Homélie du dimanche 15 janvier

Dimanche 15 janvier 2023
2éme dimanche du Temps ordinaire année A

Références bibliques :

Lecture du prophète Isaïe : 49. 3 à 6 : « Je vais faire de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »
Psaume 39 : « J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée » (en grec : Eglise)
Lecture de saint Paul aux Corinthiens: 1 Cor. 11. 1à 3 :  » Vous qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint. »
Evangile selon saint Jean : 1. 29 à 34 : »Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage, c’est lui le Fils de Dieu! »

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Nous sommes au seuil de la « Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens » qui va du 18 au 25 janvier. Les textes liturgiques nous permettent d’approfondir ce qu’est, aux yeux du Seigneur Jésus, l’Unité de l’Eglise, l’unité du Peuple qu’il a sauvé. Ils commentent, mieux que tout autre, le verset biblique qui servira de support à la prière de chaque jour de cette semaine. « Le Christ est l’unique fondement de l’Église. » ( 1 Cor. 3. 11)

REJOINDRE ET REUNIR TOUS LES HOMMES

Le prophète Isaïe, en définissant la mission de l’Envoyé de Dieu, le situe par rapport à Israël, le Peuple de l’Alliance, et, dans le même temps, par rapport à tous les hommes, par delà la Terre Promise, « jusqu’aux extrémités de la terre. »

« L’exigence de l’Eglise, c’est d’être, dans notre monde déchiré, un signe et un moyen de l’unité. Elle doit dépasser sa pluralité et unir les nations, les races et les classes. » (Ratzinger. La foi chrétienne, hier et aujourd’hui – 1969) Cette Eglise ici, n’est pas entendu comme étant uniquement l’Eglise romaine, mais « l’Eglise, unité concrète de la foi commune attestée dans la parole et de la table commune de Jésus-Christ ». (Ratzinger – id)

L’Eglise de Corinthe, dont il est question aujourd’hui, est partie constitutive de cette Eglise unique, « vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » (1 Corinthiens 1. 2) La division existe entre les Eglises. Elle existe même au sein de chaque Eglise où les communautés s’isolent et se replient sur elles-mêmes, chacune attendant que l’autre partage son identité, sa manière d’être et de vivre dans la foi. Comment ces communautés qui ne se rejoignent même pas au sein de la même Eglise particulière, pourraient-elles devenir ferment d’unité de l’Eglise universelle.

LE CHRIST EST UNIQUE

Le Christ est avant tout communion. C’est dans ce sens que nous devons entendre son appel : « Qu’ils soient un. » « Il n’est pas venu sur terre pour créer une nouvelle religion mais pour susciter une nouvelle communauté d’amour en Dieu. » (Frère Roger – Milan 1998) Personne avant Lui n’a donné autant de force à cette communion.

« L’oecuménisme devrait sortir des querelles de mots pour se fonder sur un réalisme expérimental du salut. Nous devons essayer d’entrer dans le regard de l’autre pour découvrir tel aspect, pour nous inattendu ou négligé, du visage du Christ. Le visage défiguré du Crucifié, inépuisablement scruté par l’Occident, le visage transfiguré du Ressuscité, inépuisablement glorifié par l’Orient. Leur différence même manifeste l’immensité de l’amour de Dieu pour nous. » (Patriarche Bartholomeos I – 1996)

VA D’ABORD TE RECONCILIER

Cette parole du Christ ne peut ni ne doit être oubliée dans chaque démarche que les chrétiens initient pour vivre l’unité dans le Christ. « La vocation à se réconcilier entre chrétiens séparés s’appellent l’œcuménisme. L’œcuménisme s’immobilise quand il laisse se créer des voies parallèles qui, par ce fait même, ne peuvent se rejoindre et sur lesquelles finissent par s’user les forces vives de l’appel à la réconciliation. C’est comme si des trains cheminaient les uns à côté des autres. Ils s’arrêtent de temps en temps pour permettre une rencontre, puis chaque voyageur reprend son propre train. » (Frère Roger – Milan 1998)

Le pape Jean-Paul II, quand il évoque cette réconciliation, utilise l’expression, « dialogue de la conversion ». « Le dialogue de la conversion de toutes les communautés avec le Père, sans indulgence pour elles-mêmes, est la base de relations fraternelles bien différentes d’une entente cordiale ou d’une convivialité toute extérieure. Les liens de la – koinonia – (terme grec qui signifie communauté d’amitié et d’amour), les liens de la koinonia fraternelle se nouent devant Dieu et dans le Christ Jésus. » (Jean-Paul II – Unum sint – 1995) Retenons toujours ces deux termes.

NE REGARDE PAS NOS PECHES

Chaque dimanche, après le « Notre Père » et avant l’échange de la paix qui précède la communion eucharistique, l’Eglise latine nous propose une prière dans la paix du Christ. La Communauté du Chemin Neuf, communauté catholique à vocation oecuménique, y insère des intentions significatives.

« Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres, ‘Je vous laisse ma paix, je vous donne la paix’ donne ta paix aux Eglises et à leurs patriarches, aux Eglises issues de la Réforme et aux Eglises évangéliques, à toutes les Assemblées qui invoquent ton Nom et aux responsables de chacune de ces Eglises. Mets un terme à notre division. Ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Eglise. Pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix. Conduis-le vers l’unité parfaite, Toi qui règnes pour les siècles des siècles.

Nous croyons à l’efficacité de la prière. Elle ne peut rester sans fruits. L’Eglise qui est le Corps du Christ, est animée par son Esprit. Son unité est à la mesure de la manière dont chaque membre vit de cet Esprit et le fait fructifier.

REGARDE LA FOI DE TON EGLISE.

Actuellement, ces jours-ci même, en Afrique comme en Asie, des chrétiens témoignent jusqu’à la mort, jusqu’au martyre, de cet attachement au Corps du Christ. « Il demeurera avec eux» (Apocalypse) Ils sont prêtres, religieux et religieuses catholiques, ils sont pasteurs réformés ou évangéliques, ils sont des laïcs appartenant à toutes les dénominations chrétiennes. « Ils seront ses peuples » (Apocalypse). Ils meurent pour le Christ à qui ils ont donné leur foi et leur vie. « Lui sera le Dieu qui est avec eux » (Apocalypse).

Jean-Paul II y voit en effet une réalité plus significative que toutes les rencontres de dialogues théologiques. « Le Christ, par la puissance de l’Esprit, suggère aux Eglises, à toutes sans exception, de s’examiner devant le Père et de se demander si elles ont été fidèles à son dessein sur l’Eglise. En réalité, toutes les Communautés chrétiennes savent qu’une telle exigence, un tel dépassement, par la force que donne l’Esprit, ne sont pas hors de leur portée. »

 » De fait, elles ont toutes des martyrs de la foi chrétienne. Malgré le drame de la division, ces frères ont gardé en eux-mêmes un attachement si radical et si absolu au Christ et au Père qu’ils ont pu aller jusqu’à l’effusion du sang… nous avons déjà un Martyrologe commun… La communion est maintenue. Ils sont dans la communion du Christ glorieux. Ils proviennent de toutes les Eglises et communautés ecclésiales qui leur ont ouvert l’entrée dans la communion du salut. » (Jean-Paul II – Ut unum sint – 1995)

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Il n’y a qu’un Christ : « C’est celui-là qui baptise dans l’Esprit-Saint. Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage, c’est Lui le Fils de Dieu. » (Jean 1. 34)
Il n’y a qu’une Bonne Nouvelle : « J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée. » (Psaume 39)
A nous de la vivre par la grâce de Dieu : « Pénètre-nous, Seigneur, de ton esprit de charité, afin que soient unis par ton amour ceux que tu as nourris d’un même pain. » (Prière de la communion du 2ème dimanche).
C’est ainsi que deviendra réalité cette affirmation qui est le thème de la prière de la Semaine de l’Unité pour cette année 1999 : « Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu-qui-est-avec-eux. » (Apocalypse 21. 3)

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