Homélie du dimanche 6 novembre

Dimanche 6 novembre 2022
Trente-deuxième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques

Lecture du second livre des Martyrs d’Israël : 7. 1 à 14 : « … quand on attend la résurrection promise par Dieu. »
Psaume 16 : « Par ta justice, je verrai ta face. Au réveil, je me rassasierai de ton visage. »
Lecture de la seconde lettre de saint Paul aux Thessaloniciens: 2. 16 à 3. 5 : « Que le Seigneur vous conduise à l’amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ. »
Evangile selon saint Luc : 20. 27 à 38 : Ils sont fils de Dieu en étant héritiers de la résurrection. »

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Malgré la persécution religieuse qui s’abat sur le peuple juif, et dont parle le livre des « martyrs d’Israël », nous voyons une espérance autre que celle qui, depuis des siècles, était celle de tout fidèle attentif à suivre et à vivre la Loi de Dieu, transmise par Moïse.

La récompense était alors  une famille nombreuse, heureuse et saine en même temps qu’une prospérité matérielle abondante. Le livre de Job en est l’une des expressions en même temps que s’exprime un sens nouveau de l’existence humaine face au malheur, aux échecs, à la maladie et à la misère.

Dans les premier temps d’Israël, la « survie » était bien souvent entrevue comme une existence terne, pâle reflet de la vie terrestre. Le shéol ressemblait à la conception du séjour des morts païens. Mais l’affinement de la foi et de la réflexion théologique, si l’on peut parler ainsi, vont conduire le Peuple de Dieu à une toute autre espérance.

Désormais elle sera celle d’une « survie » personnelle avec Dieu, « au sein de Dieu ».

« AU REVEIL, JE ME RASSASIERAI DE TA FACE. »

Le psaume est plus ancien que le texte du livre des martyrs d’Israël sur lequel nous allons revenir. Il se termine par une phrase que nous pouvons entendre pleinement dans le sens de la résurrection : »Au réveil, je me rassasierai de ton visage. » Sans qu’elle ait vu vraisemblablement la portée que nous lui donnons aujourd’hui, à la suite de déploiement de la Révélation au travers des siècles, cette parole du psalmiste contient toute la réalité que le Christ révélera clairement dans l’évangile de ce jour et que saint Paul exprime tout au cours de ses lettres aux premières communautés chrétiennes.

Dieu est un être personnel, un être vivant proche de la vie de l’homme : »Il écoute, il entend, il accueille, il répond. » Il est attentif à la prière de chacun. Il n’est pas seulement le Dieu de son Peuple, il est le Dieu de toute personne, et personnellement son Dieu. Comme dans tous les psaumes, il y a ce jeu du dialogue qui interfère le « Je » avec le « Tu ». « Je t’appelle, toi, le Dieu qui répond. »

A partir delà, cette fin de l’existence terrestre qu’est la mort, n’est pas l’entrée dans un lieu de repos. Elle devient une rencontre personnelle, mystérieuse : »Par ta justice, je verrai ta face. »

Il faudra du temps pour que la découverte ce mystère du sens de la vie devienne aussi celle du mystère de l’ultime et éternelle rencontre avec Dieu. Nous le voyons dans l’Evangile avec les Sadducéens, qui sont encore en recherche.

QUAND ON ATTEND LA RESURRECTION PROMISE PAR DIEU.

La vie humaine n’a de sens et ne peut avoir de sens que si on l’envisage à travers quelque chose qui a plus de valeur qu’elle.

C’est une des questions qui nous inquiète lorsqu’elle ne trouve pas de réponse, ou du moins une réponse négative, relative et sans valeur. L’athée peut être un grand humaniste ; son humanisme n’aboutit qu’à une impasse où la mort le dépersonnalise, même s’il argue que la continuité au travers d’autres êtres, est déjà une valeur essentielle.

La foi et la charité constituent une autre certitude, sereine, parfois difficile à réaliser dans nos lacunes et les aléas de la souffrance, mais une certitude qui surélève la vie. Car la vie immédiate transcende l’immédiat de ce qui est vécu, parce qu’il est vécu pour une continuité.

« C’est du ciel que je tiens ces membres. A cause de sa Loi, je les méprise. C’est (aussi) par lui que j’espère les retrouver. » affirme le jeune frère Maccabée. La mort n’est pas comptée pour rien quand elle dans la perspective de cette résurrection.

IL EST LE DIEU DES VIVANTS.

En entendant les paroles de Jésus que saint Luc nous transmet, et que nous avons méditées dimanche dernier (« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant »-Psaume 144), nous entendons les nombreux passages où saint Paul affirme que nous sommes les héritiers et les cohéritiers du Christ. « Ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. » (Luc 20. 36)

Les sadducéens ne croyaient pas à la résurrection, parce qu’ils constituaient un milieu très conservateur et très traditionaliste en matière religieuse (et sociale d’ailleurs). La résurrection avait émergé trop récemment dans la foi juive pour qu’ils puissent l’admettre.

Ce n’était pas clairement dit dans les Livres de la Loi, les cinq premiers livres de l’Ecriture, sur lesquels ils fondent toute leur conviction.

Jésus va répondre à leur objection de deux manières :

1 – en montrant que le monde de la résurrection n’est pas purement et simplement, le prolongement du nôtre. Il est autre tout en le prolongeant.

Saint Paul dira « Semé corps animal, il ressuscite corps spirituel (1 Corinthiens 15. 44) Les impossibilités et les limites de notre monde, marqué par le temps, ne valent plus dans le monde transfiguré de l’éternité. Les arguties des sept mariages n’y valent rien.

2 – en se référant à Moïse, le personnage central de la Loi sur lequel ils s’appuient. Lors de la révélation au buisson ardent dans le désert, au moment même où il révèle sa pérennité (« Je suis »), Dieu s’était présenté comme étant dans l’aujourd’hui (« Je suis ») de cette révélation, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

Dans le processus de la Révélation, les patriarches ne sont donc pas seulement des jalons du passé. Ils sont dans l’aujourd’hui de Dieu, par Dieu et pour Dieu. Ils sont des vivants qui ressusciteront au Dernier Jour. « Tous vivent en effet pour lui » (Luc 20. 38) Et ce « pour » n’est à prendre dans le sens de « à son profit, à son service », mais « à ses yeux, dans sa pensée ».

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C’est dans ce sens, également, qu’il nous faut lire la lettre de saint Paul aux Thessaloniciens. Ils étaient anxieux d’un retour rapide d’un Christ glorieux. Saint Paul leur donne tout un programme de vie, qui doit être aussi le nôtre. « Laissez-vous réconforter. » … »Il nous a aimés et nous a donné toujours réconfort et joyeuse espérance. » … « Il est fidèle. » … « Que le Seigneur vous conduise à l’amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ. »

« J’ai tenu mes pas sur tes traces…au réveil, je me rassasierai de ton visage » (Psaume 16)

« Que l’Esprit-Saint fasse persévérer dans la droiture ceux qui ont reçu la force d’en-haut. » (prière après la communion).

année liturgique B