Homélie du dimanche 2 janvier

2 janvier 2022
Fête de l’Épiphanie

Références bibliques : 

Livre du Prophète Isaïe : 60. 1 à 6 : “Les nations marcheront vers ta lumière.” 
Psaume 71 : “ En ces jours-là fleurira la Justice.” 
Saint Paul aux Ephésiens : 3. 2 à 6 : ”Les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.” 
Evangile selon saint Matthieu : 2. 1 à 12 : “Tombant à genoux, ils se prosternèrent devant Lui.” 

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Notre époque connaît un retour de l’influence des devins, des déchiffreurs de l’avenir, des horoscopes et de l’astrologie. Ils sont des dizaines de milliers à donner des consultations ou à parler sur les ondes et dans les journaux.

Alors … l’étoile des mages ? Ne risque-t-elle pas de nous emmener dans une direction bien peu biblique, contraire à l’Ecriture qui n’est pas tendre pour l’astrologie. Voyons plus loin que l’immédiat des textes.

LES ARMEES CELESTES.

Souvent, dans l’Ancien Testament, Dieu est appelé le “Seigneur Sabaoth”, “Dieu des armées”. Il s’agit en fait des astres et c’est dans cette ligne que la liturgie nous fait dire au “Sanctus” de la Messe :”Dieu de l’Univers”.

Le centurion de l’Evangile savait bien que la qualité principale d’une armée est la discipline de ses soldats. Pourquoi pas une étoile, humble soldat de l’armée céleste, ne servirait-elle pas de moyen de communication ? Dieu se sert bien d’ailleurs des éléments, le vent pour assécher la Mer Rouge et le feu du Buisson ardent. “Tu t’avances sur les ailes du vent. Tu prends les vents pour messagers; pour serviteur un feu de flammes.” (Psaume 103)

Le firmament est admiré par l’homme biblique comme par tout homme qui lève les yeux, aujourd’hui comme hier. Mais l’admiration n’est pas la vénération, encore moins l’adoration. “Le firmament chante ta gloire !”

Mais selon la révélation faite à Moïse, se prosterner devant l’armée du ciel est une preuve d’idolâtrie tout autant que devant des statues fondues, tout autant que de brûler ses enfants en sacrifices, que de pratiquer la sorcellerie. (Livre des Rois 21. 5)

AU SERVICE DE DIEU

Les théologiens bibliques ont une vision toute fonctionnelle des astres, même de ceux qui sont apparemment les plus grands, le soleil et la lune, comme nous le lisons dès le premier chapitre du livre de la Genèse.

Les astres sont clairement intégré à la création qui est l’oeuvre de Dieu, mais qui ne peut être Dieu lui-même. Ils peuvent sans danger symboliser ce qui vient d’au-delà du monde créé, c’est à dire : celui qui vient : le Messie. Le prophète Malachie le dit en parlant du Messie :”Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice brillera avec le salut dans ses rayons.” (Malachie 3. 20)

Zacharie, le père de Jean le Baptiste, reconnaît et professe que ces événements sont commencés :” Grâce à elle, (la bonté de Dieu) nous a visités l’astre levant venu d’en-haut.” (Luc 1. 78-79) L’astre d’en-haut ne saurait tarder à nous visiter pour illuminer ceux qui dorment dans les ténèbres de la mort.

Les mages dont parlent saint Matthieu ne se situent pas dans un contexte astrologique. Ils sont dans le contexte biblique. L’expression qu’ils emploient est précise parce que personnalisée :”Nous avons vu se lever son étoile.” (Matthieu 2. 2) et les scribes interprètent bien ainsi leurs paroles.

D’une certaine manière, ces mages païens prennent le relais d’un autre païen, Balaam au temps de la conquête de la Terre Promise :”Je vois, mais non pour maintenant; je l’aperçois, mais non de près : un astre de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël”. (Livre des Nombres 24. 16 et 17)

Notre époque et nous-mêmes aussi pourraient s’enfermer dans ces  messages astrologiques, ou du moins, fort éloignés de la révélation de Dieu aux hommes. Les mages nous enseignent que c’est dans la Parole de Dieu qu’ils ont reçu la signification de l’étoile. Au milieu des divagations de la pensée de notre temps, regardons cette étoile, la Parole de Dieu,  pour que sa faible lumière nous conduise à Celui qui est la lumière du monde.

UN SIGNE POUR LES PAIENS

Astres, dieux et souverains se fréquentent dans le monde ancien du Proche-Orient. La Bible le sait et elle n’est pas dupe. Le roi n’est que le lieutenant de Dieu; l’astre n’est qu’un lumignon dans la demeure construite par Dieu pour l’homme.

Cela étant, pourquoi un astre ne désignerait-il pas le nouveau roi à des païens qui ne peuvent d’abord saisir que des signes empruntés à leurs propres catégories. Mais ce n’est pas suffisant. Arrivés à Jérusalem, ils devront consulter. Finalement seule l’Ecriture leur répondra.

Il en est de même pour les païens de notre époque. C’est ce que dit clairement saint Paul dans la lecture de ce jour :”Les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.” (Ephésiens 3. 6)

C’est à nous d’être les messagers du mystère en donnant la réponse que Dieu nous a donné par le Christ-Jésus. Il est né à Bethléem conformément aux Ecritures. Il ressuscitera le troisième jour conformément aux Ecritures. Le mystère de Jésus, astre qui se lève dans nos ténèbres est un tout. On ne peut dissocier l’annonce de l’Evangile en parcelles indifférentes les unes aux autres.

Et ceci est d’autant plus vrai en ce dimanche où l’Année du Jubilé 2000, se clôt. En fait, elle s’ouvre sur d’autres horizons. Les mages sont partis, par d’autres chemins, porteurs de la révélation qu’ils ont reçue. A nous de partir, par d’autres chemins, pour porter la révélation que nous avons reçue tout au long de cette année. C’est à nous, à notre tour, d’être un signe pour les païens.

QUAND SE LEVE L’ASTRE DU MATIN

Le Christ, dans sa résurrection de la nuit et de la mort, est la véritable étoile du matin :” Moi, je suis le rejeton et de la race de David, l’étoile brillante du matin.” (Apocalypse 22. 16) Et encore :” De même que moi aussi j’en ai reçu le pouvoir de mon Père, je lui donnerai l’étoile du matin.” (Apocalypse 2. 28)

Le Christ ressuscité est l’astre qui se lève pour ne plus jamais se coucher. Il se lève et se lèvera dans le coeur de chaque croyant. Il y triomphera des ténèbres de l’incroyance. (2ème lettre de saint Pierre 1. 19)

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Cette symbolique de l’astre de l’Epiphanie est entrée dans la liturgie. La proclamation pascale quand s’allume le feu nouveau et le cierge pascal chante dans “l’Exulter” : “ Que ce cierge brûle encore quand se lèvera l’astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ, ton Fils ressuscité, répandant sur les humains sa lumière et sa paix.”

“Tu as révélé ton Fils unique aux nations grâce à l’étoile qui les guidait. Daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur.” (Prière de ce jour)

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En guise de méditation.

L’étoile les a guidés…
Profonde est parfois la nuit
où nous devons vivre et marcher.Dis-nous, toi qui te dis la lumière du monde,
dis-nous où se trouve ce  morceau de lumière
pour éclairer ma route.
Mon enfant, j’ai accroché à mon ciel
une petite étoile, faible et scintillante.Ne regarde pas vers le sol;
lève les yeux vers ce rendez-vous.
En toute nuit,
il n’est jamais totale obscurité.
Avec le temps de la patience,
laisse tes yeux discerner en cette faible clarté.L’étoile te convoque au rendez-vous du rêve.
Mets toi en chemin et peu à peu tu verras.
Comme les mages venus d’Orient,
tu trouveras bien une voix pour te dire :c’est là que se trouve ce que tu cherches.
C’est là que tu pourras donner ce que tu es.
l’encens agréable de tes qualités,
la myrrhe amère de tes insuffisances,
l’or précieux de toute ta vie.
 

Celui qu’ils découvraient était fragile à leurs yeux :
Jésus n’est qu’un enfant devant les mages.

Celui que tu découvres dans la foi l’est tout autant.

Mais n’attends pas.
Pars à la suite d’une étoile.

Un jour, la Vérité de Dieu t’éblouira de sa lumière.

Et tu repartiras par un autre chemin…

année liturgique B