Homélie de l’Ascension 13 mai 2021

Jeudi 13 mai 2021
L’Ascension de Notre Seigneur

Nous commémorons aujourd’hui le dernier jour de la présence physique du Christ ressuscité parmi ses disciples.

Si nous avons vécu sincèrement et pleinement la joie pascale, cette fête nous semble bien être la fête d’un départ, d’une séparation. Notre-Seigneur, désormais, n’est plus présent tout à fait de la même manière.

Les disciples n’ont pas réagi ainsi. Ils auraient pu être accablés de tristesse. Au contraire, « ils revinrent à Jérusalem en grande joie. » (Luc 24 52).

LA JOIE DU CHRIST

L’Ascension apporte aux chrétiens la joie de la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce départ couronne sa mission terrestre. C’est vers le Père que tout son être était tendu à chaque instant de sa vie terrestre. L’Ascension marque l’acceptation par Dieu de toute l’œuvre réparatrice du Fils, qui était d’apporter le salut par sa victoire sur le péché et sur la mort, victoire si douloureusement acquise.

Maintenant il va être glorifié. La nuée qui l’enveloppe aujourd’hui (Actes 1. 9) et monte avec lui vers le ciel, représente, d’une certaine manière, la fumée de l’holocauste s’élevant de l’autel vers Dieu. Le sacrifice est accepté ; la victime est admise auprès du Père. (Hébreux 10. 6 à 10). La Résurrection avait été le premier signe éclatant de cette acceptation. La Pentecôte en sera le signe définitif.

Il continuera son oblation d’une manière éternelle et céleste. L’œuvre de notre salut est accomplie et bénie. La gloire et les désirs de Notre-Seigneur doivent nous être plus importants que les consolations sensibles que nous recevons de sa présence. Sachons aimer assez  Jésus pour nous réjouir de sa propre joie.

NOTRE PRESENCE AUPRES DU PERE

Jésus ne revient pas seul auprès du Père. C’est le « logos » incorporel qui était descendu parmi les hommes et a pris corps, en s’incarnant dans le sein de la Vierge Mère.

Aujourd’hui, c’est la Parole faite chair (Jean 1. 14) à la fois vrai Dieu et vrai homme, qui entre dans le Royaume des cieux. Jésus y introduit notre nature humaine. Il ouvre les portes du Royaume à l’humanité qui, en lui, par lui et avec lui, s’est unie à la divinité. (offertoire de la messe)

Nous prenons déjà possession des biens qui nous sont offerts et nous sont possibles. « Avec lui, Dieu nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux en Jésus-Christ. » (Ephésiens 2. 6) Des places nous sont destinées dans le Royaume (Jean 14. 2). Notre présence y est désirée et attendue.

L’Ascension devrait nous rendre plus présente et plus actuelle, la pensée du ciel, cette demeure permanente, cet état permanent dans la joie de Dieu. Pour beaucoup, la vie dans le ciel n’est qu’un supplément, qu’ils se représentent d’ailleurs très mal, de la vie terrestre. Ce serait, en quelque sorte, le post-scriptum, l’appendice, d’un livre dont la vie terrestre serait le texte même.

C’est le contraire qui est vrai. Notre vie terrestre n’est que la préface du livre dont la vie dans le ciel sera le texte, un texte qui n’aura pas de fin. Nous ne pensons pas assez à ce qu’elle sera. « Nulle oreille n’a entendu, nul œil n’a vu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. » (Isaïe 64. 3) « Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons Jésus-Christ. » (Philippiens 3. 20)

Notre vie terrestre serait transformée si, dès maintenant, nous jetions nos coeurs de l’autre côté de la barrière, au-delà de ce monde, dans le royaume où se trouve non seulement notre vrai bien, mais le vrai bien de ceux que nous aimons et que nous retrouverons.

LA OU EST LA VRAIE JOIE

Le moment du départ de Jésus a été un acte de bénédiction et un acte d’adoration, l’un correspondant à l’autre. « Or tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel… Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils revinrent à Jérusalem en grande joie … et ils s’en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. »

Les disciples, après avoir été séparés de Jésus, demeuraient pleins d’espoir, parce qu’ils savaient que l’Esprit allait leur être donné. Et cette attitude d’attente joyeuse et confiante ne sera pas un repli sur eux-mêmes. « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1. 8)

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Quand Jésus paraît s’éloigner, nous savons qu’il reste proche. Il ne doit pas nous suffire de le savoir, mais il nous faut en vivre. « Alors que nous sommes encore sur la terre, mets en nos coeurs un grand désir de vivre avec le Christ, en qui notre nature humaine est déjà près de Toi. » (Prière de la communion)

année liturgique B