Homélie du dimanche 24 avril

Dimanche 24 avril 2022
2e dimanche de Pâques, dimanche de la Divine Miséricorde

Références bibliques :  

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 5. 12 à 16 : “Personne n’osait se joindre à eux… tout le peuple faisait leur éloge.”
Psaume 117 : “Eternel est son amour.”
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean. 1. 9 à 19 : “Je suis le Vivant. J’étais mort mais me voici vivant pour les siècles des siècles.”
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc. 20. 19 à 31 :”Afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.”

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Durant tout le temps pascal de cette année C, la première lecture est tirée du livre des Actes des Apôtres, la seconde du livre de l’Apocalypse, la troisième de l’Evangile selon saint Jean. Ce devrait être pour nous l’occasion de lire en son entier l’un ou l’autre de ces livres, durant les semaines qui suivent la célébration pascale.

Ils ne sont pas destinés à nous livrer des anecdotes ou à nous conter une histoire ancienne. Il nous parlent de l’existence chrétienne, qui est animée par la présence actuelle du Ressuscité, dans l’attente de son retour glorieux :”Ceux-ci ont été mis par écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.” (Jean 20. 31)

PAQUES, JOUR DE FETE

L’Apocalypse commence ainsi : “C’était le Jour du Seigneur, je fus inspiré par l’Esprit.” (Apocalypse 1. 9) “Voici le Jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie.” (Psaume 117)

Pâques est jour de fête, parce que les limites de l’homme se tendent jusqu’au rythme de la vie de Dieu. C’est l’irruption de la nouveauté. « Le Christ n’est pas redescendu parmi les hommes. Il a émigré, pourrait-on dire, en une toute autre région. Cette Pâque que nous célébrons signifie bien passage et non retour. » (Saint Bernard – sermon sur la Pâque)

Fêter ce jour que fit le Seigneur, c’est répéter que l’aujourd’hui n’est pas une dérive et que l’avenir est déverrouillé pour l’éternité. Ce n’est pas survivre, c’est chanter qu’aujourd’hui est la Vie. Nous sommes conduits au-delà des réalités et Pâques nous en fait apparaître le sens ultime « Le Christ est vraiment passé à la Vie nouvelle et nous invite à cette Vie nouvelle. » (Saint Bernard)

L’EGLISE COMME JESUS.

L’une des préoccupations de Luc, l’auteur du Livre des Actes, surtout dans les premiers chapitres, est de montrer la continuité entre Jésus et l’Eglise apostolique, l’Eglise qui est présence et transmission de Sa Vie parmi les hommes.

L’Evangile parle de l’enthousiasme et des oppositions dont Jésus est entouré dès le début de son ministère public :”Il enseignait dans les synagogues, tous disaient sa gloire.” (Luc 4. 15) “Tous ceux qui avaient des malades de toutes sortes les lui amenaient.” (Luc 4. 40) Et dans les Actes il en est de même pour les Apôtres : “Tous faisaient leur éloge… on allait jusqu’à sortir les malades sur les places.” (Actes 5. 13 et 14)

Ce qui se réalise dès les premiers jours de la prédication des apôtres et dans les années qui suivent, tout cela vérifie la promesse de Jésus :”Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père. “ (Jean 14. 12) et l’oeuvre de Jésus, c’est qu’ils aient la vie en abondance”.

D’ABORD ENSEIGNER.

Dès les débuts de l’Evangile, enseignement et guérison sont étroitement associés : c’est la même Parole qui dissipe les ténèbres de l’incroyance et donne déjà quelques signes du salut plénier à venir. Au matin de la Pentecôte, les apôtres enseignent. La première guérison qu’ils opèrent est aussi l’occasion d’un enseignement devant tout le peuple. (Actes 3)

Juste après le passage que nous lisons ce dimanche, les apôtres nous sont montrés enseignant dans le Temple. En cela, ils agissent comme leur Maître. “Tenez-vous dans le Temple et, là, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie.” (Actes 5. 20)

LE GROUPE DES APOTRES

La première communauté n’est pas formée de gens extatiques ou fanatiques comme les auditeurs du matin de la Pentecôte croyaient les percevoir.

Les disciples du Christ, au matin comme au soir de Pâques sont des réalistes, habités comme nous de doutes et d’incertitudes. Mais dès leur foi confirmée par les faits, ils témoignent de ce qu’ils ont vu, entendu et touché.

Les disciples d’Emmaüs, dès qu’ils ont reconnu le Seigneur, retournent à Jérusalem. Ils vont trouver les “Onze et leurs compagnons”. (Luc 24. 33) et leur apportent leur témoignage. Les apôtres les confirment :”Le Seigneur s’est réveillé, Simon l’a vu.” Sans l’appui du témoignage apostolique, la vision des deux anonymes ne serait qu’une expérience personnelle, sans autre force que leur conviction. Les premiers chapitres sont ainsi tout centrés sur eux et plus particulièrement sur Simon-Pierre.

LE GROUPE DES FRERES

L’Eglise est le peuple de Dieu, le Corps du Christ. Et si elle est appelée ainsi, c’est parce qu’elle est dotée de fonctions diverses, la première étant celle des apôtres, les “Douze”. Leur place est décisive. Car il ne faut pas isoler les apôtres. Ils se trouvent au milieu de ceux que les Actes aiment appeler “les frères”. Nous les voyons intervenir dans l’élection de Mathias (Actes 1. 16) participer à l’événement de la Pentecôte (Actes 2. 22), prier après la persécution endurée par les apôtres (Actes 4. 23).

Le chapitre 2 dresse un tableau schématique de cette communauté en qui l’Esprit-Saint opère les oeuvres de Dieu. C’est un groupe typé auquel on adhère par la conversion et le baptême (Actes 2. 41). D’où la notation d’un engagement qui fait hésiter certains :”Personne d’autre n’osait se joindre à eux.” (Actes 5. 13)

Ce groupe ne vit pas dans la clandestinité, il est connu, repéré, suscite l’admiration comme ce fut pour le Seigneur Jésus :”Ils étaient frappés de son enseignement.” (Luc 4. 32)

IDENTIFIE JUSQU’A LA PERSECUTION.

Comme pour Jésus, croissance et persécution vont de pair. Le passage biblique de ce dimanche est situé entre deux arrestations des apôtres. Ainsi, dans la communauté apostolique, le Seigneur continue de vivre et, par elle, il continue de témoigner de ce qu’il a vécu au milieu d’eux :”Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S’ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre.” (Jean 15. 20)

L’Apocalypse ne dit rien d’autre :”Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus” (Apocalypse 1. 9).

Jean, sans doute assigné à résidence au large d’Ephèse, à Patmos, célèbre le Jour du Seigneur et c’est à ce moment qu’il est inspiré par l’Esprit-Saint et entend la voix du Vivant. Ce n’est pas une notation secondaire. Le “Jour du Seigneur”, dès le début de l’Eglise, est mémorial de la Résurrection.

LE VIVANT QUI DONNE LA VIE

Sa vision n’est ni un délire ni une auto-suggestion.

Elle est consolidée par l’affirmation d’un Vivant :”Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant. J’étais mort mais me voici vivant pour les siècles des siècles.” (Apocalypse 1. 17 et 18)

Les apôtres et les frères ont fait cette expérience, dès le jour même de la Résurrection du Seigneur quand il leur transmet son souffle, c’est-à-dire sa vie. Il a vaincu la mort. Il leur en témoigne non seulement par sa présence, mais aussi par ses mains et son côté qui ont été marqués par cette mort sur la croix. Il leur transmet le pouvoir de vaincre ce pourquoi il a offert sa vie, ce qui l’a conduit à la mort,  et ce qu’il a vaincu, c’est-à-dire le péché.

Lorsqu’il était avec eux, il leur disait :”Venez et voyez.” Désormais, à eux qui l’ont suivi et à tous ceux qui le suivent, il demande une autre attitude : “Croyez”. Saint Thomas ne se souvient pas de ce qu’il avait entendu quatre jours avant la Résurrection de la bouche même du Seigneur  :”Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.” (Jean 17. 20)

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“Heureux ceux qui croient sans avoir vu… » La réponse de Thomas doit être aussi la nôtre : « Mon Seigneur et mon Dieu !” Et ce n’est pas une simple connaissance qui nous est demandée, c’est une vie qui nous est donnée :”afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et afin que par votre foi vous ayez la vie en son nom.” (Jean 20. 31)

“Je suis le Vivant”  dit-il dans l’Apocalypse. La liturgie nous le fait dire : “Augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés. (prière d’ouverture de la messe) … “Que le mystère pascal accueilli dans cette communion ne cesse jamais d’agir en nos coeurs.” (prière après la communion)

année liturgique B