouvertement le concile Vatican II, qui voit dans l’apostolat associé un “signe de la communion et de l’unité de l’Église dans le Christ” (AA 18) »[25]. Des difficultés peuvent parfois surgir, inhérentes pour la plupart au risque d’un parcours exclusif, à un sens excessif de l’identification et à une insertion insuffisante dans les Églises particulières, avec lesquelles elles doivent au contraire toujours prendre soin de la communion. Les critères decclésialité[26] sont une aide importante pour surmonter les difficultés et témoigner de l’unité. Les institutions ecclésiales « sont une richesse de l’Église que l’Esprit suscite pour évangéliser tous les milieux et secteurs. Souvent elles apportent une nouvelle ferveur évangélisatrice et une capacité de dialogue avec le monde qui renouvelle l’Église. Mais il est très salutaire qu’elles ne perdent pas le contact avec cette réalité si riche de la paroisse du lieu, et qu’elles s’intègrent volontiers dans la pastorale organique de l’Église particulière »[27].
  3. Une certaine maturité est désormais acquise par les communautés ecclésiales de base, promues par diverses conférences épiscopales et très répandues dans certains pays. Elles ont favorisé le renouvellement de la mission : en partant de l’écoute de la Parole de Dieu ; en enracinant l’Évangile dans la culture et la situation des populations locales, en particulier parmi les pauvres ; en favorisant des expériences de vie communautaire plus accueillantes ; en faisant en sorte que les personnes participent de manière plus consciente à l’évangélisation. « Elles sont un signe de la vitalité de l’Église, un instrument de formation et d’évangélisation, un bon point de départ pour aboutir à une nouvelle société fondée sur la “civilisation de l’amour” […]. Si elles vivent vraiment dans l’unité de l’Église, elles sont une authentique expression de communion et un moyen pour construire une communion plus profonde. Elles constituent donc un motif de grande espérance pour la vie de l’Église »[28].
  4. Ces associations, ces mouvements et ces groupes ecclésiaux, afin de cultiver toutes les dimensions fondamentales de la vie chrétienne, accordent une importance particulière au moment de la formation. « Ils ont, en effet, chacun avec ses méthodes propres, la possibilité d’offrir une formation profondément ancrée dans l’expérience même de la vie apostolique ; ils ont également l’occasion de compléter, de concrétiser et de spécifier la formation que leurs membres reçoivent d’autres maîtres ou d’autres communautés »[29]. Les parcours de formation, qui approfondissent le charisme spécifique de chacune de ces réalités, ne peuvent être une alternative à la catéchèse, qui reste essentielle dans la formation chrétienne. Il est donc crucial que les associations, les mouvements ou les groupes réservent de façon ordinaire un temps consacré à la catéchèse.
  5. Concernant la catéchèse au sein de ces groupes, il convient de considérer certains aspects :
    a. la catéchèse est invariablement l’œuvre de l’Église et, par conséquent, le principe d’ecclésialité de la catéchèse doit toujours être évident. Les associations, les mouvements et les groupes particuliers s’accorderont donc sur les plans pastoraux diocésains ;
    b.il est nécessaire de respecter la nature propre de la catéchèse, en développant toute sa richesse et en se formant à toutes les dimensions de la vie chrétienne, selon la sensibilité et le style d’apostolat propres à chaque charisme ;
    c. la paroisse est appelée à apprécier la catéchèse qui se déroule au sein de ces groupes car elle implique souvent les personnes de façon plus globale et dépasse les limites paroissiales.

L’ÉCOLE CATHOLIQUE

  1. « Tout autant que les autres écoles, [L’école catholique] poursuit des fins culturelles et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en propre, c’est de créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique […] et finalement d’ordonner toute la culture humaine à l’annonce du salut de telle sorte que la connaissance graduelle que les élèves acquièrent du monde, de la vie et de l’homme, soit illuminée par la foi » (GE 8). Les caractéristiques suivantes sont brièvement à relever : l’harmonie dans l’optique de formation de l’école publique ; l’originalité d’une communauté éducative imprégnée des valeurs évangéliques ; l’attention aux jeunes ; le souci d’éduquer à une synthèse entre foi, culture et vie.
  2. « Un tournant décisif dans l’histoire de l’école catholique [est] le passage de l’institution scolaire à l’école-communauté », où « la dimension communautaire en tant que telle n’est pas une simple catégorie sociologique, mais surtout théologique »[30]. L’école catholique est une communauté de foi fondée sur un projet éducatif caractérisé par des valeurs évangéliques. La dimension communautaire doit être vécue concrètement, en forgeant un style relationnel sensible et respectueux. Ce projet suppose l’implication de toute la communauté scolaire, y compris les parents, en plaçant toujours au centre les élèves, qui grandissent ensemble, dans le respect des rythmes de chacun. De leur côté, « les maîtres ne l’oublient pas : c’est d’eux avant tout qu’il dépend que l’école catholique soit en mesure de réaliser ses buts et ses desseins » (GE 8).
  3. L’école catholique est un sujet ecclésial, qui rend visible la mission de l’Église surtout dans les domaines de l’éducation et de la culture. Elle a comme point de référence l’Église particulière, vis-à-vis de laquelle elle n’est pas un corps étranger. Par conséquent, son identité catholique et son rôle dans l’évangélisation ne peuvent être exclus ou marginalisés. « C’est de l’identité catholique, en effet, qu’émergent les traits d’originalité de l’école qui se “structure” comme sujet ecclésial, comme lieu d’une authentique action pastorale spécifique. L’école partage la mission évangélisatrice de l’Église et est un lieu privilégié où se réalise l’éducation chrétienne »[31]. Le ministère de la parole peut s’exercer dans l’école catholique sous de multiples formes, en tenant compte des différentes zones géographiques, de l’identité culturelle et des destinataires. Lenseignement de la religion catholique et la catéchèse revêtent une importance particulière.
  4. Les raisons pour lesquelles les élèves ou leurs familles préfèrent les écoles catholiques peuvent être diverses. Le pluralisme des choix doit être respecté. Cependant, même lorsque la raison du choix concerne la qualité du projet de formation, la catéchèse et l’enseignement de la religion catholique sont présentés avec toute leur valeur culturelle et pédagogique. « L’école catholique, en s’engageant à promouvoir l’homme dans son intégrité, le fait, en obéissant à la sollicitude de l’Église, dans la conscience que toutes les valeurs humaines trouvent leur réalisation plénière et par conséquent leur unité dans le Christ »[32]. Dans un contexte de pluralisme culturel et religieux, il incombe aux conférences épiscopales et aux évêques à titre individuel de veiller à ce que la conduite de la catéchèse ou de l’enseignement de la religion catholique soit garantie dans son intégralité et sa cohérence.

L’ENSEIGNEMENT DE LA RELIGION CATHOLIQUE À L’ÉCOLE

  1. L’enseignement scolaire de la religion catholique a subi d’importants changements au fil du temps. Son rapport à la catéchèse est une question de distinction dans la complémentarité. Lorsque la distinction n’est pas claire, le risque existe que les deux perdent leur propre identité. La catéchèse « favorise l’adhésion personnelle au Christ et la maturation de la vie chrétienne. L’enseignement scolaire, par contre, transmet aux élèves des connaissances concernant l’identité du christianisme et de la vie chrétienne »[33]. « Ce qui confère à l’enseignement de la religion à l’école sa caractéristique, c’est qu’il est appelé à pénétrer le milieu culturel et à entrer en relation avec d’autres formes du savoir. En tant que forme originale du ministère de la Parole, en effet, cet enseignement insère l’Évangile dans le processus personnel d’assimilation, systématique et critique, de la culture »[34]. Dans le contexte actuel, « dans de nombreux cas, celui-ci représente pour les étudiants une occasion unique de contact avec le message de la foi »[35].
  2. Là où il est mis en œuvre, il est un service rendu à l’homme et une précieuse contribution au projet éducatif de l’école. « La dimension religieuse est intrinsèque au fait culturel, elle concourt à la formation globale de la personne et permet de transformer la connaissance en sagesse de vie »[36]. Recevoir une formation intégrale est un droit des parents et des élèves, car le facteur religieux est une dimension de l’existence et ne peut être ignoré dans un contexte comme l’école, qui propose le développement harmonieux de la personnalité. L’enseignement de la religion catholique, en ce sens, a une grande valeur éducative et sert le développement de la société elle-même.
  3. En tant que discipline scolaire, il est nécessaire que l’enseignement de la religion catholique présente la même exigence de systématicité et de rigueur que les autres disciplines car, tout particulièrement dans ce domaine, l’improvisation est dommageable et doit être refusée. Il est impératif que ses objectifs soient atteints conformément aux objectifs de l’institution scolaire. Par rapport aux autres disciplines, l’enseignement de la religion catholique est appelé à faire mûrir la disposition à un dialogue respectueux et ouvert, surtout en cette période où les positions se raidissent facilement pour aboutir à de violents affrontements idéologiques. « À travers la religion peut donc passer le témoignage et le message d’un humanisme intégral, nourri de l’identité propre et de la valorisation de ses grandes traditions, telles que la foi, le respect de la vie humaine de la conception jusqu’à son terme naturel, la famille, la communauté, l’éducation et le travail : occasions et instruments, non de fermeture mais d’ouverture et de dialogue avec tous et avec tout ce qui conduit au bien et à la vérité. Le dialogue demeure la seule solution possible, y compris face à la négation du religieux, à l’athéisme, à l’agnosticisme »[37].
  4. « On ne peut réduire à une seule forme tous les modèles d’enseignement de la religion à l’école qui sont apparus au cours de l’histoire, suite aux conventions avec les États et aux délibérations des conférences épiscopales. Il est pourtant nécessaire de s’engager afin que cet enseignement, selon ses présupposés, réponde à sa finalité et à ses caractéristiques particulières »[38]. Compte tenu des situations locales, les conférences épiscopales (et, dans les cas particuliers, les évêques diocésains) auront à discerner les différentes orientations pour actualiser l’enseignement de la religion catholique. En outre, il est demandé aux Conférences épiscopales de s’assurer que des manuels et, le cas échéant, d’autres outils et aides appropriés sont disponibles.
  5. Il est souhaitable que les conférences épiscopales accordent une attention analogue à l’enseignement de la religion dans les écoles où sont présents des membres de différentes confessions chrétiennes, que cette tâche soit confiée à des enseignants d’une confession spécifique ou à des enseignants n’ayant aucune appartenance confessionnelle. Cet enseignement revêt cependant une valeur œcuménique lorsque la doctrine chrétienne est présentée en toute sincérité. En ce sens, la disponibilité au dialogue, bien que plus difficile à mettre en œuvre, devrait également inspirer les relations avec les nouveaux mouvements religieux d’origine chrétienne et d’inspiration évangélique apparus plus récemment.
  6. Pour que l’enseignement de la religion catholique soit fructueux, il est fondamental que les enseignants soient en mesure de corréler la foi et la culture, la composante humaine et religieuse, la science et la religion, l’école et d’autres organismes éducatifs. L’engagement de l’enseignant est exclusivement éducatif, orienté vers la maturation humaine des élèves. Dans le même temps, les enseignants sont croyants et engagés dans une croissance personnelle de la foi, insérés dans une communauté chrétienne, et désireux de motiver leur propre foi également par leurs propres compétences professionnelles[39].

CHAPITRE X

LA CATÉCHÈSE FACE AUX SCÉNARIOS CULTURELS CONTEMPORAINS

  1. La catéchèse a une dimension culturelle et sociale intrinsèque, dans le sens où elle se situe dans une Église insérée dans la communauté humaine. Les disciples du Seigneur Jésus y partagent « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » (GS 1). Lire les signes des temps est une tâche toujours très utile, surtout à cette époque, perçue comme un tournant et marquée par des contradictions et, en même temps, par des désirs de paix et de justice, de rencontre et de solidarité. La catéchèse participe au défi ecclésial qui consiste à s’opposer aux processus fondés sur l’injustice, sur l’exclusion des pauvres, sur la primauté de l’argent, pour devenir au contraire un signe prophétique de promotion et de vie plénière pour tous. Il s’agit là non seulement de thèmes auxquels il faut accorder de l’espace, mais d’attentions constitutives de la catéchèse et de la pastorale ecclésiale ; ce sont les signes d’une catéchèse pleinement au service de l’inculturation de la foi. Ci-dessous sont mises en lumière certaines questions culturelles, sociales et religieuses qui invitent les chrétiens à se souvenir qu’« évangéliser c’est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu »[40].

LA CATÉCHÈSE EN SITUATION DE PLURALISME ET DE COMPLEXITÉ

  1. La culture contemporaine est une réalité très complexe car, en raison des phénomènes de mondialisation et de l’utilisation massive des moyens de communication, les connexions et les interdépendances se sont accrues entre des problèmes et des secteurs, qui par le passé pouvaient être considérés séparément et qui aujourd’hui nécessitent plutôt une approche intégrée. Dans le monde actuel, en effet, se fondent ensemble et en permanence les progrès de la connaissance et les tendances culturelles, la mondialisation des modèles de vie et les conditionnements des systèmes économico-politiques, l’appartenance ethnique et religieuse, les anciennes et les nouvelles questions sociales, ce qui engendre des situations concrètes variées et fluctuantes. Dans des conditions d’une telle complexité, les hommes et les femmes se positionnent face à la vie et à la foi de manière très diversifiée, ce qui donne lieu à un pluralisme culturel et religieux particulièrement accentué et difficile à cataloguer.
  2. Cette réalité, si hétérogène et changeante tant du point de vue socioculturel que religieux, demande à être lue de telle manière qu’on en saisisse la figure polyédrique[41] et que chaque aspect conserve sa validité et sa particularité même dans les liens variés avec la totalité. Cette approche interprétative permet de lire les phénomènes sous différents points de vue, mais en les mettant en relation les uns avec les autres. Il est important que l’Église, qui veut donner la beauté de la foi à tous et à chacun, soit consciente de cette complexité et pose un regard plus profond et plus perspicace sur la réalité. Une telle condition oblige encore davantage à adopter la perspective synodale comme une méthodologie cohérente avec le parcours que la communauté est appelée à accomplir. Il s’agit d’un chemin commun vers lequel convergent des présences et des rôles divers afin que l’évangélisation soit menée à bien de manière plus participative.
  3. Sur le plan plus strictement religieux, il existe de nombreux contextes locaux dans lesquels l’Église vit dans un environnement œcuménique ou multireligieux. Or, souvent, précisément parmi les chrétiens, se développent des formes d’indifférence et d’insensibilité religieuses, de relativisme ou de syncrétisme sur fond de vision séculariste qui nie toute ouverture à la transcendance. Face aux défis lancés par une certaine culture, la première réaction peut être de se sentir confus et désemparé, incapable d’évaluer les phénomènes sous-jacents et de s’y confronter. Cela ne peut laisser indifférente la communauté chrétienne, appelée non seulement à annoncer l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas, mais aussi à soutenir ses enfants dans la conscience de leur propre foi. La valeur que la culture actuelle reconnaît à la liberté en ce qui concerne le choix de sa foi peut être comprise comme une précieuse opportunité pour que l’adhésion au Seigneur soit un acte profondément personnel et gratuit, mûri et conscient. C’est pourquoi, le lien profond que la catéchèse doit avoir avec l’évangélisation devient une évidence. Chez les chrétiens, elle forme une identité claire et sûre, capable en toute sérénité, en dialoguant avec le monde, de donner raison à l’espérance chrétienne, avec douceur, respect et une conscience juste (cf. 1 P 3, 15-16).
  4. D’un point de vue socioculturel, il est indéniable que les processus de communication de masse ont connu une accélération importante et ont grandement contribué à produire une mentalité mondiale qui, si elle offre d’un côté à chacun, et immédiatement, la possibilité de se sentir membre de la grande famille humaine en partageant des projets et des ressources, de l’autre s’affadit et s’homogénéise, finissant par faire des personnes les victimes d’un pouvoir souvent anonyme. De plus, « nous vivons dans une société de l’information qui nous sature sans discernement de données, toutes au même niveau, et qui finit par nous conduire à une terrible superficialité au moment d’aborder les questions morales. En conséquence, une éducation qui enseigne à penser de manière critique et qui offre un parcours de maturation dans les valeurs, est devenue nécessaire »[42].
  5. La communauté ecclésiale est appelée à regarder avec un esprit de foi la société dans laquelle elle vit, à « découvrir le fondement des cultures, qui au plus profond d’elles-mêmes sont toujours ouvertes et assoiffées de Dieu »[43], à interpréter les signes des changements culturels et à les traduire en actes afin de porter l’Évangile de la joie qui renouvelle et vivifie tout. C’est pourquoi elle sera désireuse d’entrer dans ces carrefours de lexistence, ces domaines anthropologiques et ces aréopages modernes où se créent les tendances culturelles et se façonnent les nouvelles mentalités : l’école, la recherche scientifique et le secteur du travail ; les médias sociaux et ceux de la communication ; les domaines œuvrant pour la paix, le développement, la sauvegarde de la création, la défense des droits des plus faibles ; le monde des loisirs, du tourisme, du bien-être ; la sphère de la littérature, de la musique et des diverses expressions artistiques.
  6. Le visage multiforme de la réalité, marqué par des éléments ambivalents du pluralisme religieux et culturel est, en dernière analyse, visible chez l’homme en tant qu’individu, dont la physionomie intérieure est aujourd’hui particulièrement dynamique, complexe et polyédrique. Servir l’homme de manière concrète est la raison ultime pour laquelle l’Église regarde les cultures humaines et, dans une attitude d’écoute et de dialogue, examine tout avec discernement et retient ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 21). L’Église particulière, et en elle chaque communauté chrétienne ou groupe ecclésial, sera l’agent de ce discernement pastoral tenu de formuler la compréhension du kérygme pour qu’elle soit plus adaptée aux différentes mentalités, afin que le processus de la catéchèse soit véritablement inculturé dans les multiples situations et que l’Évangile illumine la vie de chacun. L’évaluation pastorale tiendra également compte de certains espaces humains qui ont des caractéristiques typiques : le contexte urbain des grandes villes, le contexte rural et celui des cultures locales traditionnelles.

Le contexte urbain

  1. La réalité de la ville et, en particulier, des grandes agglomérations métropolitaines est un phénomène multiforme et mondial qui devient de plus en plus déterminant pour l’humanité car, en touchant de diverses manières le caractère concret de la vie quotidienne, il influe sur la compréhension que l’homme a de lui-même, des relations qu’il vit, du sens même de la vie. Dans les villes modernes, par rapport aux cultures rurales ou à la situation urbaine précédente, les modèles culturels sont souvent générés par d’autres institutions, et non plus par la communauté chrétienne, avec « d’autres langages, symboles, messages et paradigmes qui offrent de nouvelles orientations de vie, souvent en opposition avec l’Évangile de Jésus »[44]. Cela ne signifie pas que le sens religieux soit absent de la vie urbaine, même s’il est médiatisé par des formes différentes, qu’il faut donc découvrir et apprécier. L’Église est appelée à se mettre avec humilité et audace sur les traces de la présence de Dieu et à « reconnaître la ville à partir d’un regard contemplatif, c’est-à-dire un regard de foi qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places »[45], en devenant, face aux ambivalences et contradictions de la vie sociale, « cette présence prophétique qui sache élever la voix quand il s’agit des valeurs et des principes du Royaume de Dieu »[46].
  2. Dans le sillage d’une présence pastorale qui sait illuminer par la parole du Seigneur le cœur de la ville « là où se forment les nouveaux récits et paradigmes »[47], la proposition catéchétique sera une annonce kérygmatique transparente, humanisante et chargée d’espérance au regard de la ségrégation, de l’inhumanité et de la violence qui se manifestent souvent dans les grands contextes urbains. « La proclamation de l’Évangile sera une base pour rétablir la dignité de la vie humaine dans ces contextes, parce que Jésus veut répandre dans les villes la vie en abondance (cf. Jn 10, 10) »[48].
  3. Si la vie urbaine peut être pour de nombreuses personnes une occasion unique de s’ouvrir à de nouvelles perspectives, de vivre le partage fraternel et de réaliser sa propre vie, souvent elle devient paradoxalement le lieu de la plus grande solitude, de la désillusion et de la méfiance, comme si elle se transformait en un espace où différentes catégories sociales finissent par vivre ensemble, tout en s’ignorant ou en se méprisant. C’est donc l’occasion de proposer de nouveau et de manière créative une catéchèse inspirée du catéchuménat, capable d’offrir des contextes communautaires de foi dans lesquels, en vainquant l’anonymat, la valeur de chaque personne est reconnue, chacun se voyant offrir le baume de la foi pascale pour apaiser ses blessures. Dans le cadre du processus catéchétique, il est possible « d’imaginer des espaces de prière et de communion avec des caractéristiques innovantes, plus attirantes et significatives pour les populations urbaines »[49], avec la création, par exemple, de signes et de récits qui restituent ce sentiment d’appartenance à la communauté qui, en ville, peut facilement venir à manquer. Une catéchèse urbaine d’inspiration catéchuménale peut transformer la paroisse en une communauté de communautés qui, en permettant de faire l’expérience d’une réelle proximité fraternelle, révèle la maternité de l’Église et offre un témoignage concret de miséricorde et de tendresse, qui donne une orientation et un sens à la vie même de la ville.

Le contexte rural

  1. Malgré l’importance du processus d’urbanisation en cours, nous ne pouvons pas oublier les nombreux contextes ruraux dans lesquels vivent diverses populations et où l’Église est présente, en y partageant leurs joies et leurs souffrances. À notre époque, cette proximité doit être réitérée et renouvelée pour aider les communautés du monde rural à s’orienter face à des changements qui risquent de balayer leur identité et leurs valeurs. La terre est l’espace où il est possible de faire l’expérience de Dieu, le lieu où il se manifeste (cf. Ps 19, 1-7). En elle – qui n’est pas le fruit du hasard, mais un don de son amour (cf. Gn 1-2) – le Créateur laisse transparaître sa proximité, sa providence et son attention pour tous les êtres vivants, en particulier pour la famille humaine. De la succession des saisons et des événements du monde agricole, Jésus lui-même a tiré certaines de ses plus belles paraboles et certains de ses plus beaux enseignements. Partant de la création pour atteindre le Créateur, la communauté chrétienne a toujours trouvé des voies d’annonce et de catéchèse, qu’il est sage de réemprunter d’une nouvelle manière.
  2. Cultiver la terre, prendre soin des plantes et des animaux, vivre l’alternance du jour et de la nuit, celle des semaines, des mois et des saisons constitue un appel à respecter les rythmes de la création, et à vivre le quotidien d’une manière saine et naturelle, en retrouvant ainsi du temps pour soi-même et pour Dieu. Tel est le message de foi que la catéchèse aide à découvrir, en montrant son accomplissement dans la nature cyclique de l’année liturgique et dans les éléments naturels adoptés par la liturgie. En outre, la culture paysanne porte, de façon plus visible, des valeurs qui ne sont pas encouragées dans la société de consommation d’aujourd’hui – telles que la simplicité et la sobriété dans le mode de vie, l’hospitalité et la solidarité dans les rapports sociaux, le sens du travail et de la fête, la sauvegarde de la création – qui sont une voie déjà ouverte pour l’annonce de l’Évangile. La catéchèse saura valoriser ce patrimoine, en mettant en avant son sens chrétien. Ce qui a été dit est un enrichissement pour toute l’Église qui est invitée à diffuser, grâce à ses parcours de formation, une réflexion sur le soin porté à la Création et sur les modes de vie.

Les cultures locales traditionnelles

  1. La tendance de la culture mondiale à tout uniformiser, l’irruption des moyens de communication de masse, les migrations à la recherche de meilleures conditions de vie ont fortement influencé les cultures locales traditionnelles. Dans de nombreux cas, « la mondialisation a provoqué une détérioration accélérée des racines culturelles, avec l’invasion de tendances appartenant à d’autres cultures, économiquement développées mais éthiquement affaiblies »[50]. Certaines contradictions inhérentes à la culture actuelle ont déjà été soulignées par le Conseil pour la promotion de la nouvelle évangélisation, comme, par exemple, l’harmonisation entre la culture mondiale et le caractère propre à chaque peuple ; entre la promotion de ce qui unit les peuples et la fidélité aux traditions locales (cf. GS 53-62). Cette réflexion s’impose de toute urgence, particulièrement là où les résultats du développement technico-scientifique doivent s’harmoniser avec les cultures traditionnelles. L’Église a toujours réitéré la nécessité d’accorder une attention particulière aux spécificités locales et à la diversité culturelle, exposées au risque d’être compromises par les processus économiques et financiers mondiaux.
  2. Dans divers pays, il existe des peuples autochtones (également appelés aborigènes ou indigènes), qui se caractérisent par le fait d’avoir leur langue, leurs rites et leurs traditions particulières et organisent la vie familiale et communautaire selon leurs propres coutumes. Certains de ces groupes ont depuis longtemps accepté la foi catholique comme partie intégrante de leur culture, en lui donnant une expression rituelle typique. Les acteurs pastoraux qui savent partager la vie avec eux et s’efforcent de connaître et d’aimer ces cultures locales, sans les juger erronées et sans les considérer comme le fruit de l’ignorance, découvrent « avec joie et respect les semences du Verbe qui s’y trouvent cachées » (AG 11). L’Église, en découvrant dans les peuples autochtones la présence du Saint-Esprit qui agit toujours, la conduit à son plein épanouissement en Christ. C’est pourquoi, « tout ce qu’on découvre de bon semé dans le cœur et l’esprit des hommes ou dans les rites particuliers et les cultures particulières des peuples, non seulement ne périt pas, mais est purifié, élevé et porté à son achèvement pour la gloire de Dieu » (AG 9).
  3. La catéchèse qui se déroule dans le contexte des cultures locales traditionnelles prendra tout particulièrement la peine de connaître les hommes avec lesquels elle s’engage dans un dialogue sincère et patient et cherchera à examiner ces cultures à la lumière de l’Évangile pour découvrir l’action de l’Esprit : « Il faut reconnaître là beaucoup plus que des semences du Verbe, étant donné qu’il s’agit d’une foi catholique authentique avec des modalités propres d’expressions et d’appartenance à l’Église[51]. Enfin, puisque chaque expression culturelle ainsi que chaque groupe social a besoin de purification et de maturation, elle saura comment manifester la plénitude et la nouveauté du Seigneur Jésus, qui guérit et libère de certaines faiblesses et distorsions.
  4. Être catéchiste pour les peuples autochtones nécessite de se défaire humblement de toutes attitudes d’orgueil et de mépris envers ceux qui appartiennent à une culture différente. Il faut éviter de se fermer et de condamner d’emblée, ainsi que de porter des jugements simplistes ou élogieux. Sans oublier d’être des disciples missionnaires du Seigneur, il faudra avoir l’audace de proposer des processus d’évangélisation et de catéchèse adaptés à la culture des peuples autochtones, sans jamais imposer la sienne. « Le christianisme n’a pas un modèle culturel unique. […] Chez les divers peuples, qui expérimentent le don de Dieu selon leur propre culture, l’Église exprime sa catholicité authentique et montre “la beauté de ce visage multiforme” »[52].
  5. Les catéchistes, qui opèrent parmi les peuples autochtones, se préoccuperont de :
  • ne pas agir seuls et en leur nom propre, mais en tant que personnes envoyées par l’Église locale et, mieux encore, en groupe avec d’autres disciples missionnaires ;
  • se présenter, le cas échéant, comme les continuateurs de l’œuvre d’évangélisation précédente ;
  • montrer immédiatement qu’ils ne sont mus que par la foi et non par des intentions politiques ou économiques, en exprimant leur proximité notamment avec les malades, les plus pauvres et les enfants ;
  • s’engager à connaître la langue, les rites, les coutumes autochtones, toujours en montrant un grand respect ;
  • participer à des rites et des célébrations, tout en sachant intervenir au moment opportun pour proposer quelques modifications, si nécessaire, surtout s’il existe un danger de syncrétisme religieux ;
  • organiser la catéchèse par tranches d’âge et célébrer les sacrements, en valorisant les fêtes traditionnelles.

La piété populaire

  1. La piété populaire, fruit de l’inculturation de la foi du peuple de Dieu dans un contexte donné, a pris des formes multiples en fonction des différentes sensibilités et cultures. Dans certaines communautés chrétiennes, il existe, comme un précieux trésor que possède l’Église, « des expressions particulières de la recherche de Dieu et de la vie religieuse, pleines de ferveur, riches d’une pureté d’intentions parfois émouvante, qui sont une dimension vitale de la réalité catholique. Elles méritent leur titre de piété populaire»[53], mais aussi « spiritualité populaire ou mystique populaire. Il s’agit d’une véritable “spiritualité incarnée dans la culture des simples”. Elle n’est pas vide de contenus, mais elle les révèle et les exprime plus par voie symbolique que par l’usage de la raison instrumentale, et, dans l’acte de foi, elle accentue davantage le credere in Deum que le credere Deum »[54]. « Pour comprendre cette réalité il faut s’en approcher avec le regard du Bon Pasteur, qui ne cherche pas à juger mais à aimer. C’est seulement à partir d’une connaturalité affective que donne l’amour que nous pouvons apprécier la vie théologale présente dans la piété des peuples chrétiens, spécialement les pauvres »[55].
  2. La piété populaire a une signification spirituelle incontestable, car « elle traduit une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître. Elle rend capable de générosité et de sacrifice jusqu’à l’héroïsme, lorsqu’il s’agit de manifester la foi. Elle comporte un sens aigu d’attributs profonds de Dieu : la paternité, la providence, la présence amoureuse et constante. Elle engendre des attitudes intérieures rarement observées ailleurs au même degré : patience, sens de la croix dans la vie quotidienne, détachement, ouverture aux autres, dévotion »[56]. En outre, la piété populaire revêt également une signification sociale, car c’est une possibilité de guérir les faiblesses – telles que le machisme, l’alcoolisme, la violence domestique, la superstition – que certaines cultures populaires présentent parfois[57].
  3. La piété populaire célèbre les mystères de la vie de Jésus-Christ, et surtout sa passion, vénère avec tendresse la Mère de Dieu, les martyrs et les saints, prie pour les défunts. Elle s’exprime à travers la vénération des reliques, les visites de sanctuaires, les pèlerinages, les processions, le chemin de croix, les danses religieuses, le rosaire, les médailles et autres exercices de piété individuels, familiaux et communautaires. « Dans le climat de sécularisation où vivent nos peuples, la piété populaire continue à être une puissante confession du Dieu vivant qui agit dans l’histoire et un canal de transmission de la foi »[58], constituant quasiment une réserve de foi et d’espérance pour une société en train de perdre ses références à Dieu. En ce sens, la piété populaire, « expression authentique de l’action missionnaire spontanée du Peuple de Dieu […] où l’Esprit Saint est l’agent premier »[59] est « un lieu théologique auquel nous devons prêter attention, en particulier au moment où nous pensons à la nouvelle évangélisation »[60].
  4. On ne peut cependant nier qu’elle a également besoin de vigilance et de purification, car elle est « fréquemment ouverte à la pénétration de maintes déformations de la religion voire de superstitions. Elle reste souvent au niveau de manifestations culturelles sans engager une véritable adhésion de foi. Elle peut même mener à la formation de sectes et mettre en danger la vraie communauté ecclésiale »[61]. De plus, les formes de dévotion populaire sont sujettes à l’usure du temps, de sorte qu’elles continuent souvent à être pratiquées par tradition par des personnes qui n’ont cependant plus conscience de leur sens d’origine. Ces risques sont accrus en raison de la culture médiatique, qui a tendance à accentuer les aspects émotionnels et la quête de sensationnel des phénomènes religieux, parfois uniquement pour des intérêts économiques.
  5. La catéchèse veillera surtout à apprécier le pouvoir évangélisateur des expressions de la piété populaire, en les intégrant et en les valorisant dans son processus de formation et en se laissant inspirer par l’éloquence naturelle des rites et des signes du peuple, en ce qui concerne la préservation de la foi et sa transmission de génération en génération. En ce sens, de nombreuses pratiques de piété populaire constituent un chemin déjà tout tracé pour la catéchèse. De plus, la catéchèse tentera de ramener certaines manifestations de piété populaire à leurs racines évangéliques, trinitaires, christologiques et ecclésiales, en les purifiant des déformations ou des attitudes erronées et en leur offrant l’occasion d’un nouvel engagement dans la vie chrétienne. En interprétant avec sagesse les éléments constitutifs des pratiques de dévotion et en reconnaissant la valeur de ses aspects précieux, la catéchèse montre leur lien avec les Écritures et la liturgie, en particulier avec l’Eucharistie dominicale, afin qu’elles conduisent à une appartenance ecclésiale plus sincère, un témoignage quotidien authentique et une charité effective à l’égard des pauvres.

Le sanctuaire et le pèlerinage

  1. La visite des sanctuaires est une manifestation particulière de la spiritualité populaire. Les sanctuaires, qui possèdent « dans l’Église une “grande valeur symbolique” » et « sont encore perçus comme des espaces sacrés vers lesquels les pèlerins vont pour trouver un moment de repos, de silence et de contemplation dans la vie souvent frénétique de notre époque », sont de véritables lieux « d’évangélisation où, de la première annonce jusqu’à la célébration des mystères sacrés, se manifeste l’action puissante par laquelle la miséricorde de Dieu travaille dans la vie des personnes »[62]. Le service pastoral des sanctuaires est une occasion propice à l’annonce et à la catéchèse, liées à la mémoire, au « message particulier, au charisme que le Seigneur lui a confié et que l’Église a reconnu et au patrimoine souvent très enrichi par des traditions et des coutumes établies »[63].
  2. L’expérience du pèlerinage, qui en tant que telle a une grande valeur, est liée à la pastorale des sanctuaires. En effet, « La décision de partir vers le sanctuaire est déjà un acte de foi, le cheminement est un véritable chant d’espérance, et l’arrivée est une rencontre d’amour »[64]. En redécouvrant la racine biblique et le sens anthropologique du chemin et en marchant sur les pas des nombreux saints pèlerins, la communauté chrétienne saura proposer le pèlerinage comme un instrument fécond d’annonce et de croissance dans la foi.

LA CATÉCHÈSE DANS UN CONTEXTE ŒCUMÉNIQUE ET DE PLURALISME RELIGIEUX

  1. Le phénomène de la mobilité humaine, tant pour des raisons d’études et de travail que pour fuir des situations de violence ou de guerre, a de fait permis la rencontre de peuples différents, également sur de nouveaux territoires, par rapport à ceux qui ont toujours connu la présence d’autres Églises et communautés chrétiennes ou de différentes religions. La coexistence dans les écoles, les universités et dans d’autres milieux de vie de diverses confessions ou l’augmentation du nombre de mariages mixtes poussent l’Église à reconsidérer sa pastorale et sa proposition catéchétique, en référence aux situations concrètes qui se créent.

La catéchèse dans un contexte œcuménique

  1. L’Église, qui est par nature une réalité dialogale[65] en tant qu’image de la Trinité animée par l’Esprit Saint, est engagée de manière irréversible dans la promotion de l’unité de tous les disciples du Christ. Comme toutes les actions ecclésiales, la catéchèse elle-même est intrinsèquement marquée par une dimension œcuménique, dans le sillage du mouvement, suscité par l’Esprit, qui pousse l’Église catholique à rechercher avec les autres Églises ou confessions chrétiennes l’unité parfaite voulue par le Seigneur, en se fondant sur le baptême, sur la Sainte Écriture, sur le patrimoine de la foi qui est commun et, en particulier aujourd’hui, sur la forte expérience partagée du martyre[66]. D’un côté, l’annonce de l’Évangile et la catéchèse sont au service du dialogue et de la formation œcuménique ; de l’autre, le même engagement en faveur de l’unité des chrétiens est un moyen et un outil d’évangélisation crédible dans le monde[67].
  2. La catéchèse, en particulier dans les contextes où les divisions entre chrétiens sont les plus visibles, se préoccupera de :
    a. affirmer que la division est une blessure grave qui contredit la volonté du Seigneur et que les catholiques sont invités à participer activement au mouvement œcuménique, notamment par la prière (cf. UR 1 et 8) ;
    b. exposer avec clarté et charité la doctrine de la foi catholique « en respectant spécialement l’ordre et la hiérarchie des vérités (cf. UR 11) et en évitant les expressions ou les façons d’exposer la doctrine qui feraient obstacle au dialogue »[68].
    c. présenter correctement l’enseignement des autres Églises et communautés ecclésiales, en montrant ce qui unit les chrétiens et en expliquant, entre autres, par de brefs aperçus historiques, ce qui divise.

De plus, en raison de sa valeur éducative, la catéchèse a pour mission de susciter chez les personnes catéchisées un désir d’unité, en les aidant à vivre le contact avec des personnes d’autres confessions, tout en cultivant leur propre identité catholique dans le respect de la foi d’autrui.

  1. En raison de la nécessité de mener à bien cette tâche d’évangélisation commune, et non pas uniquement pour des raisons purement organisationnelles, il est important de prévoir « certaines expériences de collaboration dans le domaine de la catéchèse entre catholiques et autres chrétiens, en complément de la catéchèse normale que, de toute façon, les catholiques doivent recevoir »[69]. Ce témoignage de collaboration catéchétique entre chrétiens, même limité en raison de divergences notamment dans le domaine sacramentel, peut néanmoins être fructueux : « Si nous nous concentrons sur les convictions qui nous unissent et rappelons le principe de la hiérarchie des vérités, nous pourrons marcher résolument vers des expressions communes de l’annonce, du service et du témoignage »[70].

La catéchèse en lien avec le judaïsme

  1. « L’Église, Peuple de Dieu dans la Nouvelle Alliance, découvre, en scrutant son propre mystère, son lien avec le peuple Juif à qui Dieu a parlé en premier »[71] et, reconnaissant le riche héritage commun, promeut et recommande la connaissance mutuelle, l’amitié et le dialogue (cf. NA 4). En fait, grâce à ses racines juives, l’Église est ancrée dans l’histoire du salut. Le dialogue judéo-chrétien, mené honnêtement et sans préjugés, peut aider l’Église à mieux comprendre certains aspects de sa propre vie, en mettant en lumière les richesses spirituelles préservées dans le judaïsme. Les objectifs du dialogue seront également constitués par une prise de position résolue contre toute forme d’antisémitisme et l’engagement commun en faveur de la paix, de la justice et du développement des peuples.
  2. Pour toutes ces raisons, une attention particulière doit également être accordée dans la catéchèse à la religion juive et aux thèmes du judaïsme. En particulier, il faudra prendre soin de présenter quelques points décisifs ;
    a. pour les chrétiens, le judaïsme ne peut être considéré simplement comme une autre religion parce que le christianisme a des racines juives et que les relations entre les deux traditions sont uniques : « Jésus était juif, a vécu dans la tradition juive de son temps et a été formé de manière déterminante par cet environnement religieux »[72];
    b. « La Parole de Dieu est une réalité unique et indivise qui se concrétise dans le contexte historique de chacun »[73]: celle qui a son accomplissement en Jésus-Christ a son expression historique dans la Torah qui exprime l’intervention de Dieu en faveur de son peuple ;
    c. l’Ancien Testament fait partie intégrante de l’unique Bible chrétienne et l’Église témoigne de sa foi en l’unique Dieu, auteur des deux Testaments, rejetant ainsi toute prétendue opposition entre les deux ;
    d. la Nouvelle Alliance ne se substitue pas à l’Alliance de Dieu avec Israël, mais la présuppose : cette première Alliance n’a jamais été révoquée (cf. Rm 11, 28-29) et sa validité demeure, trouvant sa réalisation plénière dans ce que Jésus a accompli avec son mystère de salut ;
    e. l’Église et le judaïsme ne peuvent être présentés comme deux voies de salut : il ne découle pas de la confession de la médiation salvifique universelle et exclusive de Jésus-Christ, cœur de la foi chrétienne, l’exclusion des juifs du salut ; en réalité, « l’Église attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et “le serviront sous un même joug” (So 3, 9) » (NA 4).

La catéchèse dans le contexte des autres religions

  1. Le phénomène du pluralisme religieux ne concerne pas seulement les nations où le christianisme a toujours été minoritaire, mais aussi de nombreuses autres sociétés, marquées par les flux migratoires des dernières décennies. Bien qu’il y ait de nombreuses variables culturelles, ethniques, économiques et sociales à prendre en compte, il faut en effet reconnaître, qu’entre autres raisons, la rencontre avec différentes religions a changé la façon de vivre l’expérience de la foi chez les chrétiens, en ouvrant les croyants à la question autour de la vérité des contenus de la foi et de la liberté de choix. Cette situation relativement récente, à côté de la situation plus traditionnelle de ceux qui vivent leur foi chrétienne en tant que minorité, amène l’Église à réfléchir sur le sens de la relation aux autres religions, également en ce qui concerne la formation catéchétique de ses propres enfants. Dans cette réflexion, elle « considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (NA 2).
  2. La catéchèse avec des chrétiens vivant dans des contextes de pluralisme religieux fera l’objet d’une certaine attention et veillera à[74]:
    a. approfondir et renforcer lidentité des croyants, en particulier dans un contexte minoritaire, par la connaissance de l’Évangile et du contenu des autres religions, par un processus profond d’inculturation de la foi ;
    b. aider les croyants à croître dans le discernement par rapport aux autres religions, en reconnaissant et en appréciant les germes de la Parole présents en elles et en laissant de côté ce qui n’est pas conforme à la foi chrétienne ;
    c. encourager chez tous les croyants un élan missionnaire fait de témoignage de foi ; de collaboration pour la défense de la dignité humaine ; d’un dialogue affable et cordial et, si possible, d’une annonce explicite de l’Évangile.
  3. Il convient d’accorder une attention particulière aux relations avec les croyants de l’islam, particulièrement présents dans de nombreux pays de tradition chrétienne ancienne. Face à des épisodes de fondamentalisme violent, l’Église, dans sa proposition catéchétique, en faisant appel à des acteurs convenablement formés, privilégiera la connaissance et la rencontre avec les musulmans qui contribuent à sortir des généralisations superficielles et nuisibles[75].

La catéchèse dans le contexte des nouveaux mouvements religieux

  1. Au cours des dernières décennies et dans des régions du monde de plus en plus vastes, l’Église est confrontée au phénomène de prolifération de nouveaux mouvements religieux, qui comprend des réalités très différenciées qui ne sont pas faciles à classer. Il s’agit de groupes qui ont des dénominations et des origines très différentes : certains se réfèrent de diverses manières au christianisme, même s’ils s’en éloignent en raison de différences doctrinales notables ; d’autres émanent de religions orientales ou de cultes traditionnels ; d’autres encore arborent des éléments de magie, de superstition, de néopaganisme, de spiritisme, jusqu’au satanisme ; enfin, il existe d’autres mouvements dits de potentiel humain qui se présentent avec un visage humaniste et thérapeutique. Dans de nombreux cas, divers éléments de ces nouveaux mouvements religieux se fondent sur des formes syncrétistes encore plus complexes[76]. Si d’une part ces mouvements sont une « réaction humaine devant la société de consommation, matérialiste, individualiste » et comblent « un vide laissé par le rationalisme qui sécularise »[77], d’autre part ils semblent profiter des besoins des personnes marquées par de nombreuses formes de pauvreté ou d’échecs dans leur vie. Il faut reconnaître que la communauté chrétienne n’est pas toujours en mesure d’être significative pour ces chrétiens qui, ayant une foi peu enracinée, nécessitent qu’on se préoccupe d’eux avec davantage de sollicitude et qu’on les accompagne, de sorte qu’ils trouvent ensuite dans les nouveaux mouvements de quoi apaiser leurs difficultés.
  2. Face à ce phénomène qui se présente comme un grand défi pour l’évangélisation, l’Église particulière est appelée à s’interroger afin de comprendre ce qui pousse certains chrétiens à approcher ces nouveaux mouvements religieux. Pour que chaque baptisé continue de s’ouvrir à la bonne nouvelle du Seigneur Jésus, « eau vive pour ne plus avoir soif » (cf. Jn 4, 5-15), et de s’enraciner toujours davantage dans la communauté chrétienne, le travail catéchétique devra notamment consister à :
    a. annoncer le kérygme de Jésus Sagesse de Dieu qui, avec sa Pâque, offre la vraie paix et la vraie joie, comme une proposition de sens pour l’homme qui, en particulier aujourd’hui, recherche le bien-être et l’harmonie ;
    b. œuvrer pour que l’Église soit une véritable communauté de vie et de foi, exempte de formalismes vides et froids, capable d’accueillir et d’être proche, extrêmement attentive aux personnes qui vivent dans la souffrance, la pauvreté et la solitude, prête à valoriser le précieux apport de chacun ;
    c. garantir une connaissance biblique et doctrinale de base, soit en rendant l’Écriture sainte accessible et compréhensible pour tous, soit en utilisant des outils catéchétiques de vulgarisation appropriés ;
    d. prêter attention aux symboles, aux gestes et aux rites de la liturgie et de la piété populaire, sans amoindrir la charge affective qui touche plus facilement le cœur humain.

Une attention particulière sera accordée à ceux qui, déçus ou blessés par cette expérience, ressentent le besoin de retourner dans la communauté chrétienne. Il est important qu’ils se sentent accueillis plutôt que jugés et que le catéchiste puisse œuvrer en vue de les rétablir et de les réintégrer au sein de la communauté grâce à un travail de clarification et de compréhension.

LA CATÉCHÈSE DANS LES CONTEXTES SOCIO-CULTURELS

Catéchèse et mentalité scientifique

  1. Les progrès continus de la science, dont les résultats sont massivement utilisés dans la société, marquent fortement la culture contemporaine. Les hommes, imprégnés de la mentalité scientifique, se demandent comment le savoir scientifique se conjugue avec la foi. Ainsi affleurent des questions sur l’origine du monde et de la vie, l’apparition de l’homme sur terre, l’histoire des peuples, les lois qui régissent la nature, le caractère spirituel qui rend la vie humaine singulière parmi les autres êtres vivants, le progrès humain et l’avenir de la planète. Ces questions, en tant qu’expression de la recherche de sens, touchent à celle de la foi et donc interpellent l’Église. Plusieurs documents magistériels ont traité directement de la relation entre science et foi[78].
  2. Tout en reconnaissant les dérives idéologiques du réductionnisme naturaliste et du scientisme[79], tout à fait distinctes de l’entreprise scientifique en tant que telle, et tout en étant conscient des problèmes éthiques pouvant résulter de l’application de certains résultats scientifiques, le jugement de l’Église sur la culture scientifique est positif, puisqu’elle la considère comme une activité à travers laquelle l’homme participe au plan créateur de Dieu et au progrès de toute la famille humaine. Alors que d’une part « l’évangélisation est attentive aux avancées scientifiques pour les éclairer de la lumière de la foi et de la loi naturelle »[80], d’autre part il est vrai que « quand certaines catégories de la raison et des sciences sont accueillies dans l’annonce du message, ces catégories elles-mêmes deviennent des instruments d’évangélisation »[81]. Les conflits apparents entre les connaissances scientifiques et certains enseignements de l’Église doivent être clarifiés dans le contexte de l’exégèse biblique et de la réflexion théologique, en interprétant la Révélation ; en appliquant une épistémologie scientifique correcte ; en clarifiant les malentendus historiques et en mettant en évidence les préjugés et les idéologies.
  3. La technique, fruit de l’ingéniosité humaine, a toujours accompagné l’histoire de l’humanité. Ses potentialités visent l’amélioration des conditions de vie et le progrès de la famille humaine. Cependant, tout en accompagnant et en conditionnant les styles de vie, la technique semble influer sur la vision même de l’être humain. De plus, certaines applications de la recherche technologique peuvent mener à une transformation de l’humain en quelque chose d’inédit, parfois sans en évaluer correctement les conséquences. Parmi les nombreux domaines de recherche, ceux qui ont trait à l’intelligence artificielle et aux neurosciences posent des questions philosophiques et éthiques importantes. L’intelligence artificielle peut aider l’homme, et dans certains cas le remplacer, mais elle ne peut pas prendre les décisions qui lui reviennent. Sur le front des neurosciences, en outre, une meilleure connaissance du corps humain, des capacités et du fonctionnement du cerveau, bien qu’il s’agisse de facteurs positifs, ne pourra jamais expliquer complètement l’identité personnelle, ni éliminer sa responsabilité envers le Créateur. La technologie a pour finalité de servir la personne. C’est pourquoi il faut valoriser la dimension humaine intrinsèque du progrès, celle de l’amélioration des conditions de vie, du service au développement des peuples, de la gloire à Dieu que la technologie honore quand elle est sagement utilisée[82]. Dans le même temps, l’Église accepte les défis anthropologiques dérivant du progrès des sciences et en fait un motif de profond discernement.
  4. Dans ses parcours de catéchèse ordinaires, le catéchiste tiendra compte de l’influence que la mentalité scientifique exerce sur les personnes, souvent persuadées de certaines théories présentées sous une forme approximative, à cause d’une certaine divulgation scientifique peu exacte et parfois même d’une pastorale inadéquate. La catéchèse est donc capable de soulever des questions et d’introduire des sujets particulièrement pertinents, tels que la complexité de l’univers, la création en tant que signe du Créateur, l’origine et la fin de l’homme et du cosmos. Au-delà des simplifications médiatiques, certaines questions historiques importantes, dont l’influence est toujours présente, doivent être abordées et exposées. L’ouverture à la foi, notamment chez les enfants et les jeunes, dépend souvent du fait de fournir à ces questions une réponse satisfaisante, ou tout au moins d’indiquer la voie adéquate pour la trouver. C’est pourquoi le témoignage des scientifiques chrétiens doit être valorisé, car ils montrent, par la cohérence de leur vie, l’harmonie et la synthèse entre foi et raison. Il faut sensibiliser les catéchistes aux principaux documents du Magistère qui traitent du rapport entre foi et raison, entre théologie et science. L’utilisation d’outils et d’autres moyens pour acquérir une formation adéquate sur le sujet est également suggérée.
  5. L’Église est appelée à offrir sa contribution à l’évangélisation des hommes de science, souvent riches en qualités que les acteurs pastoraux sauront valoriser. L’homme de science est un témoin passionné du mystère ; il recherche la vérité avec sincérité ; il est naturellement enclin à la collaboration, à la communication et au dialogue ; il cultive la profondeur, la rigueur et l’exactitude du raisonnement ; aime l’honnêteté intellectuelle. Ce sont là des dispositions qui favorisent la rencontre avec la Parole de Dieu et l’accueil de la foi. Il s’agit, au fond, de favoriser une véritable inculturation de la foi dans le monde scientifique. Les chrétiens qui œuvrent professionnellement dans le monde de la science jouent un rôle très important. L’Église leur fournira l’attention pastorale nécessaire afin que leur témoignage devienne plus efficace.

Catéchèse et culture numérique

Caractéristiques générales

  1. L’introduction et l’utilisation massive des outils numériques ont provoqué des changements profonds et complexes à de nombreux niveaux, dont les conséquences culturelles, sociales et psychologiques ne sont pas encore pleinement manifestes. Le numérique, qui ne correspond pas à la simple présence de moyens technologiques, caractérise en réalité le monde contemporain et son influence est devenue, en peu de temps, ordinaire et continue, au point d’être perçue comme naturelle. Nous vivons « dans une culture largement numérisée, qui influence profondément les notions de temps et d’espace, la perception de soi, des autres et du monde, la façon de communiquer, d’apprendre, de s’informer et d’entrer en relation avec les autres »[83]. Le numérique ne fait donc pas seulement partie des cultures existantes, mais il est en train de s’imposer comme une nouvelle culture, en modifiant tout d’abord le langage, en façonnant la mentalité et élaborant de nouvelles hiérarchies de valeurs. Et tout cela à l’échelle mondiale car, les distances géographiques ayant été annulées par la présence envahissante des appareils connectés en réseau, toutes les personnes partout sur la planète sont impliquées.
  2. Internet et les réseaux sociaux « constituent une extraordinaire opportunité de dialogue, de rencontre et d’échange entre les personnes, et donnent accès à l’information et à la connaissance. En outre, l’environnement numérique est un contexte de participation sociopolitique et de citoyenneté active et il peut faciliter la circulation d’une information indépendante capable de protéger efficacement les personnes les plus vulnérables en révélant au grand jour les violations de leurs droits. Dans de nombreux pays, internet et les réseaux sociaux représentent désormais un lieu incontournable pour atteindre les jeunes et les faire participer, notamment aux initiatives et aux activités pastorales »[84]. Parmi les autres éléments positifs du numérique, il y a l’extension et l’enrichissement des capacités cognitives de l’homme. La technologie numérique peut aider la mémoire, par exemple grâce aux outils d’acquisition, d’archivage et de restitution des données. La collecte numérique de données et les outils d’aide à la décision améliorent la capacité de choix et permettent de recueillir davantage d’éléments pour vérifier les implications de diverses problématiques. À différents points de vue, on peut positivement parler d’autonomisation numérique (ndlr : traduction de digital empowerment proposée par l’Office québécois de la langue française).
  3. Il faut cependant reconnaître que « le monde numérique est aussi un espace de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence, jusqu’au cas extrême du dark web. Les médias numériques peuvent exposer au risque de dépendance, d’isolement et de perte progressive de contact avec la réalité concrète, entravant ainsi le développement d’authentiques relations interpersonnelles. De nouvelles formes de violence se diffusent à travers les réseaux sociaux, comme le cyberharcèlement; le web est aussi un canal de diffusion de la pornographie et d’exploitation des personnes à des fins sexuelles ou par le biais des jeux de hasard »[85]. De plus, les intérêts économiques qui opèrent dans le monde numérique sont « capables de mettre en place des formes de contrôle aussi subtiles qu’envahissantes, créant des mécanismes de manipulation des consciences et des processus démocratiques »[86]. Il convient de rappeler que de nombreuses plateformes favorisent souvent « la rencontre entre les personnes qui pensent d’une même façon, empêchant de faire se confronter les différences. Ces circuits fermés facilitent la diffusion de fausses informations et de fausses nouvelles, fomentant les préjugés et la haine »[87]. Les espaces numériques peuvent créer une vision déformée de la réalité, au point de générer un manque d’attention à la vie intérieure, perceptible dans la perte d’identité et de racines, dans le cynisme comme réponse au vide, dans la déshumanisation progressive et un repli sur soi de plus en plus grand.

Transformation anthropologique

  1. L’effet de la numérisation exponentielle de la communication et de la société conduit à une véritable transformation anthropologique. Ceux que l’on nomme les enfants du numérique, c’est-à-dire les personnes qui sont nées et ont grandi avec les technologies numériques dans une société multi-écrans, considèrent les technologies comme un élément naturel et n’éprouvent aucune gêne à les manipuler et à interagir avec elles. D’un autre côté, la situation actuelle voit coexister, surtout en tant qu’éducateurs, enseignants et catéchistes, les non natifs numériques, et ceux que l’on appelle immigrants du numérique, qui ne sont pas nés dans un monde numérique mais y sont entrés progressivement. La différence fondamentale entre ces sujets est l’approche mentale distincte qu’ils ont vis-à-vis des nouvelles technologies et de leur utilisation. Il y a aussi un écart au niveau du style de discours, qui pour les premiers est plus spontané, interactif et participatif.
  2. Les enfants du numérique semblent privilégier l’image plutôt que l’écoute. D’un point de vue cognitif et comportemental, ils sont en quelque sorte façonnés par la consommation médiatique à laquelle ils sont soumis, ce qui malheureusement restreint leur propre développement critique. Cette consommation de contenus numériques n’est donc pas seulement un processus quantitatif mais aussi qualitatif qui produit un autre langage et une nouvelle façon d’organiser la pensée. Le multitâche, l’hypertextualité et l’interactivité ne sont que quelques-unes des caractéristiques de ce qui semble être une manière nouvelle et inédite de comprendre et de communiquer qui caractérise les générations numériques. Une capacité plus intuitive et émotionnelle qu’analytique est en train d’émerger. L’art de raconter des histoires (storytelling), qui utilise les principes de la rhétorique et son propre langage adopté par le marketing, est considéré par les jeunes comme plus convaincant et captivant que les formes de discours traditionnelles. Le langage qui a la plus grande emprise sur la génération numérique est celui de la narration, plutôt que celui de l’argumentation.
  3. Cependant, cette nouveauté langagière ne donne que des utilisateurs et non des décodeurs de messages : la narration d’histoires et l’exposition de problématiques avec un nombre limité de caractères risquent de polariser la confrontation sur des thèmes complexes sans avoir à argumenter ou à inclure des solutions de médiation. Si la narration devient le seul outil de communication, le risque existe que s’accroissent uniquement les opinions subjectives sur la réalité. Ce subjectivisme risque de reléguer les questions politiques et éthiques dans la sphère personnelle et privée. La norme morale risque d’être perçue comme autoritaire, tandis que les récits deviennent des vérités qui nous empêchent de rechercher la vérité et le bien. De plus, l’univers narratif est configuré comme une expérience où tout devient possible et dicible et où la vérité n’a aucun poids existentiel. Ces horizons montrent à quel point le numérique et ses outils sont de puissants moyens pour trouver des formes de transmission de la foi nouvelles et inédites, mais il est également vrai que l’action ecclésiale doit faire connaître les ambiguïtés potentielles d’un langage suggestif mais peu communicatif en matière de vérité.

La culture numérique en tant que phénomène religieux

  1. La culture numérique se présente également comme porteuse de croyances qui ont des caractéristiques religieuses. La pervasivité des contenus numériques (ndlr : il s’agit de l’autonomie des objets connectés, qui correspond au WEB 4.0), la diffusion de machines qui fonctionnent de manière autonome avec des algorithmes et des logiciels de plus en plus sophistiqués incitent à percevoir l’ensemble de l’univers comme un flux de données, à comprendre la vie et les organismes vivants comme à peine plus que des algorithmes biochimiques et, dans les versions plus radicales, de croire que l’humanité a la vocation cosmique de créer un système global de traitement des données.
  2. Nous voici confrontés à un modèle inédit – aux allures de défis – qui modifie les coordonnées de référence dans le processus de confiance et d’attribution de l’autorité. La manière dont un moteur de recherche, les algorithmes d’une intelligence artificielle ou un ordinateur sont sollicités pour apporter des réponses à des questions concernant la vie privée, révèle que nous abordons la machine et sa réponse avec une attitude fidéiste. On est en train de créer une sorte de pseudo-religion universelle qui légitime une nouvelle source d’autorité et a toutes les composantes des rites religieux : du sacrifice à la peur de l’absolu, jusqu’à la soumission à un nouveau moteur immobile qui se fait aimer mais n’aime pas.
  3. Grâce à ces composantes techniques et religieuses, pourrait voir le jour une culture mondiale qui, surtout, façonnerait la manière de penser et de croire des prochaines générations de jeunes. Ces derniers seront de plus en plus numériques et présenteront des caractéristiques et des modes de pensée mondiaux grâce aux grandes plateformes de partage et à leur potentiel de diffusion et d’instantanéité. Outre le fait que cela puisse constituer un défi, il s’agit peut-être d’une opportunité. Développer des formes et des outils capables de décoder les données anthropologiques qui sont à la base de ces phénomènes et d’affiner des modalités d’évangélisation inédites permet de proposer des actions pastorales mondiales, tout comme la culture numérique est mondiale.

Culture numérique et questions éducatives

  1. Le développement technologique dans le domaine des médias numériques offre la possibilité d’accéder de manière immédiate à tout type de contenu libéré de toute hiérarchie en termes d’importance, en créant une culture souvent marquée par l’immédiateté, l’instantanéité et la faiblesse de la mémoire et en suscitant un manque de perspectives et de cadre d’ensemble. Les médias, par leur nature même, fournissent des versions sélectives du monde, plutôt qu’un accès direct à celui-ci, en combinant divers langages dans un communiqué diffusé mondialement et instantanément. Les nouvelles générations ne sont pas toujours formées et culturellement équipées pour faire face aux défis que représente la société numérique. Léducation aux médias est donc urgente car nous sommes face à une forme d’analphabétisme numérique. Dans cette production numérique illimitée, les analphabètes contemporains seront ceux qui ne savent pas percevoir la différence qualitative et véridique des différents contenus numériques devant lesquels ils se trouvent.
  2. De plus en plus, sont reconnus comme médias sociaux, ceux qui sont de nature numérique, étant de fait les principaux agents de socialisation, parvenant presque à se substituer à ceux que l’on connaît traditionnellement, à savoir la famille, l’Église et l’école. L’intersubjectivité semble être de plus en plus développée au niveau des réseaux sociaux et de moins en moins dans les espaces sociaux traditionnels. Sur le plan opérationnel, il est nécessaire d’évaluer et de comprendre les limites de l’apprentissage implicite que l’ère numérique fournit quotidiennement. De nombreuses formes dinteraction personnelle sont devenues virtuelles, supplantant complètement le besoin, en particulier chez les jeunes générations, de formes de relations traditionnelles, en les empêchant « d’entrer en contact direct avec la détresse, l’inquiétude, la joie de l’autre et avec la complexité de son expérience personnelle »[88].

Annonce et catéchèse à l’ère numérique

  1. L’Église est appelée à réfléchir sur les modalités particulières de recherche de la foi des jeunes du numérique et, par conséquent, à ajuster ses propres modalités d’annonce de l’Évangile au langage des nouvelles générations, en les invitant à créer un nouveau sentiment d’appartenance communautaire, qui inclut – mais ne s’arrête pas avec – ce qu’ils vivent sur le Net. Une époque semble s’ouvrir où la catéchèse devient porteuse d’instances capables de générer des parcours d’approche de la foi de moins en moins standardisés et attentifs à la singularité de chacun. L’enjeu pastoral est d’accompagner le jeune en quête d’autonomie, qui renvoie à la découverte de la liberté intérieure et de l’appel de Dieu, et qui le différencie du groupe social auquel il appartient. L’autre enjeu est certainement de clarifier le langage utilisé sur le Net, qui souvent offre des consonances avec le langage religieux. Il suffit de penser, par exemple, à l’appel de Jésus à être des disciples, terme qui nécessite d’être expliqué pour ne pas être confondu avec les dynamiques typiques des réseaux sociaux. En effet, la dynamique du disciple de Jésus n’est pas la même que celle qui s’établit entre un influenceur et ses suiveurs (followers) virtuels. Pour ce faire, nous avons besoin de figures qui font autorité et qui, à travers un accompagnement personnel, amènent chaque jeune à redécouvrir son propre projet de vie personnel. Ce chemin nécessite de passer de la solitude, alimentée par les likes, à l’accomplissement de projets personnels et sociaux au sein de la communauté.
  2. Dans le processus d’annonce de l’Évangile, la vraie question n’est pas de savoir comment utiliser les nouvelles technologies pour évangéliser, mais comment devenir une présence évangélisatrice sur le continent numérique. La catéchèse, qui ne peut pas être simplement numérisée, a certainement besoin de connaître la puissance de ce medium et d’en utiliser tout le potentiel et la positivité, en ayant conscience, cependant, que la catéchèse ne se fait pas uniquement à l’aide d’outils numériques, mais en offrant des espaces d’expérience de foi. Ce n’est que de cette manière que l’on évitera la virtualisation de la catéchèse qui risque d’affaiblir l’action catéchétique et de la rendre insignifiante. La génération adulte qui veut transmettre la foi a pour mission d’encourager les expériences. Seule une catéchèse qui va de l’information religieuse à l’accompagnement et à l’expérience de Dieu, sera capable d’offrir du sens. La transmission de la foi est fondée sur des expériences authentiques, à ne pas confondre avec les expérimentations : l’expérience transforme et fournit des clés d’interprétation de la vie, tandis que l’expérimentation ne permet que de reproduire de manière identique. La catéchèse est appelée à trouver des moyens adéquats pour affronter les principales questions relatives au sens de la vie, à la corporéité, à l’affectivité, à l’identité de genre, à la justice et à la paix, qui à l’ère numérique, sont interprétées de manière différente.
  3. La catéchèse à l’ère numérique sera personnalisée mais ne sera jamais un processus individuel : du monde individualiste et isolé des réseaux sociaux, il faudra transiter par la communauté ecclésiale, lieu où l’expérience de Dieu se fait communion et partage du vécu. La puissance de la liturgie dans la communication de la foi et l’introduction dans l’expérience de Dieu ne doit pas être sous-évaluée. Elle consiste en une pluralité de codes de communication qui jouent sur l’interaction des sens (synesthésie) ainsi que sur la communication verbale. Il est donc nécessaire de redécouvrir la capacité qu’ont la liturgie, mais aussi l’art sacré, d’exprimer les mystères de la foi. Le défi de l’évangélisation passe par celui de l’inculturation sur le continent numérique. Il est important d’aider à ne pas confondre les moyens avec la fin, à discerner comment surfer sur les réseaux, afin de croître en tant que sujets et non comme objets et d’aller au-delà de la technique pour retrouver une humanité renouvelée dans la relation avec le Christ.

La catéchèse et quelques questions de bioéthique

  1. La vie et la bonté de la création sont fondées sur la bénédiction originelle de Dieu : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » (Gn 1, 31). Cette bénédiction offre à l’humanité un monde ordonné mais demande à chacun d’y contribuer pour qu’il soit préservé et puisse croître. Dans le contexte catholique, la bioéthique évolue sur le plan rationnel, en s’inspirant cependant des données de la Révélation divine, qui à son tour fonde l’anthropologie chrétienne. La recherche scientifique et ses applications ne sont donc pas neutres moralement et les critères d’orientation ne peuvent être déduits de la seule efficacité technique, de l’utilité ou des idéologies dominantes. Les principaux thèmes traités par la bioéthique se réfèrent au début de la vie (statut de l’embryon humain, procréation médicalement assistée…), à sa fin (définition de la mort, euthanasie, soins palliatifs…), à la santé et aux expérimentations menées sur l’homme (génie génétique, biotechnologie…).
  2. Le développement scientifique et ses applications technologiques dans le domaine biologique ont amélioré les conditions de vie des humains. La génétique occupe une place particulièrement importante dans cette évolution. L’Église soutient et est reconnaissante à tous ceux qui consacrent tous leurs efforts à la recherche dans ce domaine et s’y engagent avec générosité. Néanmoins, si le scientifique est appelé d’une part à vérifier les possibilités techniques, il doit d’autre part être conscient que tout ce qui est techniquement possible n’est pas moralement acceptable. La dimension éthique de la recherche et de ses applications doit être prise en considération. En effet, une action techniquement efficace pourrait être en contradiction avec la dignité de la personne.
  3. Il est important de bien distinguer la différence entre intervention thérapeutique et manipulation. La thérapie permettant de corriger les anomalies génétiques sera licite tant qu’elle aura pour priorité le bien de la personne sans entamer son identité et son intégrité ; dans ce cas, la nature humaine n’est pas altérée. Intervenir d’un point de vue thérapeutique sur les lignées somatiques est conforme à la dignité de la personne, tandis que toute intervention sur les lignées germinales, qui altèrent l’identité de l’espèce humaine, est incompatible avec le respect de la personne.
  4. La biotechnologie permet d’intervenir non seulement sur les défauts, mais aussi sur d’autres données génétiques. Il faut faire très attention aux expérimentations génétiques, en particulier au risque d’eugénisme, qui est, en réalité, une pratique discriminatoire entre les personnes. De plus, les possibilités techniques du génie dit génétique touchent le cœur même de l’anthropologie dans la possibilité concrète d’auto-manipulation et d’autodéfinition selon la philosophie de ce que l’on nomme transhumanisme, donnant vie à volonté à des individus ayant un patrimoine génétique différent et déterminé.
  5. Une orientation largement répandue de ce qui est présenté aujourd’hui sous la dénomination de genre remet en cause les données révélées : « il les créa homme et femme » (Gn 1, 27). L’identité de genre, selon cette position, n’est plus une donnée d’origine que l’homme doit accueillir et remplir de sens, mais une construction sociale qui se décide de manière autonome, totalement détachée du sexe biologique. L’homme nie sa nature et décide qu’il se la crée lui-même. Au contraire, selon le récit biblique de la création, l’être humain a été créé par Dieu en tant qu’homme et en tant que femme. L’Église est bien consciente de la complexité des situations vécues parfois à titre personnel, et de manière conflictuelle. Elle ne juge pas les personnes, mais invite à les accompagner toujours et en toute situation. Cependant, elle est consciente que, dans une perspective de foi, la sexualité n’est pas seulement une donnée physique, mais est aussi une réalité personnelle, une valeur confiée à la responsabilité de la personne. De cette façon, l’identité sexuelle et le vécu existentiel devront être une réponse à l’appel originel de Dieu.
  6. Les questions bioéthiques interpellent la catéchèse et sa fonction de formation. Là où cela s’avère opportun et selon les circonstances, les acteurs pastoraux promeuvent des itinéraires spécifiques d’éducation à la foi et à la morale chrétienne, dans lesquels des thèmes tels que la vie humaine comme don de Dieu, le respect et le développement intégral de la personne, la science et la technique ordonnées pour le bien de l’homme, disposent d’un espace adéquat, à la lumière du Magistère de l’Église, exprimé également dans le Catéchisme de lÉglise catholique. La catéchèse enseigne aux catéchistes à se forger une conscience en ce qui concerne les questions de la vie, rappelant la nécessité de prêter attention aux défis posés par les évolutions de la science et de la technologie et mettant en évidence les éléments fondamentaux de la proclamation de la foi :
  • Dieu est la référence initiale et ultime de la vie, de sa conception à la mort naturelle ;
  • la personne est toujours unité d’esprit et de corps ;
  • la science est au service de la personne ;
  • la vie doit être acceptée dans toutes les conditions, car elle est rachetée par le mystère pascal de Jésus-Christ.

Catéchèse et intégrité de la personne

  1. Chaque personne, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, est unique et possède une dignité intrinsèque et inaliénable. Celle-ci trouve son fondement dans la vérité révélée, qui fait émerger ces principes écrits dans la nature humaine comme une reconnaissance pérenne et universelle de l’empreinte de Dieu créateur. La Révélation tout entière pousse vers cette vérité et atteste l’égalité de tous les hommes devant Dieu, qui est l’unique garant et juge de la vie. Dans le contexte actuel, il est urgent de s’engager concrètement en faveur de la défense de la vie et de sa dignité face aux différentes expressions de la culture de mort qui est de plus en plus présente dans de vastes secteurs de la société mondiale (cf. GS 27). « La défense de la dignité de la vie humaine du premier instant de la conception jusqu’à la mort naturelle, a toujours été portée, dans l’enseignement de l’Église, par une voix cohérente et autorisée »[89].
  2. Dans sa mission consistant à promouvoir, toujours et partout, la vie humaine et à la défendre lorsqu’elle est menacée, l’Église affirme clairement que la vie personnelle est sacrée et inviolable. En ce sens, après avoir accueilli le progrès dans la doctrine mise en œuvre par les derniers pontifes, « on doit affirmer avec force que la condamnation à la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle, quel que soit son mode opératoire. C’est en soi contraire à l’Évangile car c’est décider volontairement de supprimer une vie humaine, toujours sacrée aux yeux du Créateur »[90]. La catéchèse devra donc faire tout son possible pour faire comprendre l’enseignement de l’Église à cet égard et contribuer à créer une nouvelle culture. Le défi du respect de la dignité et de l’intégrité de la personne reste donc un scénario actuel pour l’annonce de l’amour miséricordieux de Dieu dans le monde contemporain.

Catéchèse et engagement écologique

  1. Si, d’un côté, le développement de la technologie et de la science exprime la grandeur de l’âme humaine, d’un autre côté, il « n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience »[91]. L’un des domaines où les conséquences d’un excès anthropocentrique sont clairement perceptibles est celui de la crise écologique, relative à des questions devant être traitées simultanément : pollution et changement climatique, utilisation des ressources primaires et appauvrissement de la biodiversité, inégalités planétaires, détérioration de la qualité de la vie humaine et désagrégation sociale. Face à l’accélération et à la complexité du problème écologique, les pontifes[92] n’ont cessé d’inviter une profonde conversion écologique, capable de toucher l’essence de l’être humain, là où, en dernière analyse, se nichent la racine du problème et sa solution.
  2. La question écologique est perçue par des personnes et des organisations de divers horizons culturels et philosophiques, mais les croyants sont appelés à se sentir interpellés, conscients que « leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi »[93]. La vision chrétienne de la création et de l’activité humaine offre « aux chrétiens, et aussi à d’autres croyants, de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles »[94], ainsi que des critères alternatifs afin de repenser la relation entre économie, sauvegarde de la création, justice sociale et choix politiques. Il est donc nécessaire d’écouter le cri de la terre, qui est étroitement lié au cri des pauvres. Dans ce cri, où résonne le gémissement de la création (cf. Rm 8, 22), se cache un appel qui vient de Dieu.
  3. La catéchèse sait reconnaître la voix de Dieu dans de tels signes et c’est pourquoi, avec toutes les autres actions de la pastorale de l’Église, elle ne manquera pas, dans le cadre de sa mission, de motiver et de soutenir, chez les croyants, une mentalité et une spiritualité écologiques, fondées sur la sagesse des récits bibliques et sur le Magistère social de l’Église. Une catéchèse sensible à la sauvegarde de la création promeut une culture tout autant attentive à l’environnement qu’aux personnes qui l’habitent. Cela veut dire encourager une attitude de respect envers tous ; enseigner une conception correcte de l’environnement et de la responsabilité humaine ; éduquer la vie vertueuse, qui permet d’adopter des modes d’existence humbles et d’une grande sobriété, libérés du consumérisme ; faire ressortir la valeur symbolique des réalités créées, notamment dans les signes de la liturgie. Il s’agit donc de favoriser l’acquisition d’une attitude et de comportements cohérents attentifs à lécologie intégrale, qui intègre les différentes facettes de la proposition de formation de la doctrine sociale de l’Église : écologie environnementale, économique, sociale et politique ; écologie culturelle ; écologie de la vie quotidienne.
  4. La catéchèse veillera tout d’abord à aider les croyants à prendre conscience que l’engagement en faveur de la question écologique fait partie intégrante de la vie chrétienne. En second lieu, elle annoncera les vérités de la foi qui sous-tendent la thématique environnementale : Dieu le Père tout-puissant et créateur, le mystère de la création comme don précédant l’homme qui en est le sommet et le gardien, la corrélation et l’harmonie de toutes les réalités créées, la rédemption provoquée par le Christ premier-né de la nouvelle création[95]. Enfin, en raison de sa dimension éducative connaturelle, elle aidera les chrétiens à vivre les exigences morales de la foi, en identifiant les attitudes qui obstruent les chemins de solutions, en leur exposant les motifs théologiques et spirituels en faveur de la conversion écologique et en soutenant des actions concrètes permettant de prendre soin de la maison commune[96].

Catéchèse et option pour les pauvres

  1. L’option ou l’amour préférentiel pour les pauvres est une forme spéciale de primauté dans l’exercice de la charité qui affecte la vie de chaque chrétien, en tant qu’imitateur du Christ[97]. L’amour de l’Église pour les pauvres et pour tous ceux qui vivent des situations de pauvreté a toujours fait partie de sa tradition[98]: « Pour l’Église, l’option pour les pauvres est une catégorie théologique avant d’être culturelle, sociologique, politique ou philosophique »[99]. En réalité, cette option a pour fondement l’amour de Dieu pour les exilés, les déshérités, les personnes abandonnées, les veuves, les orphelins, les malades, comme le raconte sans cesse l’Écriture sainte.
  2. Dans le Fils unique, Dieu lui-même s’est fait pauvre pour enrichir l’humanité (cf. Ph 2, 6-8). Quand Jésus annonce le Royaume de Dieu, les pauvres sont les destinataires privilégiés de son message (cf. Lc 4, 18-19 ; Mt 11, 5). Il déclare que les pauvres sont bienheureux (cf. Lc 6, 20-21), enseignant ainsi que servir et accueillir chaque personne en situation de pauvreté signifie reconnaître présent Jésus lui-même, à tel point qu’il puisse s’identifier à eux : « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Ainsi, Jésus montre qu’il existe un lien étroit entre la contemplation de Dieu et la relation personnelle avec ceux qui sont blessés et rejetés, appelant ses disciples non seulement à servir les pauvres, mais à les découvrir vraiment présents en eux et, à travers eux, à rencontrer le Père. Pour les disciples du Christ, la pauvreté, c’est avant tout avoir vocation à suivre Jésus qui s’est fait pauvre, c’est une attitude du cœur qui empêche de penser les réalités contingentes comme objectifs de vie et conditions du bonheur. L’Église est également appelée à vivre la pauvreté comme un abandon total à Dieu, sans faire confiance aux moyens du monde.
  3. L’option pour les pauvres contient un dynamisme missionnaire qui implique un enrichissement mutuel : les libérer, mais aussi être libérés par eux ; guérir leurs blessures, mais aussi être guéris par eux ; les évangéliser, et en même temps être évangélisé par eux. « Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux. La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église »[100]. La rencontre avec le Christ, finalité de tout parcours de foi, s’effectue de manière particulière dans la rencontre avec les pauvres, grâce aux expériences de solidarité et de volontariat : « Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couverts de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie »[101].
  4. La catéchèse se laisse provoquer par la pauvreté étant donné qu’elle est intrinsèque au message évangélique. Parce qu’elle reconnaît sa valeur et, dans la perspective d’une formation intégrale des chrétiens, elle saura éduquer à la pauvreté évangélique et à un style de vie sobre. De plus, elle encouragera chez les fidèles un certain nombre d’attitudes fondamentales : le respect de la dignité de la personne, le soutien de sa croissance, la promotion de la culture de la fraternité, l’indignation face aux situations de misère et d’injustice. En outre, la catéchèse rappelle que la pauvreté est une vertu qui permet d’utiliser correctement les biens matériels, en aidant à vivre les liens et l’affection de manière libre et saine. Les catéchistes sont donc invités à sensibiliser sur ce sujet, notamment à proximité de la Journée mondiale des pauvres, afin que la réflexion catéchétique s’accompagne d’un engagement concret et direct avec des signes tangibles d’attention aux pauvres et aux personnes marginalisées.

Catéchèse et engagement social

  1. La complexité des problèmes sociaux d’aujourd’hui peut inciter les croyants à développer des attitudes de méfiance et de désengagement, tandis qu’au cœur de l’Évangile, se trouve le service pour les autres, de sorte qu’« aussi bien l’annonce que l’expérience chrétienne tendent à provoquer des conséquences sociales »[102]. L’Église, soulignant le lien intime entre évangélisation et développement humain intégral[103], rappelle que la foi ne doit pas être vécue comme un fait individuel, sans conséquences concrètes sur la vie sociale. « Une foi authentique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre »[104]. La maturation d’une vision sociale et politique attentive à l’élimination des injustices, à la construction de la paix et à la sauvegarde de la création, à la promotion de diverses formes de solidarité et de subsidiarité fait partie intégrante du parcours d’approfondissement de la foi.
  2. La catéchèse, avec l’aide de la doctrine sociale de l’Église[105] et en adaptant les propositions à la condition des sujets, permet de porter un regard évangélique sur la réalité et fait prendre conscience de l’existence de structures de péché qui ont un impact négatif sur le tissu social et sur l’environnement. Elle motive également les fidèles pour qu’ils agissent en faveur du bien commun, à la fois au niveau de leur vie quotidienne et, à plus grande échelle, en s’engageant plus directement sur le plan social et politique. « L’amour de la société et l’engagement pour le bien commun sont une forme excellente de charité qui, non seulement concerne les relations entre les individus mais aussi les “macro-relations : rapports sociaux, économiques, politiques” »[106].
  3. Une attention particulière doit être accordée aux fidèles qui ont des responsabilités majeures dans les domaines sociaux, culturels, médiatiques, économiques et politiques. En effet, de par leur profession ou leur propre service auprès des institutions, ils ont la possibilité d’influer fortement sur le bien commun. À travers les groupes laïques de réflexion sur l’environnement ou autres formes d’engagement pastoral, il est nécessaire d’offrir une catéchèse qui soutient l’adhésion vitale à la personne du Christ, la capacité de discernement évangélique dans des situations complexes, la volonté de dialoguer avec tous et une rectitude morale qui évite la dissociation entre foi et vie, entre appartenance ecclésiale et engagement dans le monde.

Catéchèse et environnement professionnel

  1. En travaillant de ses propres mains à Nazareth, le Seigneur a conféré au travail une très haute dignité. Par conséquent, en offrant son propre travail à Dieu, l’homme s’associe à la même œuvre rédemptrice du Christ. « Par son travail, l’homme assure habituellement sa subsistance et celle de sa famille, s’associe à ses frères et leur rend service, peut pratiquer une vraie charité et coopérer à l’achèvement de la création divine » (GS 67). Chaque personne avec son travail libre, créatif et solidaire exprime la dignité de sa propre existence, étant donné que « le travail est l’une des caractéristiques qui distinguent l’homme du reste des créatures »[107]. Dans le contexte de la mondialisation, de nombreuses complexités et contradictions affectent le monde du travail. Les changements dans le monde du travail rendent nécessaire une action d’évangélisation et de formation chrétienne, destinée à ceux qui sont plus directement impliqués ou qui ont de plus grandes responsabilités.
  2. Dans son service d’éducation à la foi, la catéchèse propose la doctrine sociale de l’Église comme point de référence pour une formation chrétienne capable de motiver l’évangélisation des réalités temporelles et plus directement du travail. Une telle attention, typique des parcours de formation des groupes laïques de travailleurs et de l’action pastorale en milieu professionnel, est également présente dans les parcours ordinaires de catéchèse avec les enfants, les jeunes et les adultes : en fait, elle contribue à une formation organique de la personnalité croyante. En traitant du travail humain, la catéchèse devra illustrer le sens noble de l’engagement humain dans le monde ; soutenir le témoignage chrétien sur le lieu de travail ; aider les fidèles à être un ferment de réconciliation dans les situations conflictuelles ; encourager l’engagement à l’humanisation du travail ; exhorter à la défense des droits des plus faibles.

CHAPITRE XI

LA CATÉCHÈSE AU SERVICE DE L’INCULTURATION DE LA FOI

  1. «  Les Églises particulières, profondément amalgamées avec les personnes mais aussi les aspirations, les richesses et limites, les façons de prier, d’aimer, de considérer la vie et le monde qui marquent tel ou tel ensemble humain, ont le rôle d’assimiler l’essentiel du message évangélique, de le transposer, sans la moindre trahison de sa vérité essentielle, dans le langage que ces hommes comprennent, puis de l’annoncer dans ce langage »[108]. Le service d’inculturation de la foi à laquelle chaque Église particulière est appelée est signe de la fécondité pérenne de l’Esprit Saint qui embellit l’Église universelle. « Chaque portion du Peuple de Dieu, en traduisant dans sa vie le don de Dieu selon son génie propre, rend témoignage à la foi reçue et l’enrichit de nouvelles expressions qui sont éloquentes »[109]. Les itinéraires catéchétiques et les catéchismes locaux eux-mêmes représentent un signe de ce processus fécond d’inculturation.

NATURE ET FINALITÉ DE L’INCULTURATION DE LA FOI

  1. Dans l’œuvre d’évangélisation, l’Église est appelée à imiter le « mouvement dont le Christ lui-même, par son incarnation, s’est lié aux conditions sociales et culturelles déterminées des hommes avec lesquels il a vécu » (AG 10). Cette première forme d’inculturation de la Parole de Dieu reste la forme archétypale de toute l’évangélisation de l’Église. L’inculturation ne peut être pensée comme une simple adaptation à une culture. Il s’agit plutôt d’un cheminement profond, global et progressif, qui consiste en une lente pénétration de l’Évangile au plus profond des personnes et des peuples. « Ce à quoi on doit tendre, en définitive, c’est que la prédication de l’Évangile, exprimée par des catégories propres à la culture où il est annoncé, provoque une nouvelle synthèse avec cette culture »[110].
  2. La catéchèse « est appelée à porter la force de l’Évangile au cœur de la culture et des cultures »[111] et a une grande responsabilité dans le processus d’inculturation de la foi. Comprendre la culture comme un lieu herméneutique de la foi offre à la catéchèse de plus grandes possibilités pour atteindre de manière significative ses objectifs d’éducation à la foi et dans la foi. La contribution spécifique de la catéchèse à l’évangélisation est la tentative d’entrer en relation avec le vécu des personnes, avec leurs modes de vie et leurs processus de croissance personnels et communautaires. En fin de compte, l’inculturation vise le processus d’intériorisation de l’expérience de la foi. Cela est encore plus urgent dans le contexte actuel où se sont amoindries les conditions culturelles préalables à la transmission de l’Évangile, garanties, dans le passé, par la famille et la société ; l’affaiblissement de ces processus a remis en cause l’appropriation subjective de la foi. Il est donc important que la catéchèse ne se concentre pas uniquement sur la transmission du contenu de la foi, mais qu’elle ait à cœur le processus de réception personnelle de la foi, afin que l’acte par lequel on croit exprime le mieux possible les raisons de la liberté et de la responsabilité que la foi elle-même implique.
  3. En ce qui concerne l’inculturation de la foi, la catéchèse tiendra compte des indications méthodologiques suivantes[112]:
    a. connaître en profondeur la culture des personnes, activer des dynamiques relationnelles marquées par la réciprocité qui favorisent une nouvelle compréhension de l’Évangile ;
    b. reconnaître que l’Évangile a sa propre dimension culturelle à travers laquelle il s’est inséré au fil des siècles dans les différentes cultures ;
    c. communiquer la véritable conversion que l’Évangile, en tant que force transformatrice et régénératrice, opère dans les cultures ;
    d. faire comprendre que l’Évangile est déjà en germe dans les cultures et pourtant les transcende et ne s’épuise pas en elles ;
    e. être attentif à ce que dans la nouvelle expression de l’Évangile selon la culture évangélisée ne soit pas amoindrie l’intégrité du contenu de la foi, facteur de communion ecclésiale.
  4. « La catéchèse qui doit certes éviter de manipuler la culture, ne peut cependant pas se contenter d’y juxtaposer tout simplement l’Évangile “de façon décorative” ; elle doit le proposer “de façon vitale, en profondeur” et jusque dans les racines de la culture et des cultures de l’homme. Cela détermine tout un processus dynamique et synergique : s’efforcer de percevoir dans la culture des peuples, comme l’écho (présage, invocation, signe…) de la Parole de Dieu ; y discerner les éléments authentiquement évangéliques ou au moins ouverts à l’Évangile ; purifier ce qui est sous le signe du péché (passions, structures du mal…) ou de la fragilité humaine ; ouvrir une brèche dans le cœur de l’homme pour le conduire progressivement à une conversion radicale à Dieu, au dialogue avec les autres, à la maturité intérieure »[113].
  5. L’inculturation de la foi, qui est connaturelle aux Églises particulières, « doit être l’affaire de tout le Peuple de Dieu et pas seulement de quelques experts, car on sait que le peuple reflète l’authentique sens de la foi qu’il ne faut jamais perdre de vue. […] Elle doit être l’expression de la vie communautaire, c’est-à-dire mûrir au sein de la communauté, et non pas le fruit exclusif de recherches érudites »[114]. Si l’Évangile est inculturé dans un peuple, il transmettra la foi, même à travers sa propre culture, d’une manière si vivante qu’elle sera toujours nouvelle et attrayante.
  6. La catéchèse qui travaille au service de l’inculturation de la foi s’efforcera d’évaluer toutes les tendances et les modalités culturelles avec lesquelles l’homme s’exprime, c’est-à-dire à la fois les plus traditionnelles et locales, et les plus récentes et globales[115], en entrant en contact avec les diverses manières concrètes par lesquelles chaque peuple manifeste et vit sa propre expérience de foi. C’est pourquoi la catéchèse saura notamment valoriser certains domaines de la pastorale ecclésiale, dans lesquels elle est explicitement appelée à trouver de nouveaux langages et modalités d’expression, à travers lesquels transparaît un style missionnaire serein et joyeux : par exemple, le catéchuménat, l’initiation chrétienne, la pastorale biblique, la catéchèse liturgique. L’Évangile « se transmet sous des formes très diverses qu’il serait impossible de décrire ou de cataloguer, dont le peuple de Dieu, avec ses innombrables gestes et signes, est le sujet collectif. Par conséquent, si l’Évangile s’est incarné dans une culture, il ne se communique pas seulement par l’annonce de personne à personne. Cela doit nous faire penser que, dans les pays où le christianisme est minoritaire, en plus d’encourager chaque baptisé à annoncer l’Évangile, les Églises particulières doivent développer activement des formes, au moins initiales, d’inculturation »[116].

LES CATÉCHISMES LOCAUX

  1. Les catéchismes locaux sont des outils inestimables pour la catéchèse, appelée à apporter la nouveauté de l’Évangile aux différentes cultures des peuples. En eux, l’Église communique l’Évangile de manière accessible à la personne parce qu’elle la rencontre là où elle vit, dans sa culture et dans son monde. Les catéchismes sont un point de référence pour la catéchèse dans un contexte déterminé en tant que fruit du processus d’inculturation de la foi opéré par les Églises locales. Ils manifestent donc la compréhension de la foi d’un peuple, mais ils sont aussi son authentique expression culturelle. Les catéchismes locaux peuvent avoir un caractère diocésain, régional ou national. Le catéchisme diocésain a besoin de l’approbation de l’évêque diocésain[117]. Les catéchismes régionaux ou nationaux, pris en charge par les conférences épiscopales respectives, nécessitent l’approbation du Siège apostolique[118].
  2. Les catéchismes se caractérisent par deux traits principaux : ils ont un caractère officiel et sont une synthèse organique et fondamentale de la foi. Le catéchisme local, qui est l’expression d’un acte du Magistère épiscopal, est le texte officiel de l’Église. Le caractère officiel de ces catéchismes établit une distinction qualitative en référence à d’autres outils utiles en termes de pédagogie catéchétique, tels que des textes didactiques, des catéchismes non officiels, des guides pour les catéchistes. De plus, chaque catéchisme est une synthèse organique et fondamentale de la foi, dans laquelle les événements et les vérités fondamentales du mystère chrétien sont présentés. Il s’agit d’un ensemble structuré de documents de la Révélation et de la Tradition chrétienne, composé néanmoins avec une attention pédagogique qui tient compte des situations plus concrètes. Bien qu’il s’agisse d’un outil de premier ordre, il n’est cependant pas unique : aussi, d’autres outils de travail plus immédiats sont nécessaires.
  3. Le Catéchisme de lÉglise catholique est le texte qui, par sa nature, s’impose comme référence pour le catéchisme local. Cependant, bien qu’en lien, ils sont d’un ordre différent. Les catéchismes locaux, qui dans leur contenu se réfèrent au Catéchisme de lÉglise catholique, évoquent également toutes les autres dimensions du processus catéchétique. Ils se mesurent aux problématiques du contexte, en se chargeant de l’inculturation du message par rapport aux personnes à catéchiser ; ils contiennent des suggestions pour aider à préparer des itinéraires catéchétiques. Par conséquent, ils ne constituent pas une simple synthèse du Catéchisme de lÉglise catholique.
  4. Un catéchisme local devra présenter la foi en référence à la culture dans laquelle ses destinataires sont immergés. Il est important d’être attentif à la manière concrète de vivre la foi dans une société déterminée. Le catéchisme incorporera donc toutes ces « expressions originales de vie, de célébration et de pensée chrétiennes »[119], issues de sa propre tradition culturelle et fruit du travail et de l’inculturation de l’Église locale. Un catéchisme local devra veiller à ce que le mystère chrétien soit présenté de manière cohérente avec la mentalité et l’âge du sujet, en tenant compte des expériences fondamentales de sa vie et en étant attentif aux dynamismes de croissance propres à chaque personne. Le catéchisme local sera donc un outil approprié pour encourager les itinéraires de formation, en soutenant les catéchistes dans l’art d’accompagner les croyants vers la maturité de la vie chrétienne.
  5. Il est bon que l’Église locale, précisément en considération de sa responsabilité dans l’inculturation de la foi, procède à la publication de son propre catéchisme. La décision de moduler la présentation des quatre dimensions de la vie chrétienne[120] est confiée au discernement pastoral de l’Église locale et à sa créativité, en structurant les contenus et en articulant ses parties selon des modalités particulières, sous une forme qui soit la meilleure possible pour permettre l’accueil et la croissance de la foi de ses enfants. La même chose s’applique aux différentes manières dont le message de foi s’exprime et aux outils opérationnels.
  6. Au temps de la nouvelle évangélisation, l’Esprit Saint invite les chrétiens à avoir l’audace de « trouver les nouveaux signes, les nouveaux symboles, une nouvelle chair pour la transmission de la Parole »[121], dans la conscience sereine que « le Christ est la Bonne Nouvelle éternelle » (Ap 14, 6), et il est “le même hier et aujourd’hui et pour les siècles” (He 13, 8), mais sa richesse et sa beauté sont inépuisables. Il est toujours jeune et source constante de nouveauté. […] Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui »[122].

Indications pour obtenir la nécessaire approbation du Siège apostolique pour les catéchismes et autres écrits relatifs à l’enseignement catéchétique.

  1. La procédure pour obtenir l’approbation du Siège apostolique est un service mutuel entre les Églises particulières et l’Église universelle. D’une part, elle offre la possibilité au Siège apostolique de faire des suggestions et des observations qui, à son avis, pourraient améliorer la qualité générale d’un texte catéchétique et, d’autre part, elle permet aux Églises locales d’informer et d’éclairer le Siège apostolique sur le contexte de la catéchèse et des principaux points d’intérêt dans un territoire donné. « L’approbation préalable du Siège apostolique» – requise pour les catéchismes émanant des Conférences épiscopales – doit être comprise dans le sens où il s’agit de documents par lesquels l’Église universelle, dans les divers contextes socio-culturels auxquels elle est envoyée, annonce et transmet l’Évangile, et donne naissance aux Églises particulières en qui elle s’exprime. Approuver un catéchisme, c’est reconnaître qu’il est un texte de l’Église universelle pour une situation et une culture déterminées[123].
  2. Avec la lettre apostolique Fides per doctrinam, la compétence en matière de catéchèse est confiée au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation qui accorde l’approbation prescrite par le Siège apostolique pour les catéchismes et autres écrits relatifs à l’enseignement catéchétique. L’approbation du Siège apostolique est nécessaire pour les types de textes suivants :
  • les catéchismes nationaux ;
  • les directoires nationaux pour la catéchèse ou textes similaires de valeur égale ;
  • les catéchismes et directoires régionaux ;
  • les traductions du Catéchisme de lÉglise catholique dans les langues nationales ;
  • les textes scolaires nationaux dans les territoires où l’enseignement de la religion catholique a une valeur catéchétique ou là où ces textes sont à usage catéchétique.

CHAPITRE XII

LES ORGANISMES AU SERVICE DE LA CATÉCHÈSE

LE SAINT-SIÈGE

  1. « Le commandement du Christ de prêcher l’Évangile à toute créature (Mc 16, 15) les atteint [les évêques] en premier lieu et directement, en union avec Pierre et sous l’autorité de Pierre » (AG 38). Le Seigneur lui confie la mission de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22, 32). Par conséquent, l’annonce et la transmission de l’Évangile par le Successeur de Pierre, avec le collège épiscopal, est sa tâche fondamentale. Le Pontife romain, en plus des enseignements et des homélies, accomplit également cette tâche par ses catéchèses.
  2. En ce qui concerne la catéchèse, le Pontife romain agit ordinairement par le biais du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, qui a pour mission de veiller « sur l’instrument approprié d’évangélisation que représente la catéchèse pour l’Église, ainsi que l’enseignement catéchétique dans ses diverses manifestations, de façon à réaliser une action pastorale plus organique et efficace. Ce nouveau Conseil pontifical pourra offrir aux Églises locales et aux évêques diocésains un service adéquat dans ce domaine »[124]. Sur la base des compétences qui lui ont été conférées en matière de catéchèse, le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation :
  • veille à promouvoir la formation religieuse des fidèles de tous âges et de toutes conditions ;
  • a la faculté d’émettre des normes adéquates pour que la catéchèse soit mise en œuvre de manière appropriée selon la Tradition constante de l’Église ;
  • a pour mission de veiller à ce que la formation catéchétique soit conduite correctement dans le respect des méthodologies et des finalités selon les indications du Magistère ;
  • accorde l’approbation prescrite par le Siège apostolique pour les catéchismes et autres écrits relatifs à l’enseignement catéchétique ;
  • assiste les bureaux catéchétiques au sein des Conférences épiscopales, suit leurs initiatives en matière de formation religieuse et à caractère international, coordonne leur activité et éventuellement leur offre l’aide nécessaire.

LE SYNODE DES ÉVÊQUES OU LE CONSEIL DES HIÉRARQUES DES ÉGLISES ORIENTALES

  1. Il est de la responsabilité du Synode des évêques des Églises patriarcales respectives ou des Églises archiépiscopales majeures ou du Conseil des Hiérarques des Églises métropolitaines sui iuris, à l’intérieur de leurs propres frontières, « d’établir des directives sur la formation catéchétique qu’il faudra ordonner convenablement dans un directoire catéchétique »[125]. Il est important que chaque Église catholique orientale sui iuris, en valorisant sa propre tradition, entreprenne la rédaction de son catéchisme, adapté aux différents groupes de fidèles et accompagné d’aides et d’outils[126]. Le Synode des évêques, également par le biais d’une commission catéchétique, a pour mission de promouvoir et de coordonner les différentes initiatives catéchétiques[127]. Il veillera également sur les structures et institutions qui se consacrent à la transmission de la foi, en sauvegardant le patrimoine liturgique et théologique de leur propre Église et en tenant compte de l’enseignement de l’Église universelle.

LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE

  1. Le Code de droit canonique stipule qu’« auprès de la Conférence des évêques un office catéchétique peut être institué, dont la fonction principale sera de fournir une aide à chaque diocèse en matière de catéchèse »[128], une réalité désormais consolidée presque partout. « On doit tenir compte du fait essentiel que les Conférences épiscopales, avec leurs commissions et leurs services, existent pour aider les évêques et non pour se substituer à eux »[129]. LOffice catéchétique national (ou Service national de la catéchèse) est donc un organisme de service pour les diocèses de son propre territoire.
  2. L’Office catéchétique national procédera tout d’abord à lanalyse de la situation de la catéchèse sur son propre territoire, en s’appuyant également sur les recherches et études des centres académiques ou scientifiques et des experts en la matière. Ces analyses ont pour objectif lélaboration dun projet national de catéchèse et, pour cela, une coordination de ses propres activités avec celles des autres offices nationaux de la Conférence épiscopale est nécessaire. Ce projet national peut impliquer, tout d’abord, l’établissement de directives et d’orientations catéchétiques, d’outils de réflexion et d’orientation, qui sont une importante source d’inspiration pour la catéchèse des Églises locales et constituent également un point de référence pour la formation des catéchistes[130]. Par ailleurs, à partir de ces orientations, l’Office catéchétique s’occupera de la préparation de véritables catéchismes locaux.
  3. En ce qui concerne les diocèses, l’Office catéchétique national, en fonction des besoins et des possibilités, assurera la formation des directeurs des offices diocésains, également par le biais de congrès, de séminaires d’étude et de publications. Par ailleurs, il organisera des événements concernant la catéchèse pour le territoire national, coordonnera les activités des offices diocésains et soutiendra tout spécialement les diocèses moins bien pourvus en matière de catéchèse. Enfin, il s’occupera des relations avec les éditeurs et les auteurs, en s’assurant que le matériel publié correspond aux besoins de la catéchèse du pays concerné.
  4. Toujours au niveau international et continental, des organes de communion et de collaboration ont vu le jour au sein des Conseils des conférences épiscopales afin de favoriser la réflexion et l’animation pastorale. Les services de la catéchèse opèrent également au sein de ces instances ecclésiales dans le but de soutenir les évêques et les Conférences épiscopales.

LE DIOCÈSE

  1. L’Église particulière, manifestation concrète de l’unique Église dans une région du monde, sous la direction de son évêque, est le sujet de l’évangélisation. À ce titre, elle « est bien plus qu’une institution organique et hiérarchique, car avant tout c’est un peuple qui est en marche vers Dieu […] qui transcende toujours toute expression institutionnelle même nécessaire »[131]. La Curie diocésaine dans ses différentes divisions (services, conseils, commissions…) est au service de ce peuple évangélisateur, qui aide à discerner et à ordonner les priorités pastorales, à partager les objectifs, à élaborer des stratégies opérationnelles, en évitant la fragmentation des propositions.

L’Office catéchétique diocésain et ses missions

  1. Dans la curie diocésaine, la prise en charge et la promotion de la catéchèse sont confiées à l’Office catéchétique diocésain[132]. La catéchèse est une activité tellement fondamentale pour la vie d’une Église particulière que chaque diocèse doit avoir son propre Office catéchétique. Il sera dirigé par un responsable si possible expert en catéchèse, soutenu par des personnes compétentes, afin que les différentes problématiques soient traitées avec la responsabilité qui s’impose. Il est préférable que ce service diocésain soit composé de prêtres, de personnes consacrées et de laïcs. L’Office catéchétique diocésain interagit avec l’Office catéchétique national de la Conférence épiscopale et avec d’autres organismes nationaux. Il entretient également des relations de collaboration avec d’autres diocèses. Parmi ses tâches, l’Office catéchétique diocésain se chargera d’analyser la situation, de se coordonner avec l’ensemble de la pastorale diocésaine, d’élaborer le projet catéchétique et son programme opérationnel, et de s’engager dans la formation des catéchistes.

Analyse de la situation

  1. Pour organiser l’activité catéchétique, l’Office catéchétique partira de l’analyse de la situation. Cette prise de conscience de la réalité a trait aux aspects socioculturels et religieux en vue d’une interprétation pastorale pour l’inculturation de la foi. Cette analyse de la situation est une première aide à caractère informatif, qui est proposé aux catéchistes. Lanalyse du contexte socioculturel permet de comprendre les transformations en cours dans la société qui affectent la vie de chacun. De même, lanalyse de la situation religieuse étudie « le sens du sacré, c’est-à-dire les expériences humaines qui, de par leur profondeur, ouvrent au mystère ; le sens religieux, à savoir les modes concrets par lesquels un peuple déterminé conçoit Dieu et communique avec Lui ; et les situations de foi, avec les divers types de croyants »[133]. Ces analyses nous permettent également d’entrevoir les valeurs que les personnes acceptent ou rejettent en tant que telles. Pour comprendre le contexte socioculturel et religieux, les études menées par des institutions scientifiques et des centres de recherche spécialisés seront utiles.
  2. Ces contributions aident l’Office catéchétique dans sa tâche d’évaluation de létat de la catéchèse au sein du processus dévangélisation. Concrètement, il s’agit d’examiner l’équilibre et l’articulation des parcours catéchétiques et d’essayer de comprendre comment de fait ils se déroulent réellement (contenus, style, méthode, outils…). De plus, il est important de prendre en considération la condition des catéchistes et leur formation. Mais il ne faut pas glisser dans « un excès de diagnostic qui n’est pas toujours accompagné de propositions qui apportent des solutions et qui soient réellement applicables. D’autre part, un regard purement sociologique […] ne nous servirait pas non plus » ; « un discernement évangélique » serait en revanche plus fructueux. « C’est le regard du disciple missionnaire »[134], qui, avec un esprit de foi et une attitude d’écoute et de dialogue, en appréciant sereinement ce qui existe, accompagne patiemment la croissance de la foi.

Coordination de la catéchèse

  1. Il est important que la catéchèse se coordonne avec les autres dimensions de la pastorale de l’Église particulière. Il ne s’agit pas d’une « question purement stratégique visant une plus grande efficacité de l’activité évangélisatrice, mais elle a une dimension théologique fondamentale. L’activité évangélisatrice doit être bien coordonnée car elle vise lunité de la foi qui soutient toutes les activités de l’Église »[135]. La catéchèse entretient une relation étroite avec la pastorale familiale, la pastorale des jeunes et la pastorale vocationnelle, ainsi qu’avec la pastorale scolaire et universitaire. Même si l’action pastorale de l’Église est plus ample que la catéchèse, celle-ci néanmoins – de par sa fonction d’initiation – la vivifie et la rend féconde. L’accentuation kérygmatique et missionnaire de la catéchèse à l’heure actuelle favorise la conversion pastorale et donc la transformation missionnaire de l’Église.
  2. La nécessité d’une pastorale organique nécessite la coordination de la catéchèse avec d’autres activités d’évangélisation. Il pourrait ainsi être opportun, par exemple, que dans l’Église particulière soit organisée une commission dinitiation à la vie chrétienne où convergent la pastorale de la première annonce et la catéchèse, la pastorale liturgique et la Caritas [ndlr : Secours catholique en France], les associations et les mouvements laïcs. Cette commission pourrait offrir à la pastorale diocésaine des orientations communes pour l’initiation à la vie chrétienne, soit sous forme de catéchuménat pour les non baptisés, soit par une catéchèse d’inspiration catéchuménale pour les baptisés, sachant qu’il est important que toutes les propositions pastorales aient la même inspiration de base.

Projet diocésain de catéchèse

  1. Il est nécessaire que le diocèse mène une action pastorale organique, afin que les divers charismes, ministères, services, structures et organisations s’articulent dans le même projet évangélisateur. Dans le contexte plus large du projet pastoral diocésain, « Le projet diocésain de catéchèse est l’offre catéchétique globale d’une Église particulière qui intègre, d’une manière articulée, cohérente et coordonnée, les divers processus de catéchèse »[136].Les différents parcours catéchétiques ne doivent pas être organisés séparément, mais dans leur complémentarité mutuelle, en gardant à l’esprit que « le principe organisateur qui assure la cohérence entre les divers processus de catéchèse offerts par une Église particulière est l’attention à la catéchèse des adultes. Elle est l’axe porteur autour duquel gravite la catéchèse »[137] des autres âges. Il ne s’agit donc pas d’ajouter quelques activités destinées aux adultes à côté de la catéchèse des enfants et des jeunes, mais d’un renouvellement de la compréhension de l’ensemble de l’activité catéchétique.
  2. Le projet est habituellement structuré en fonction de lâge de la vie. Cette méthode d’organisation de la catéchèse reste certes valable, mais aujourd’hui la prise en compte d’autres critères est également nécessaire. En effet, le projet peut être élaboré en prenant en considération les étapes de croissance de la foi : en fait, certains font les premiers pas dans la recherche de Dieu ; d’autres, bien que pratiquant la foi, ne sont pas suffisamment catéchisés ; d’autres encore demandent à être accompagnés dans un approfondissement de la foi. Un autre critère peut être celui qui prend en compte la situation existentielle des sujets : fiancés, personnes en situation de fragilité, professionnels, etc. La structuration diversifiée de la proposition de formation de l’Office catéchétique sera respectueuse des processus personnels et des rythmes communautaires. Aussi important soit-il, le projet diocésain de catéchèse ne remplace jamais l’accompagnement personnel, mais il sera plutôt au service de ces situations individuelles, fournissant les indications nécessaires pour que les catéchistes puissent se rapprocher de leurs frères et sœurs sur le chemin qu’ils sont en train de parcourir.

Programme opérationnel

  1. Si le projet diocésain de catéchèse constitue un plan organique d’orientations fondamental et de long terme, le programme opérationnel est sa mise en œuvre concrète dans le cadre d’une situation spécifique et à un moment déterminé. « L’expérience montre que le programme d’action est très utile pour la catéchèse car, dans la définition de certains objectifs communs, il conduit à unir les efforts et à travailler dans une perspective d’ensemble. C’est pourquoi sa première condition doit être le réalisme, uni à la simplicité, à la concision et à la clarté »[138]. Ce programme identifie donc les contenus, indique les objectifs intermédiaires – clairs, progressifs, évaluables –, prépare les activités et les techniques, élabore ou indique les aides et les matériels, détermine les délais. De plus, en établissant le programme, une importance sera accordée au moment de l’évaluation, ce qui permet de faire mémoire du cheminement et de s’ouvrir à des modifications et à des améliorations.

Formation des catéchistes

  1. L’Office catéchétique diocésain doit veiller particulièrement à la formation des catéchistes[139], sachant très bien que l’Esprit Saint fait usage de leur précieuse et compétente collaboration pour que l’Évangile soit accepté par tous. Tout d’abord en évaluant les besoins réels des catéchistes et dans un style adapté à l’époque et à la sensibilité contemporaine, l’Office cherche à préparer une offre de formation qui réponde aux dimensions de l’être, du savoir être avec, du savoir, du savoir-faire, en évitant de mettre indûment l’accent sur une seule dimension au détriment des autres. L’objectif, qui peut être poursuivi le mieux possible dans des centres de formation appropriés, est à la fois de fournir aux catéchistes une formation de base et permanente et de dispenser une formation spécialisée aux responsables et aux coordinateurs de la catéchèse en fonction des choix et des besoins de l’Église particulière. C’est pourquoi il est important que l’Office catéchétique collabore avec les autres services et réalités diocésaines et cultive une relation de confiance, de soutien et de collaboration avec les laïcs et les prêtres des communautés paroissiales, dans lesquelles a effectivement lieu la formation ordinaire des catéchistes.

[1] BENOÎT XVI, exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2010), 3.

[2] EG 174.

[3] EG 22.

[4] BENOÎT XVI, exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2010), 93.

[5] EN 23.

[6] AUGUSTIN D’HIPPONE, In Iohannis evangelium tractatus, 12, 5 : CCL 36, 123 (PL 35, 1486).

[7] BENOÎT XVI, exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2010), 55.

[8] EG 111.

[9] EG 120

[10] Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, lettre Iuvenescit Ecclesia (15 mai 2016), 10.

[11] FRANÇOIS, Discours pour la commémoration du 50e anniversaire de linstitution du Synode des évêques (17 octobre 2015) ; cf. aussi EG 171.

[12] CONGRÉGATION POUR LES ÉGLISES ORIENTALES, Instruction pour lapplication des prescriptions liturgiques du Code des canons des Églises orientales (6 janvier 1996), 10.

[13] CCEO c. 621 § 2.

[14] CONGRÉGATION POUR LES ÉGLISES ORIENTALES, Instruction pour lapplication, op. cit., 30.

[15] CCEO c. 41.

[16] DGC 217. Dans tout le document, l’expression Église particulière fait référence au diocèse et à ses réalités qui lui sont équivalentes selon le droit (CIC c. 368). L’expression Église locale fait référence aux agrégations d’Églises particulières, établies dans une région ou une nation, ou même dans un ensemble de nations unies entre elles par des liens particuliers.

[17] EG 30.

[18] EN 62.

[19] JEAN-PAUL II, exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), 26.

[20] DGC 257.

[21] EG 28 ; cf. aussi JEAN-PAUL II, exhortation apostolique postsynodale Christifideles laici (30 décembre 1988), 26.

[22] JEAN-PAUL II, exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America (22 janvier 1999), 41.

[23] EG 30.

[24] JEAN-PAUL II, lettre encyclique Redemptoris missio (7 décembre 1990), 72.

[25] JEAN-PAUL II, exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), 29.

[26] Ibid., 30. Les critères d’ecclésialité sont : la primauté donnée à la vocation de tout chrétien à la sainteté ; la responsabilité de confesser la foi catholique ; le témoignage d’une communion solide et convaincue dans une relation filiale avec le Pape et l’évêque ; la conformité et la participation au but apostolique de l’Église ; l’engagement d’une présence dans la société humaine.

[27] EG 29.

[28] JEAN-PAUL II, lettre encyclique Redemptoris missio (7 décembre 1990), 51 ; cf. aussi EN 58.

[29] JEAN-PAUL II, exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), 62 ; cf. DGC 261.

[30] CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Dimension religieuse de léducation dans lécole catholique. Orientations pour la réflexion et la révision (7 avril 1988), 31.

[31] CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Lécole catholique au seuil du troisième millénaire (28 décembre 1997), 11.

[32] Ibid., 9.

[33] CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Éduquer au dialogue interculturel à lécole catholique. Vivre ensemble pour une civilisation de lamour (28 octobre 2013), 74

[34] DGC 73.

[35] BENOÎT XVI, exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini (30 septembre 2010), 111.

[36] BENOÎT XVI, Discours aux participants lors de la rencontre avec les enseignants de religion catholique (25 avril 2009).

[37] CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Éduquer au dialogue, op. cit., 72.

[38] DGC 74.

[39] Cf. CIC c. 804 § 2 et c. 805.

[40] EG 176.

[41] Le modèle du polyèdre est utilisé avant tout pour expliquer la relation entre localisation et mondialisation : cf. EG 236 et FRANÇOIS, Message pour le IIIe Festival de la doctrine sociale de lÉglise (21 novembre 2013). Ce modèle peut également éclairer la réflexion sur le sens des charismes et des dons dans l’unité ecclésiale : cf. ID., Discours au mouvement du Renouveau dans lEsprit (3 juillet 2015) et ChV 207. Enfin, cela accompagne la dynamique de discernement pastoral des situations complexes : cf. AL 4. C’est dans ce dernier sens qu’il est compris ici.

[42] EG 64

[43] FRANÇOIS, Discours aux participants au Congrès international de la pastorale des grandes villes (27 novembre 2014).

[44] EG 73.

[45] EG 71.

[46] Ve CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ÉPISCOPAT LATINO-AMÉRICAIN ET DES CARAÏBES, Document dAparecida (30 mai 2007), 518.

[47] EG 74.

[48] EG 75.

[49] EG 73.

[50] EG 62.

[51] EG 68.

[52] EG 116 ; cf. aussi JEAN-PAUL II, lettre apostolique Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), 295.

[53] DGC 195 ; cf. CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire sur la piété populaire et la liturgie. Principes et orientations (17 décembre 2001).

[54] EG 124 ; cf. aussi Ve CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ÉPISCOPAT LATINO-AMÉRICAIN ET DES CARAÏBES, Document dAparecida (30 mai 2007), 262-263.

[55] EG 125.

[56] EN 48.

[57] Cf. EG 69.

[58] Ve CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ÉPISCOPAT LATINO-AMÉRICAIN ET DES CARAÏBES, Document dAparecida (30 mai 2007), 264.

[59] EG 122.

[60] EG 126

[61] EN 48.

[62] FRANÇOIS, lettre apostolique Sanctuarium in Ecclesia (11 février 2017).

[63] CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES MIGRANTS ET DES PERSONNES EN DÉPLACEMENT, Le sanctuaire, mémoire, présence et profession du Dieu vivant (8 mai 1999), 10.

[64] Ve CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ÉPISCOPAT LATINO-AMÉRICAIN ET DES CARAÏBES, Document dAparecida (30 mai 2007), 259.

[65] À propos de la nature dialogale de l’Église, cf. nos 53-54 : « La catéchèse comme laboratoire du dialogue » du présent Directoire.

[66] Ce qu’on appelle « œcuménisme du sang ». Cf. JEAN-PAUL II, lettre apostolique Tertio millennio adveniente (10 novembre 1994), 37 ; FRANÇOIS, Homélie lors des vêpres en la solennité de la conversion de saint Paul Apôtre (25 janvier 2016).

[67] Cf. EN 77 et EG 244.

[68] CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITÉ DES CHRÉTIENS, Directoire pour lapplication des principes et des normes sur lœcuménisme (25 mars 1993), 61. Cf. aussi JEAN-PAUL II, lettre encyclique Ut unum sint (25 mai 1995), 18-20.

[69] CT 33.

[70] EG 246.

[71] CEC 839. Cf. COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME, Orientations et suggestions pour lapplication de la déclaration conciliaire Nostra Aetate, 4 (1er décembre 1974) ; ID., Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de lÉglise catholique (24 juin 1985) ; ID., « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11, 29). Une réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Aetate (no 4) (10 décembre 2015). Voir aussi EG 247-249.

[72] COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME, « Pourquoi les dons et lappel de Dieu sont irrévocables », op. cit., 14.

[73] Id., 25.

[74] Cf. EN 53 ; JEAN-PAUL II, lettre encyclique Redemptoris missio (7 décembre 1990), 55-57 ; CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX – CONGRÉGATION POUR L’ÉVANGÉLISATION DES PEUPLES, Dialogue et Annonce. Réflexions et orientations concernant le dialogue interreligieux et lannonce de lÉvangile (19 mai 1991) : CONSEIL PONTI FICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX, Dialogue dans la vérité et la charité. Orientations pastorales pour le dialogue interreligieux (19 mai 2014) ; FRANÇOIS – AHMAD AL-TAYYEB, Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune (4 février 2019).

[75] Cf. EG 252-254.

[76] CONSEIL PONTIFICAL DE LA CULTURE – CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX, Jésus-Christ porteur deau vive. Une réflexion chrétienne sur le « Nouvel Âge » (2003).

[77] EG 63.

[78] Parmi toutes, l’encyclique Fides et ratio de JEAN-PAUL II, consacrée spécifiquement à ce thème, a une place importante. Cf. également quelques pages du concile Vatican II : GS 5, 36, 57, 62 ; OT 13, 15 et AA 7 ; certains numéros du CEC : 31-34, 39, 159, 2292-2296, 2417. Les Pontifes ont également adressé de nombreux discours aux universités, aux scientifiques et aux hommes de culture.

[79] Le scientisme ne réduit le phénomène humain complexe qu’à ses composants matériels. Selon ce point de vue, les réalités spirituelles, éthiques et religieuses, n’étant pas expérimentalement empiriques, ne seraient pas réelles et se limiteraient à l’imagination subjective. Cf. JEAN-PAUL II, lettre encyclique Fides et ratio (14 septembre 1998), 88.

[80] EG 242.

[81] EG 132.

[82] Cf. JEAN-PAUL II, Discours à lAcadémie pontificale des sciences (13 novembre 2000).

[83] ChV 86.

[84] ChV 87.

[85] ChV 88.

[86] ChV 89.

[87] ChV 89.

[88] FRANÇOIS, lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 47.

[89] FRANÇOIS, Discours aux participants à la rencontre commémorative pour le XXVe anniversaire du Catéchisme de lÉglise catholique (11 octobre 2017).

[90] Ibid. ; cf. aussi CEC 2267 (nouvelle rédaction du 1er août 2018).

[91] FRANÇOIS, lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 105.

[92] Cf. en particulier PAUL VI, Octogesima adveniens (14 mai 1971) ; JEAN-PAUL II, Centesimus annus (1er mai 1991) ; BENOÎT XVI, Caritas in veritate (29 juin 2009). L’encyclique Laudato si’ du pape FRANÇOIS occupe une place importante en la matière.

[93] JEAN-PAUL II, Message pour la Journée mondiale de la paix 1990 (8 décembre 1989), 15.

[94] FRANÇOIS, lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 64.

[95] Cf. ibid., chapitre II et CEC 279-384.

[96] La lettre encyclique Laudato si’ donne des indications sur les attitudes qui obstruent : no 14 ; sur les motivations : nos 62-64 et 216 ; sur les actions concrètes : chapitres V-VI.

[97] JEAN-PAUL II, lettre encyclique Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), 42.

[98] Pour en savoir plus sur le Magistère concernant l’option pour les pauvres au cours des deux derniers siècles, cf. LEON XIII, Rerum novarum (15 mai 1891) ; PIE XI, Quadragesimo anno (15 mai 1931) ; JEAN XXIII, Mater et Magistra (15 mai 1961) ; CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Gaudium et spes (7 décembre 1965) ; PAUL VI, Populorum progressio (26 mars 1967) ; JEAN-PAUL II, Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987) ; ID., Centesimus annus (1er mai 1991) ; CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la doctrine sociale de lÉglise (2 avril 2004) ; BENOÎT XVI, Caritas in veritate (29 juin 2009).

[99] EG 198.

[100] EG 198.

[101] FRANÇOIS, Message pour la Ière Journée mondiale des pauvres (13 juin 2017), 3.

[102] EG 180 ; cf. aussi EG 178-185.

[103] Cf. PAUL VI, lettre encyclique Populorum progressio (26 mars 1967), 14.

[104] EG 183.

[105] Pour une vue synthétique de la doctrine sociale de l’Église, voir : CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la doctrine sociale de lÉglise (2 avril 2004).

[106] FRANÇOIS, lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 231 ; cf. aussi BENOÎT XVI, lettre encyclique Caritas in veritate (29 juin 2009), 2.

[107] JEAN-PAUL II, lettre encyclique Laborem exercens (14 septembre 1981), Bénédiction.

[108] EN 63.

[109] EG 122

[110] EG 129.

[111] CT 53. Sur le thème de l’inculturation de la foi dans les différentes zones géographiques, les exhortations apostoliques qui ont suivi les Synodes continentaux sont d’une grande importance : JEAN-PAUL II, Ecclesia in Africa (14 septembre 1995) ; ID., Ecclesia in America (22 janvier 1999) ; ID., Ecclesia in Asia (6 novembre 1999) ; ID., Ecclesia in Oceania (22 novembre 2001) ; ID., Ecclesia in Europa (28 juin 2003) ; BENOÎT XVI, Africae munus (19 novembre 2011) ; ID., Ecclesia in Medio Oriente (14 septembre 2012) ; FRANÇOIS, Querida Amazonia (2 février 2020).

[112] Cf. DGC 203 ; cf. aussi CT 53.

[113] DGC 204 ; cf. aussi EN 20.

[114] JEAN-PAUL II, lettre encyclique Redemptoris missio (7 décembre 1990), 54.

[115] Au sujet des scénarios culturels contemporains, cf. chapitre X du présent Directoire.

[116] EG 129.

[117] Cf. CIC c. 775 § 1.

[118] Cf. CIC c. 775 § 2.

[119] CT 53.

[120] Sur les quatre dimensions de la vie chrétienne, cf. nos 79-87 (« Missions de la catéchèse ») et no 189 (« Sources et structure du catéchisme ») du présent Directoire. Certains catéchismes ont une structure trinitaire ou sont configurés selon les moments de l’histoire du salut ou selon un thème biblique ou théologique (ex. Alliance, Royaume de Dieu…). D’autres sont fixés selon les vertus théologales ou selon les époques de l’année liturgique. D’autres encore, en revanche, sont articulés autour des grandes questions de sens ou des étapes de la croissance humaine et spirituelle ou autour de certaines situations de vie particulières des sujets.

[121] EG 167.

[122] EG 11.

[123] DGC 285.

[124] BENOÎT XVI, lettre apostolique Fides per doctrinam (16 janvier 2013).

[125] CCEO c. 621 § 1.

[126] Cf. CCEO c. 621 § 3.

[127] Cf. CCEO c. 622.

[128] CIC c. 775 § 3.

[129] JEAN-PAUL II, lettre apostolique Apostolos suos (21 mai 1998), 18.

[130] Cf. DGC 282. Ces types de textes sont appelés de différentes manières : Directoire catéchétique, Orientations catéchétiques, Document de base, Texte de référence

[131] EG 111.

[132] L’Office catéchétique diocésain (officium catecheticum) fut institué par le décret Provido Sane : cf. SACRÉE CONGRÉGATION DU CONCILE, Décret Provido Sane (12 janvier 1935) ; cf. CIC c. 775 § 1.

[133] DGC 279.

[134] EG 50

[135] DGC 272.

[136] DGC 274.

[137] DGC 275.

[138] DGC 281.

[139] Concernant les principes généraux de la formation des catéchistes, voir le chapitre IV du présent Directoire

Les autres parties

acteurs pastoraux ?

service national catéchèse et catéchuménat