Homélie du dimanche 15 novembre

Dimanche 15 novembre 2020
33éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :

Du livre des Proverbes : 31. 10 à 31: « Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre. »
Psaume 127 :  » Tu te nourriras du travail de tes mains. »
Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens : 1 Thes. 5. 1 à 6 : » Vous êtes tous des fils de la lumière. Nous n’appartenons pas à la nuit. »
Evangile selon saint Matthieu : 25. 14 à 30 : « Entre dans la joie de ton maître. »

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LE TEMPS DE L’ABSENCE

Matthieu et Luc rapportent une parabole semblable. Pour saint Luc, les serviteurs se voient confier des responsabilités plus grandes. (Luc 19. 12 à 27) Saint Matthieu l’envisage comme précédent le Jugement dernier. « Entre dans la joie de ton maître », est-il répété par deux fois.

La leçon est claire, l’absence du maître représente celle de Dieu durant la vie terrestre. Son retour est à la fin des temps. La question posée alors par saint Matthieu est de savoir ce que les serviteurs ont fait de ce qu’ils ont reçu et de ce temps accordé.

Le retour du Seigneur est une certitude de la foi. Le temps de l’absence du Seigneur est, en fait, le temps d’une absence apparente et ne peut devenir un temps mort. Il doit être, au contraire, le temps où nous devons développer les dons, « les talents » reçus et qui ne sont pas les nôtres. La liturgie le dit à maintes reprises :« Nous ne pourrons jamais t’offrir que les biens venus de toi ». (1er dimanche de l’Avent)

UNE REPONSE DURANT L’ATTENTE

Cette grâce de Dieu ne couvre pas seulement de simples dispositions naturelles à cultiver. C’est déjà beaucoup que de ne pas les gaspiller dans l’égoisme, l’enfermement sur soi-même, le narcissisme, le plaisir, le péché. Ces dons de Dieu sont d’une autre dimension et d’un autre enjeu puisqu’ils sont destinées à épanouir toute notre vie, non seulement humaine et spirituelle, mais aussi surnaturelle. non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour le monde que Dieu nous a confié.

Les deux premiers serviteurs de la parabole ont mis en valeur les talents en utilisant ce temps de l’absence. Ils les ont augmentés par leurs efforts, leur savoir-faire et leur dévouement à la pensée du maître.

Ils savaient qui il était et ce qu’il attendait d’eux. Ils l’ont réalisé en toute confiance, à la différence du troisième serviteur.

UN MAITRE QUI SAIT AIMER

En recevant cette parabole, nous sommes devant la même question que ces deux serviteurs fidèles : »Qu’attend-il de nous, ce Dieu d’amour et de miséricorde ? » Que faisons-nous de notre vie ?

L’attitude du troisième serviteur nous donne une réponse particulièrement provoquante. Dieu serait-il pour nous un maître qui nous paralyse de peur ou qui, par son absence apparente, devient étranger aux motivations qui conduisent notre vie ? Ou bien encore, n’avons-nous comme but que d’éviter un châtiment futur en sauvegardant le minimum, sans d’autre souci que de conserver le bien confié et de ne pas nous embarrasser de tout effort qui diminuerait ainsi notre bien-être matériel, et même spirituel. Dieu est-il à ce point si absent de notre vie ? Dieu est-il un adversaire dont nous ne voulons pas dépendre ?

Par contre si Dieu est tel que nous le révèle Jésus, il est un Père dont l’amour n’a pour dessein que de nous inviter à partager la joie de son Royaume. Il nous invite à mettre en oeuvre toute notre énergie pour déployer, en toute confiance et dans la pleine liberté, les dons qu’il nous a confiés.

UN DYNAMISME RESPONSABLE

Cette dépendance que nous vivons par rapport à Dieu n’est pas la soumission passive à une autorité arbitraire. Et c’est là le paradoxe de la foi. Fondée sur l’amour, la dépendance qui est la nôtre vid-à-vis de Dieu, est la condition nécessaire d’une relation vivante. Elle est l’affirmation de notre fidélité en réponse à la fidélité du Seigneur. Le temps que Dieu nous donne est l’espace indispensable pour nous construire dans notre humanité responsable et atteindre la dimension divine qui doit être la nôtre en Jésus-Christ.

« Nous sommes des fils de Lumière », nous dit saint Paul dans la lecture de ce dimanche (1 Thes. 5. 5) « En Lui était la Vie et la Vie était lumière des hommes. » (Jean 1. 4) A nous qui sommes lumière (Matthieu 5. 14) d’en vivre toute la réalité (Matthieu 6.22) en Jésus-Christ, lumière du monde.

La femme vaillante, dont la première lecture nous trace le portrait, ne se replie ni sur elle-même ni sur sa vie familiale. Si elle donne le bonheur à son mari, si elle « travaille avec entrain », dans le même temps  » elle ouvre ses doigts en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. » Sa crainte du Seigneur n’est pas faite de peu. Elle est toute imprégnée d’amour.

Il en est ainsi sur le chemin de la vie que parcourt le croyant. Il prend conscience de son extrême faiblesse d’homme pécheur par rapport à la grandeur infinie de Dieu. Il progresse dans l’accueil de la main que Dieu lui tend par ses frères. Confiant et libéré de sa peur, il trouve « avec entrain » un nouveau dynamisme dans son action. « Accorde-nous, Seigneur, de trouver notre joie dans notre fidélité… » (prière d’ouverture de ce dimanche)

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Le serviteur qui a enterré son talent, a aussi enterré toute sa joie confiante. Ceux qui ont misé sur la confiance de leur maître, découvrent l’accueil de la joie. « Nous n’appartenons pas à la nuit. Nous sommes des fils de la lumière. »

Ils ont remis à leur maître ce qu’il leur avait confié et plus encore. A nous de vivre dans la même attitude : « Que l’offrande placée sous ton regard nous obtienne la grâce de vivre pour toi et nous donne l’éternité bienheureuse. » (Prière sur les offrandes de ce dimanche)

 

année liturgique B