Homélie du dimanche 15 mai

Dimanche 15 mai 2022
5e dimanche de Pâques

Références bibliques :

Première lecture « Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avait fait avec eux » Ac 14, 21b-27
Psaume Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais ! Ps 144 (145), 8-9, …
Deuxième lecture « Il essuiera toute larme de leurs yeux » Ap 21, 1-5a
Évangile « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » Jn 13, 31-33a.34-35

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La deuxième lecture nous invite à méditer la place de Jérusalem dans la symbolique juive et chrétienne. Nous n’avons pas à transformer ce que nous en disons en un commentaire indirect de l’actualité qui place Jérusalem au cœur d’un conflit qui concerne les trois religions monothéistes.

Elle nous invite à en transposer la signification dans notre propre vie ecclésiale et personnelle.

LA CAPITALE DE DAVID

Jérusalem, campée sur la colline de Sion, est située aux confins du désert de Juda qui descend jusqu’à la Mer Morte et de la bande côtière bénéficiant de pluies abondantes. La ville est antérieure à l’entrée dans la Terre Promise et elle n’a été conquise par les Israélites que deux siècles après leur installation.

L’auteur de l’exploit en est le tout jeune roi David, à l’heure où celui-ci recueille l’unanimité des suffrages de la part des tribus, tant du Nord que du Sud. Pour n’en favoriser aucune et montrer qu’après Dieu, il ne doit son pouvoir qu’à lui-même, David établit sa capitale dans la ville qui devient la sienne en même temps qu’elle est signe de l’unité du Peuple, d’autant que peu après sa conquête l’Arche d’Alliance y résidera. (2ème livre de Samuel 5. 6)

Dès lors Jérusalem s’identifie au destin du Peuple d’Israël. Un personnage permettra même de remonter jusqu’aux premières origines du peuple, en Abraham. C’est Melchisédech, prêtre du Très-Haut et roi de Salem, identifié par la Tradition avec Jérusalem. Abraham reçoit de lui la bénédiction et lui donne la dîme de tous ses biens. (Genèse 15. 17)

LA RESIDENCE DE DIEU

Quoi qu’il en soit de la manière dont Jérusalem est entrée dans l’histoire du salut, elle devient la Ville Sainte, par le fait même que David y transporte l’Arche d’Alliance (2ème livre de Samuel 6) contenant les Tables de la Loi donnée par Dieu au mont Sinaï. L’Arche est le “quasi sacrement” de la présence de Dieu à son Peuple.

A l’étonnement, mais pour la joie de ses fidèles, Dieu a choisi de résider en Sion, “l’humble montagne” (Psaume 42. 7), plutôt que sur les sommets enneigés de l’Hermon. Tel est le libre choix de Dieu qui ne se démentira pas quand viendra dans sa ville celui qui est la véritable Arche de l’Alliance, le Messie Jésus “doux et humble de coeur”.

VILLE SAINTE

Jérusalem est la ville où Dieu fait résider son Nom (1er Livre des Rois 11. 36). Là il peut être invoqué et plusieurs psaumes nous transmettent la prière et la joie des pèlerins qui montent à Jérusalem pour les grandes fêtes, comme la famille de Jésus, et Jésus lui-même, n’y manqueront pas. (Psaumes 24, 84, 132, etc …)

C’est dans le Temple que réside la présence divine au milieu de son Peuple, mais le Trône de Dieu demeure dans les cieux. Le prophète Isaïe a la révélation de ce qu’il est hors du Temple, même si sa “traîne emplit le sanctuaire.” (Isaïe 6)

Sainte est l’alliance, sainte est la Loi. Si le Peuple – et le roi le premier – méprise l’Alliance, la sainteté de Dieu se retire et la ville revient au sort commun des citées humaines, convoitée, assiégée, ruinée, reconstruite pour un temps.

C’est notre propre risque, à nous aussi, lorsque nous sommes infidèles à la grâce que Dieu nous donne sans jamais se lasser et qui est toujours en attente lorsque nous nous en séparons. Le don de Dieu est irréversible. « Rien ne nous séparera de l’amour que Dieu nous porte. » (Romains 8. 39)

Les promesses demeurent par delà les ruines : “Le reste de Sion, les survivants de Jérusalem seront appelés saints et tous seront inscrits à Jérusalem afin de vivre.” (Isaïe 4. 3)

Même si par manque de foi, Jérusalem a failli, Dieu ne renonce pas, car “voici que je pose dans Sion une pierre à toute épreuve, une pierre angulaire précieuse, établie pour servir de fondation.” (Isaïe 28. 16) Cette pierre angulaire, c’est le Christ (Ephésiens 2. 20) et les disciples du Christ qui sont l’Eglise (Matthieu 16.18)

Saint Paul en tire les conclusions : l’Eglise est désormais le Temple de Dieu et nous aussi qui sommes membres de l’Eglise. (1 Corinthiens 3. 10 à 17 et 1 Corinthiens 6. 19) Selon une parole de saint Augustin, nous sommes inclus dans l’édifice divin : « Il fait de nous un seul homme avec Lui, tête et corps. » (Commentaire du psaume 97)

L’ESPERANCE, UNE VISION DE FOI

Quand Dieu aura ainsi rebâtie Jérusalem dans la sainteté, le signe de l’Arche de l’Alliance ne sera même plus nécessaire. La ville elle-même, en son entier, pourra être appelée “le trône du Seigneur” (Jérémie 3. 16 à 18) Ce sera un temps de convergence et de rassemblement pour les deux royaumes, celui du sud et celui du nord, Israël et Juda. Ce sera aussi un temps de rassemblement pour toutes les nations :”Des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur, elles seront pour lui un peuple.” -Zacharie 2. 14 à 16)

Jérusalem devient ainsi la mère universelle de tous les croyants. L’auteur du psaume 87 sait que les hommes appartiennent à des nations différentes, éventuellement hostiles : ils viennent de Philistie, de Tyr ou d’Ethiope. “Mais de Sion l’on dira, tout homme y est né.”

Pour que Jérusalem soit reconstruite comme Dieu la souhaite, il faut que lui-même la fasse descendre du ciel. L’auteur de l’Apocalypse est chrétien, il sait que Dieu siège sur son trône divin, il connaît la “pierre d’angle”, c’est le Christ. Il sait que “Dieu est parmi les hommes, l’Emmanuel”. Avec saint Paul, saint Jean, l’auteur de l’Apocalypse sait que l’Eglise, dans sa réalité fondamentale, est bien cela. Qu’il nous suffise de relire les lettres aux Eglises, au début de l’Apocalypse, pour nous en convaincre.

La Cité Sainte n’est plus seulement celle qui est bâtie sur le mont Sion, elle est celle qui est la demeure de Dieu, parée comme une fiancée pour son époux. Nous avons besoin de cette vision dans la foi quand nous regardons l’Eglise dans laquelle nous vivons et quand nous en parlons. Elle est faible par les hommes qui la composent, elle est sainte dans le Christ dont elle est le Corps Mystique.

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“Voici que je fais toutes choses nouvelles” (Apocalypse 21. 5) L’antique Jérusalem a connu ruines sur ruines. Pour la nouvelle Jérusalem, la mort n’existera plus :”Dieu très bon reste auprès de ton peuple. Sans toi, notre vie tombe en ruine. Fais passer à une vie nouvelle ceux que tu as initiés aux sacrements de ton Royaume.” (prière après la communion)

(Prière sur les offrandes.)

année liturgique B