Homélie du dimanche 2 octobre

Dimanche 2 octobre 2022
Vingt-septième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques

Lecture du livre du prophète Habacuc : 1. 2 et 3 et 2. 2 et 4 : “Le juste vivra par sa fidélité.”
Psaume 94 : “ Ne fermez pas votre coeur comme au désert. »
Lecture de la seconde lettre à Timothée : 1. 6 à 14 : “Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donnés, mais un esprit de force, de raison et d’amour. »
Evangile selon saint Luc : 17. 5 à 10 :” Nous ne sommes pas des serviteurs indispensables. »

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C’est autour d’un même thème fondamental que nous lirons aujourd’hui l’ensemble des textes de la Parole de Dieu que la liturgie de ce dimanche nous propose : la foi.

HABACUC

Habacuc est l’un de ceux que l’on appelle “les douze petits prophètes” dont nous recevons les oracles comme parole inspirée. Leur ministère s’étend du 8ème siècle (Amos, Osée) jusqu’au 5ème siècle (Malachie, Abdias, Joël). C’est dire que toute leur activité s’est déployée dans une succession de crises graves, qui s’appellent :

– La chute du Royaume du Nord et de sa capitale, Samarie. (721 av. J.C.)
– Les assauts répétés des Assyriens puis des Babyloniens contre le Royaume du Sud (Juda) et finalement la chute de Jérusalem. (Juin 587 av. J.C.)
– Les déportations et l’exil. (587-538 av. J.C.)
– Les difficiles retours en Terre Promise.tôt ou tard

Dans ces situations, les prophètes sont envoyés par Dieu au Peuple pour lui révéler la juste interprétation des événements, pour le provoquer à la conversion et, malgré tout, l’inviter à garder l’espérance.

Mais le prophète, s’il transmet la Parole de Dieu à l’homme, émet aussi vers Dieu la plainte de l’homme, sa question, son angoisse, son indignation. Le prophète est médiateur. Moïse l’était déjà. Jésus le sera en plénitude.

Nous avons a être convaincus que la question est tout autant la nôtre aujourd’hui : comment se fait-il que Dieu soit si lointain, apparemment insensible au sort de son peuple, inactif devant l’injustice ? Cela est si contraire à ce que Dieu nous a fait connaître de lui ! ou que nous croyons devoir être sa démarche envers nous.

La réponse de Dieu est en termes de promesse. Dieu veut que la foi porte sur Celui qui promet et non sur un délai que nous voudrions cerner et calculer humainement. En ce sens, Nostradamus n’est pas un prophète.

Jésus dira :”Quant au jour ou à l’heure, nul ne les connaît, ni les anges, ni le Fils. Personne sinon le Père.” (Marc 13. 32)

C’est pourquoi le prophète oppose finalement l’insolent au juste. L’insolent, c’est le conquérant. Le Chaldéen aujourd’hui, un autre demain. Parce qu’il réussit, il semble avoir la bénédiction de Dieu. En fait, il court tôt ou tard à sa ruine.

Le juste, lui vit et vivra par sa fidélité, une foi vécue quoi qu’il en coûte. Les déconvenues du moment ne le mettent pas à bas. Il croit et il espère en la fidélité de Dieu qui fonde la sienne. La dernière phrase de ce passage aura une grande fortune dans le christianisme naissant, particulièrement chez saint Paul, en ces temps où les persécutions ébranlent l’Eglise, et cela pour de longs siècles.

LE PSAUME 94/95

Nous avons à le lire dans son intégralité. Il met en valeur plusieurs autres aspects de la foi, cette foi qui n’est pas sans contenu.

– Elle est écoute de la Parole de Dieu.

– Elle est grâce de Dieu et c’est à nous d’en prendre la décision. Dieu ne décide pas de notre foi, c’est à nous, entendant son appel, d’ouvrir ou de fermer ce que la Bible appelle le coeur. Traduisons en vocabulaire d’aujourd’hui : rien ne se fera sans notre libre décision, une décision motivée par l’amour.

– Elle est adoration. Le premier acte du croyant est d’adorer Dieu, son Créateur. La Bible s’exprime avec des mots plus concrets : s’incliner, se prosterner, fléchir les genoux. Mais l’adoration n’est pas froideur. Ce n’est pas un devoir à accomplir.

– C’est une réponse à un Dieu qui est le pasteur de son Peuple. Il suscite joie, acclamation, action de grâces. “Par nos hymnes de fête, acclamons-le !”

LA LETTRE A TIMOTHEE

 » Reste fidèle au service de l’Évangile…. »Cette lettre se situe dans les dernières années du ministère de saint Paul. Il le sait et ce n’est pas pour autant qu’il est lassé, découragé. Il a fondé des communautés. Il en a transmis la responsabilité à des disciples.

Il ne s’agit pas d’une propriété qui lui soit personnelle et qu’il pourrait léguer par testament. Ceux qu’il a désignés ont reçu l’imposition des mains. Disons qu’ils ont été ordonnés à ce ministère, non par un don de Paul, mais par un don de Dieu.

Entre la génération fondatrice et celle qui suit, comment sera assurée la cohérence de la foi ? C’est le souci de la Tradition vivante et fidèle qui habite Paul, comme il habite l’Eglise de notre temps.

C’est en particulier le sens du ministère de Pierre qui préside à cette unité dans la foi et l’amour.

L’EVANGILE

La force de la foi est une constante du Nouveau Testament, mais dans son ordre propre qui est le salut de l’homme. Saint Paul insiste en ce sens. Nous la trouvons liée aux miracles de Jésus qu’elle s’exprime chez ceux qui demandent l’intervention du Christ ou chez ceux qui en sont les bénéficiaires.

Elle donne même le pouvoir de faire ce que fait le Christ :”Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père.” (Jean 14. 12) Et cela, même si nous n’en percevons le sens immédiatement.

La foi est donc ce qui est le plus nécessaire aux apôtres. Ils ne sont pas des serviteurs quelconques, ni des serviteurs inutiles. Le terme grec est précis. Ils sont utiles, mais non indispensables.

Dieu pourrait agir autrement et avec d’autres. Mais puisqu’il nous est demandé d’agir, nous avons à répondre à ce qui nous est demandé, pleinement conscients de notre devoir et de nos limites. Nous vivons dans la foi à accomplir.

Autant Jésus s’extasie souvent sur la foi qu’il découvre chez les malades et même chez les pécheurs, y compris hors d’Israël comme ce fut le cas pour le centurion, autant il est sévère pour le peu de foi des disciples. Eux pourtant l’ont suivi. Mais quand la barque est agitée, leur foi semble avoir disparue. (Luc 8)

La foi n’est pas dans l’élan enthousiaste et passager. Du moins n’est-elle pas seulement dans l’élan du départ. Elle est dans le combat quotidien, et sans cesse recommencé, contre les puissances de mort, mené avec la force même du Ressuscité.

“La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi.”

C’est à nouveau saint Jean qui trouve les mots les plus denses, à condition de se rappeler que, dans son vocabulaire, le “monde” ne représente pas la création telle qu’elle sort, toute belle, des mains de Dieu qui la remet à l’homme, mais ce que concrètement l’homme pécheur a fait de cette création.

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“Sûrs de ton amour et forts de notre foi, Seigneur, nous Te prions” . En chaque Eucharistie, nous trouvons, par cette présence réelle et agissante du Seigneur, la force de l’Esprit du Ressuscité. “Accorde-nous, Seigneur, de trouver dans cette communion, notre force et notre joie afin que nous puissions devenir ce que nous avons reçu : le Corps du Christ.” (Oraison de Communion)

année liturgique B