Homélie du dimanche 18 juillet 2021

16e dimanche du Temps ordinaire

Références bibliques:

Première lecture « Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » Jr 23, 1-6
Psaume Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. Ps 22 (23), 1-2ab, 2…
Deuxième lecture « Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité » Ep 2, 13-18
Évangile « Ils étaient comme des brebis sans berger » Mc 6, 30-34

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A QUI IRIONS-NOUS ?

A l’époque de Jésus, la situation dans laquelle se trouve le peuple juif le pousse à se replier sur lui-même, assiégé par le paganisme ambiant qui est venu s’installer au cœur même de la Terre Promise. Ce peuple ne sait plus reconnaître où se trouve désormais le chemin qu’il doit suivre. Il y eut les Grecs qui l’ont martyrisé à l’époque des frères Macabées, il y a maintenant les Romains qui ont leur forteresse dans les murailles du Temple, ils sont gouvernés par des chefs qui oscillent entre une opposition systématique, suivis par les Zélotes, ou une compromission permanente comme les Hérodiens.

Que ce soit dans la famille du Grand-Prêtre ou dans les rangs des scribes et des docteurs de la Loi, aucune grande figure, à cette époque, ne surgit pour guider ou simplement pour éclairer le peuple juif au travers des événements qui se succèdent et qui, dans quelques décennies, vont le conduire à la guerre, à la destruction et à une nouvelle diaspora.

Qui leur rappelle leur mission telle que les prophètes l’ont proclamée, Isaïe, Jérémie, Joël ? La Loi de Dieu, celle de l’Alliance, charge le Peuple choisi d’être lumière des nations, et cette Loi s’est transformée en de multiples et tatillonnes prescriptions juridiques. Il a perdu toute la richesse de la vie spirituelle, même si nombreux sont encore ceux qui, comme Marie, méditent dans leur cœur la Parole divine que des scribes leur rappellent au travers de multiples digressions, jusqu’à « filtrer le moucheron » selon l’expression même de Jésus (Matthieu 23. 24)

Le cri du cœur de Pierre : « A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle » est aussi le cri intérieur de ces foules qui se lancent à la poursuite du Christ. C’est le cri des intérieur des foules d’aujourd’hui, qui attendent et cherchent des pasteurs qui « les ramèneront dans leurs pâturages, où elles seront fécondes et se multiplieront… des pasteurs qui les conduiront », selon les termes même du prophète Jérémie.

PROCHES PAR LE SANG DU CHRIST

Saint Paul a médité tout cela et nous en livre l’essentiel dans le passage que l’Eglise nous propose en ce dimanche. « Autrefois vous étiez loin du Dieu de l’Alliance. Maintenant vous êtes devenus proches par le sang du Christ. »

Le berger qui nous conduit ne se contente pas de nous pousser ou de nous mener vers des pâturages d’herbe fraîche ou vers des eaux tranquilles.

Il nous rassemble autour de lui. « Il s’est dessaisi de sa vie pour ses brebis. » (Jean 10. 11)… « pour créer en lui un seul Homme nouveau… réunis en un seul corps », le sien. Et c’est ainsi qu’il est en même temps le Berger et la Porte de la bergerie (Jean 10. 7) « Les uns les autres, par Lui, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. » (Ephésiens 2. 18). Par Lui, nous avons accès à la vie trinitaire.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » « Dieu est amour » et il a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils, son unique (Jean 3. 16) qui n’a pas hésité à transmettre cette vie « par sa chair crucifiée. » (Ephésiens 2. 14)

Il est facile de mettre côte à côte ces paroles de l’Ecriture. Il est plus difficile de les mettre en œuvre. Car nous n’avons pas à en rester là comme un scribe qui les seulement commente. Nous risquerions d’encourir cette condamnation du Christ : « Je vous connais, vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. » (Jean 5. 42)  Nous avons à les méditer, à les contempler, à en traduire les exigences dans notre vie quotidienne. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Corinthiens 13. 2)

ILS COURURENT LA-BAS

En traduire les exigences dans notre vie quotidienne, cela ne veut pas dire seulement dans notre vie personnelle ou dans notre vie ecclésiale. « D’Israël et des païens, il a fait un seul peuple. » Il n’y a qu’un seul pasteur comme il a réalisé qu’il n’y ait plus qu’un seul troupeau.

Nous ne pouvons désormais et à aucun moment nous dissocier des « païens » d’aujourd’hui avec qui, par le sang du Christ, nous sommes réunis en un seul corps, qu’ils le connaissent ou qu’ils l’ignorent, qu’ils en vivent superficiellement ou dans l’intime de toute leur vie. Nous le disons en chaque eucharistie : »Pour la gloire de Dieu et le salut du monde. »

Laissons-nous donc rattraper par nos frères les hommes. Un chrétien, tout autant que le Christ, ne peut vivre à l’écart dans un endroit désert. Un chrétien, tout autant que le Christ, trouvera ses frères devant lui : « Ils coururent là-bas et arrivèrent avant lui. » Comme ils attendaient la Bonne Nouvelle du Christ, ils attendent de nous cette Bonne Nouvelle. Un chrétien, tout autant que le Christ, ne peut garder sa vie pour lui. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Puissions-nous ne jamais entendre ce reproche à notre égard. « A cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. » dit le Seigneur par la bouche du prophète Jérémie.

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« Multiplie dans tes fidèles les dons de ta grâce. Entretiens en eux la foi, l’espérance et la charité, pour qu’ils soient attentifs à garder tes commandements » (prière d’ouverture de la messe), « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jean 15. 12)

année liturgique B