80ème anniversaire de la Conférence de Wansee : cérémonie commémorative au Mémorial de la Shoah

À l’occasion du 80ème anniversaire de la conférence de Wannsee, une cérémonie commémorative s’est tenue le 20 janvier 2022 au Mémorial de la Shoah pour commémorer les victimes de la « Solution finale ».

Le 20 janvier 1942, à Wannsee, dans les faubourgs de Berlin, sous la présidence de Reinhard Heydrich quinze hauts dignitaires du IIIe Reich ont décidé des modalités de l’extermination des onze millions de juifs d’Europe. C’est ainsi qu’ont eu lieu les rafles en juillet et les premières interventions des Justes en août et septembre 1942.

La cérémonie au Mémorial de la Shoah s’est déroulée dans la crypte en présence des responsables du Consistoire israélite, de la Conférence des évêques et de la Fédération protestante de France. Les élèves de l’Alliance israélite universelle Georges Leven, présents dans la salle, ont lu des poèmes, un psaume et des extraits de l’œuvre de l’écrivain Elie Wiesel en compagnie d’élèves de terminale du lycée catholique des Francs Bourgeois-La Salle.

Transmettre à la jeune génération

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, Archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France a rappelé qu’il y a 80 ans des êtres humains ont pensé la destruction de l’humanité et qu’elle a conduit à 6 millions de morts. Ce 20 janvier 1942, « des être humains ont pensé dans tous les détails la destruction d’une partie de l’Humanité et ce fut sans doute la première fois qu’un tel projet fut ainsi pensé froidement » avant d’ajouter : « la Shoah c’est-à-dire l’extermination du peuple juif à l’Europe entière, n’a pas été le résultat d’une finalité ni d’un coup de folie qui aurait saisi une partie de l’Humanité. Elle vient d’une décision pesée, mûrement pesée, dont les modalités de réalisation ont été soigneusement déterminées pour les rendre aussi efficaces que possibles. » Il a aussi souligné le fait que « ce qui s’est produit est inimaginable. Cela pourrait se reproduire si nous n’y prenons pas garde.Il ne s’agit pas seulement de condamner des attitudes et des actions, il nous faut apprendre à guérir de tout antisémitisme. »

Des être humains ont pensé dans tous les détails la destruction d’une partie de l’Humanité

Le Grand Rabbin de France Haim Korsia a exhorté les lycéens à ne jamais faire preuve d’indifférence, en paraphrasant Elie Wiesel qui disait que le contraire de l’amour n’est pas la haine mais bien l’indifférence. « Tous les massacres ont pu être possibles par l’indifférence (…) Tirez de cela une leçon ! Ne soyez pas pas ceux qui se taisent parce que se taire, c’est reprendre d’une certaine façon cette complicité« , a t-il lancé aux jeunes lycéens. « Je voudrais que cette Terre de sang, cette Europe décrite par Snyder devienne une terre de paix et d’Espérance ».

Dans son allocution, il a également rappelé avec force l’engagement de la Conférence des évêques de France et de la Fédération protestante de France à lutter contre l’antisémitisme. En février 2021, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) avait rédigé une déclaration dans laquelle ils redisaient « combien la lutte contre l’antisémitisme doit être l’affaire de tous et ils [affirmaient] leur volonté de travailler avec tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans cette lutte. ».

Le Pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France a appelé à la « responsabilité » et la « vigilance » face à l’antisémitisme.

Esther Senot, survivante du camp d’Auschwitz a témoigné de son histoire en évoquant le camp de Drancy, les wagons à bestiaux et « les flammes qui montaient vers le ciel« . Elle a allumé la première bougie du souvenir avant de la donner à deux élèves, en signe de transmission. Les lycéens chrétiens et juifs étaient conviés à déposer 60 votives sur l’étoile de David en mémoire des 6 millions de juifs assassinés.

Temps de prière et de recueillement

A la fin de la cérémonie commémorative, des lycéens et des lycéennes se sont recueillis devant le « Mur des noms » du Mémorial. Sur ce mur sont gravés les noms de près de 76 000 juifs déportés de France, entre 1942 et 1944.

Le 20 mars 2022, pour la première fois, l’Amitié Judéo-chrétienne de France (AJCF) instituera au Mémorial de la Shoah une Journée nationale de réflexion et d’action sur la lutte contre l’antisémitisme. « Cette amitié doit être un rempart contre le virus de l’antisémitisme qui ne cesse jamais de se propager et de se renouveler. Mais la Shoah n’appartient-elle qu’au passé ?, s’est interrogé Jean-Dominique Durand, président de l’Amitié Judéo chrétienne de France.  » Si nous n’y prenons pas garde, la Shoah va se développer à nouveau. »

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