En marche vers Pâques ! par Mgr Pansard

Temps de préparation, le carême nous propose chaque année de nous mettre en route vers Pâques. Plus qu’un jogging de décrassage annuel, c’est le temps favorable pour retrouver le dynamisme de notre baptême où nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ.
Avez-vous remarqué que les écritures utilisent souvent l’image de la marche, de la route, du pèlerinage… pour évoquer le chemin des croyants que nous sommes comme le fait le prophète Michée:

« Homme, le Seigneur t’a fait savoir ce qui est bien, ce qu’il réclame de toi : rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu. » (6, 8)
Dans notre marche vers Pâques, comme chaque fois que nous voulons partir en voyage, il faut faire nos bagages. Se pose alors la question de ce qu’il faut emporter et de ce que nous pouvons emporter. Il nous faut choisir, faire un tri, emporter l’essentiel et renoncer au superflu pour ne pas être encombré ou alourdi sur la route du carême afin de ne plus vivre pour nous-même, mais pour Celui qui nous a aimés et s’est donné pour nous, et aussi à vivre pour nos frères.
Emportons donc avec nous le jeûne, le partage, la prière et l’écoute de la Parole de Dieu.
 

Le jeûne

Le carême est un temps pour éprouver notre rapport à la nourriture, aux images, aux bruits, aux paroles, aux jeux, au sommeil et tous les biens de consommation afin de vérifier et expérimenter notre faim véritable : ce qui est nécessaire au-delà du pain pour vivre la vérité de notre rapport, de notre communion à Dieu et à nos frères, de notre soif de Dieu.
 

Le partage

Lié au jeûne, le carême est un temps favorable pour réfléchir à ce que l’on possède, à ce qui est vraiment nécessaire, et entrer dans la pratique personnelle et communautaire de ce qui peut être partagé avec ceux qui en ont besoin. Temps pour retrouver la logique de l’amour de Dieu et du prochain, temps du commandement nouveau résumé de tout l’Evangile. « Si quelqu’un possède des richesses de ce monde et, voyant son frère dans la nécessité, lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1Jn 3,17).
 

La prière

Comment prier sans d’abord écouter le Seigneur de nos vies? Le carême est un temps favorable pour le silence nécessaire à l’écoute de la Parole de Dieu afin de communier à son projet et conduire nos pas. « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118, 105).

« Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton coeur afin que tu la mettes en pratique ». (Dt – 30 : 14).Mettons donc nous-même en route avec tout ce que nous sommes! Non pas un pur esprit ou uniquement chair, non pas une image virtuelle, rêvée, idéalisée ou caricaturale de nous-mêmes, non pas un personnage de plâtre mais cet être réel que nous sommes. C’est cette personne concrète que le Seigneur aime, rejoint, appelle à la conversion, et sauve. Si nous ne nous mettons pas en route en vérité avec tout ce que nous sommes, le Seigneur n’aura rien à convertir, à purifier et transformer au crible de sa Parole et au feu de son amour. En route vers Pâques pour retrouver la vérité et l’authenticité de ce que nous sommes, des baptisés, des disciples du Christ!

Et pourquoi ne pas profiter du carême pour lire, méditer et prier les lectures de la veillée pascale où nous renouvellerons notre profession de foi baptismale.

 

Mgr Michel Pansard, évêque de Chartres