Homélie du dimanche 10 juin

Lectures:

Livre de la Genèse. 3 – 9 à 15 : Où es-tu donc ?
Psaume . 129 : Oui, près du Seigneur est l’amour.
Saint Paul aux Corinthiens : Une demeure éternelle dans les cieux.
Evangile : Marc 3. 20-35 : Celui qui fait la volonté de Dieu.

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PRES DU SEIGNEUR EST L’AMOUR

Dans le livre de la Genèse, nous voyons Dieu créer l’homme à son image et à sa ressemblance, sauf ce qui concerne la maitrise des fruits de l’arbre.
Adam et Eve sont heureux dans le vaste jardin de Dieu qui leur est proche et qui leur laisse une grande liberté dans la recherche que Dieu traduit par sa question : « Où es-tu donc ?
Et le texte pose la réponse du face à face humano-divin. Tu t’es éloigné de moi, que je ne sais plus où tu es, où tu en es. Tu t’es engagé dans une voie tellement éloignée de la lumière que je suis.

La réponse d’Adam en donne tous les épisodes que, d’ailleurs nous pouvons transposer dans notre vie quotidienne si nous rejoignons la Parole de Dieu, révélée en Jésus-Christ.

Et voici que vient le serpent qui rompt cette belle unité humano-divine. La suite, nous la connaissons : chassé de sa proximité avec son créateur, Adam et Eve sont confrontés au monde et portent à tout jamais le poids de leur faute.
De leur faute, de leur faiblesse éloignée de la richesse de la proximité qui est la nôtre avec Dieu. Nous sommes comme nus. Mais Dieu nous cherche toujours et sans cesse.
Le serpent est lui aussi une créature dans cet ensemble de la création voulue par Dieu .Mais son questionnement quiconsiste à répéter ce qui vient d’être dit, dévie la réalité de la proximité qui est la nôtre avec Dieu.
Il introduit la convoitise qui provient de notre nature humaine.  » Il a dit que vous mourrez. Vous ne mourrez pas, mais vous pourriez devenir comme des dieux. » Une convoitise née de notre orgueil ou de nos insuffisances.

Le psaume qui conclut cette lecture biblique est la véritable réponse :  » Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat. »

LA VERITE-

L’évangile que Marc nous propose au chapitre 4 est un des moments clés de la mission de Jésus.

Il s’est retiré dans le calme de la montagne et il a choisi ses disciples, un choix qui détermine ceux qui portent avec lui la mission que Dieu son Père lui a confiée. Et qu’il leur confie
 » Avec eux Il revient à la maison, et la foule s’y presse. Nous ne sommes plus dans une prédication calme, car dans le même temps, nous entrons dans un climat d’incompréhension très difficile à vivre pour Jésus:
La bousculade est telle que Jésus n’arrive même pas à manger et sa parenté s’en inquiète. Ils cherchent à le soustraire à cette foule.
La réaction des proches est compréhensible, d’autant qu’ils n’ont pas encore tout compris de Jésus ni de sa mission.

Le menuisier à Nazareth depuis bientôt trente ans, s’engage dans une orientation qui les étonne. Ils disaient : « Il a perdu le sens. » Nous aussi, à certaines heures nous sommes comme déboussolés par le sens que Dieu donne à notre vocation et aux événements que nous avons à vivre et à partager avec ceux qui nous sont proches….

Pour les scribes, qui, pour la plupart, sont des docteurs de la Loi et donc gardiens de celle-ci. Jésus est possédé et beaucoup d’entre eux, qui se veulent respectueux de la Loi, l’accusent d’agir, non pas au nom de Dieu mais de lui-même.
Déroutés par Jésus les scribes entrent dans une incompréhension têtue, qui va les rendre incapables de recevoir des idées qui corrigeraient les leurs: en Jésus, l’Esprit veut les enseigner et ils insultent l’Esprit… Entre l’Esprit et eux, ils dressent un mur, aucun pardon ne peut les atteindre.

Beaucoup ne sauront jamais qui est vraiment Dieu, N’arrive-t-il pas que nous aussi entendions parfois des phrases telles que: Comment se fait-il que Dieu laisse faire cela? devant un enfant qui souffre, ou en regardant des images de notre monde de souffrance et de haine… C’est parfois impossible d’étouffer ce cri interrogatif… mais, il faut le tourner en prière qui supplie l’amour de Dieu de soutenir ceux qui souffrent…

Dieu ne veut jamais le mal et la souffrance. Il n’y a qu’à constater toutes les guérisons que Jésus opère au long de son passage sur la terre… Une seule chose lui importe lorsque nous sommes dans la souffrance, c’est d’unir notre douleur à celle qu’Il a voulu subir lui-même… La Vérité se retrouve quand se vit l’Amour.

LA VRAIE FAMILLE DE JESUS

Un peu plus tard, alors que Jésus vient de répondre aux scribes qui confondent bien et mal, esprit de Satan et Esprit de Dieu (Mc 3, 22-30), sa mère et ses frères tentent une approche et le font appeler. La question des frères de Jésus a fait couler beaucoup d’encre.[4] Il s’agit d’un dossier considéré comme compliqué depuis longtemps.
Faut-il y attacher tant d’importance alors que Jésus est justement en train de remettre en cause les liens de sang ?

Il nous emmène à un autre niveau; il change de registre: « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur, ma mère » (Mc 3, 35). En prononçant cette parole, Jésus regarde la foule assise autour de lui dans la position du disciple qui écoute[5].

Cette parole sonne comme une invitation adressée à tous. Aux yeux de Jésus, il y a de nombreux frères et sœurs possibles, inattendus. Au cercle de la famille dans lequel certains voudraient bien l’enfermer, Jésus superpose un autre cercle formé de frères et sœurs qui se réfèrent à un même Père des cieux (Mt 12, 50).
Un Père qui est notre premier parent . Celui qui accueille le Père des cieux, comme son Père primordial, sera amené à revisiter les notions de famille, de frère, de sœur. Est-ce que les deux cercles s’excluent? Non, Jésus invite tout un chacun à être fils et filles du Père, à vivre ce déplacement. Marie est de cette famille à double titre.
Faire ce discernement, remettre en cause les liens naturels de sang, permet d’éviter de s’enliser dans une attitude mortifère qui empêche l’accueil de la nouveauté de l’Esprit. Un Père qui est notre premier parent .

Celui qui accueille le Père des cieux, comme son Père primordial, sera amené à revisiter les notions de famille, de frère, de sœur.

 » Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. » L’évangile ne nous dit pas pour quoi ils veulent parler à Jésus, mais puisque sa mère est parmi eux, nous pouvons imaginer que c’était important. Marie a eu un rôle essentiel dans le plan du salut et elle est notre modèle d’obéissance et d’adhésion à la volonté de Dieu.  » Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ! « 

Nous voudrions tous imiter Marie dans sa fidélité à suivre la volonté de Dieu..  » Voici ma mère et mes frères. » Le Christ, par cette formule simple mais grandiose, nous assure que nous faisons partie de sa « famille ».

 » Tout comme nous sommes des fils du Père par notre baptême en Jésus-Christ, nous sommes apparentés à lui quand nous faisons la volonté de son Père

« Le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte  » une création nouvelle « , un fils adoptif de Dieu qui est devenu  » participant de la nature divine « , membre du Christ et cohéritier avec Lui , temple de l’Esprit Saint …les baptisés participent au sacerdoce du Christ, à sa mission prophétique et royale
… ils sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu et de participer à l’activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu » . La volonté de Dieu s’exprime de bien des manières : par les commandements, les enseignements de l’Eglise, par notre vocation et nos engagements chrétiens, par notre réponse aux grâces reçues dans les sacrements, et notre réponse aux personnes que Dieu a placées en nos vies pour nous guider.

Et la présence de Marie doit être entendue avec cette affirmation : Celui-là est pour moi un frère, une soeur, une mère

année liturgique B