Rapports des cercles mineurs sur la deuxième partie de l’Instrumentum laboris

44197829_10156833621811563_7185884996681334784_nModerator: S.E. Mons. MACAIRE, O.P., David
Relator: S.E. Mons. PERCEROU Laurent

Cette 2ème partie cherche à éclairer le regard sociologique de la 1ère partie et à poser un  regard de foi sur les jeunes. Les jeunes sont une bénédiction de Dieu pour l’Église, ils lui rappellent en effet qu’elle est appelée à refléter le visage du Christ « l’éternellement jeune », et ils disposent d’une grâce particulière pour qu’elle y parvienne toujours davantage. Mais les jeunes sont aussi une bénédiction pour chacun de nos continents, car leur force, leur joie et leur dynamisme les ouvrent à l’espérance. C’est pourquoi notre Église, riche d’une belle tradition en matière d’éducation et d’accompagnement (trop peu soulignée, à notre avis, dans l’Instrumentum laboris), doit pouvoir cheminer avec les jeunes sur le chemin de la sainteté. L’appel des apôtres dans l’Évangile de Jean demeure en ce domaine une référence: «Que cherchez-vous? Ils lui répondirent: Rabbi (c’est à dire Maître), où demeures-tu ? Il leur dit: venez et vous verrez.» Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.» (Jean 1, 35-42)).
Cette seconde partie a donc pour ambition de regarder comment l’Église peut-être pour les jeunes, tout à la fois Jean le Baptiste qui présente aux deux disciples Jésus comme «l’Agneau de Dieu» et Jésus lui-même, lorsqu’il les invite à voir où il demeure. Comment permettre à chaque jeune d’entrer dans une « sequela Christi », à y demeurer fidèle, quel que soit son itinéraire de vie, qui ne sera jamais linéaire, et quels que soient les choix qu’il posera ?

1.      Comment s’engager sur un chemin de discernement si notre cœur n’a pas été éveillé à la présence du Christ à nos côtés ?
Une jeune de notre groupe, a apporté un témoignage éclairant qui pourrait sans doute rejoindre le nôtre : « Mes parents m’encourageaient toujours à faire confiance en Dieu. Ma mère m’a appris à prier et c’est dans la prière que j’ai découvert la personne de Jésus Christ, qu’il pouvait être un ami à qui je pouvais parler. Plus je découvrais qui il était, plus je voulais vivre comme lui et pour lui, et de manière surprenante, plus j’avais la certitude d’avoir profondément besoin de sa miséricorde. » Avant même de parler de discernement, puisque ce Synode concerne tous les jeunes et que nombre d’entre eux n’ont pas eu la chance, comme Emilie, de rencontrer le Christ, il est nécessaire de chercher comment leur annoncer le kérygme. L’enjeu est déjà d’amener les jeunes à découvrir que Jésus, que nous confessons mort et ressuscité, est Maître et Seigneur de leur vie et les encourager à poursuivre l’approfondissement de leur foi. La transmission de la foi se fait en effet aujourd’hui difficilement et un frère-évêque faisait remarquer que nous ne retrouvons que peu de jeunes après la célébration du sacrement de la Confirmation, alors qu’il est censé être le sacrement de la maturité dans la foi. Il s’agit donc, déjà, de permettre aux jeunes d’accueillir le don de la foi qu’ils seront appelés à vivre, en faisant l’expérience du passage par la croix, chaque jour de leur vie, personnellement et en Église.

2.      Le terme de « vocation »
St-Paul VI a affirmé, dans la dynamique du Concile Vatican II, que « toute vie est vocation », et l’Instrumentum laboris précise bien que « l’appel du Christ à vivre à sa suite » s’adresse à tous. Certains membres du carrefour se demandent cependant s’il n’y a pas un risque de confusion à qualifier de vocation tous les choix de vie, à partir du moment où ceux-ci ont été discernés à la lumière de la foi. Si l’appel universel à la sainteté retentit pour tous dans le sacrement du baptême, certains baptisés sont appelés d’une manière particulière à la vie consacrée et aux ministères ordonnés. Ces vocations particulières ne sont pas du même ordre qu’un choix professionnel ou la décision de demeurer célibataire sans la perspective d’une consécration (N° 104 et 105).

3.      L’accompagnement des jeunes.
Outre l’importance des familles qui devraient être les premiers lieux de la rencontre du Christ, nous souhaiterions souligner l’importance des communautés chrétiennes que sont les paroisses, les communautés ecclésiales de base, les mouvements de jeunesse, les aumôneries scolaires et universitaires. Ainsi que toutes les autres propositions qui peuvent exister. Nous pouvons écouter une autre jeune de notre carrefour : « Le scoutisme permet aux jeunes de grandir dans la foi, d’aimer le Christ et son Église. C’est par ce processus que bon nombre d’entre nous sont devenus prêtre, religieux et religieuse ou engagés dans la vie de l’Église et de la société, pour être davantage au service de nos frères ».

Dans tous ces lieux, accompagnés de « frères et sœurs ainés dans la foi », comme le fut Pierre avec Jean dans leur course vers le tombeau vide, les enfants et les jeunes vivent ensemble la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans toutes les dimensions de leur être. Dans ces communautés de jeunes chrétiens germe et grandit l’attachement au Christ et le désir de le suivre, grâce à la vie fraternelle, l’enseignement et l’écoute de la Parole de Dieu, l’accès aux sacrements, tout particulièrement l’Eucharistie et la Réconciliation. Aussi, ces groupes de jeunes chrétiens sont à encourager et à accompagner pour qu’ils soient fidèles à la foi et l’enseignement de l’Église et demeurent missionnaires. Ce ne sont pas des méthodes qui vont rendre l’accompagnement efficace mais plutôt des communautés et des personnes, qui feront qu’un jour un jeune rencontrera le Christ et se décidera à répondre à son appel. L’accompagnement spirituel ne fait pas tout, ce sont les autres, les communautés, qui peuvent éveiller les jeunes aux appels du Seigneur et leur permettre d’y répondre librement par un effort vertueux. Nous estimons donc que cette seconde partie se concentre beaucoup trop sur la dimension personnelle de l’accompagnement, qu’elle néglige la place incontournable de la famille et des groupes de jeunes pour leur croissance dans la foi.

Également, si le chapitre IV liste les différentes manières d’accompagner les jeunes, il serait nécessaire de bien qualifier ce qu’est un accompagnement personnel dans la perspective d’un discernement vocationnel, et les formes que celui-ci peut prendre. La tradition de l’Église en la matière est riche, tout particulièrement celle de l’orient, il pourrait y être fait utilement allusion dans le document final.

Enfin, nous constatons qu’il y a de plus en plus de demandes d’accompagnement spirituel, particulièrement de la part des jeunes. L’accompagnateur est celui qui, à l’image d’André avec Simon, fait route avec l’accompagné afin de le conduire au Christ, dans le respect de sa liberté, et qui accepte lui-même de se laisser interpeller dans sa propre foi par celui qu’il accompagne. En ce domaine, nous sommes parfois témoins des difficultés rencontrées par des accompagnateurs à trouver leur juste place et à se situer dans une saine distance. Qu’il s’agisse de l’accompagnement d’un groupe ou d’une personne, que nous soyons ministres ordonnés, consacrés ou fidèle-laïc, il ne s’improvise pas. Aussi, nous voudrions rappeler la nécessité de veiller à leur formation ainsi qu’à leur proposer de participer à des groupes de supervision.

Pour clore ce propos, nous pouvons encore écouter cette jeune témoigner de son accompagnement spirituel lors de son expérience de missionnaire. Elle montre que cet accompagnement n’est qu’un élément de son chemin de foi qui ne peut faire l’économie de l’appartenance à une communauté ecclésiale et d’une pratique sacramentelle : « Je suis devenue missionnaire à mon tour. Pendant trois ans de mission, j’avais besoin d’un accompagnateur (que j’appelle aussi “directeur spirituel”) pour être mieux disposée à réaliser ma propre mission auprès des étudiants à l’université. On s’attendait aussi à ce que chaque missionnaire participe à la messe quotidienne, reçoive le sacrement de réconciliation de manière régulière, et prie au moins une heure par jour. Car, on ne peut pas donner ce qu’on n’a pas ! »


Moderator: S.E. Mons. LACOMBE Bertrand
Relator: S.E. Mons. BÉBY GNÉBA Gaspard

1.                  La vocation à la lumière de la foi

L’Instrumentum laboris, aux numéros 87 et 88, décrit la vocation à la lumière du dessein de Dieu révélé en Christ. En effet, la vocation n’est pas une réalité secondaire de la vie humaine et de l’existence chrétienne. Elle est à la fois la source, la justification et la fin dernière de l’existence humaine, de la vie chrétienne dans l’Église. En outre, cette vocation divine s’adresse à tous les hommes. Elle n’est pas réservée aux membres de l’Église. Dieu appelle tous les êtres humains à la communion de sa vie divine en Christ (cf. Concile Vatican II, Dei Verbum 2 ; Catéchisme de l’Église Catholique 505).

Nous proposons donc qu’avant le titre « La vie humaine dans la perspective vocationnelle », on fasse un paragraphe intitulé : « La vocation, un don universel à la sainteté ». Ce numéro serait développé à partir de cette affirmation de saint Paul : « Dieu le Père nous a élus avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Eph 1, 4).

2.                  La vocation à suivre Jésus et à se conformer à lui

En quoi consiste cette vocation divine de la personne humaine ? Elle consiste à suivre Jésus- Christ et à se conformer à lui. L’Apôtre Paul écrit à ce sujet : « Ceux que Dieu a appelés selon son dessein, il les a aussi prédestinés à être conformes à son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8, 29). On pourrait donc modifier quelque peu le numéro 91 de L’Instrumentum laboris afin qu’il prenne en compte les deux expressions : la suite du Christ et la conformation au Christ.

3.                  La vocation à devenir fils adoptifs du Père

L’union au Christ a comme but principal la participation à sa filiation divine. En Christ, la personne humaine est appelée à devenir fils adoptif du Père. C’est ce que proclame l’Apôtre Paul en ces termes : « Dieu le Père a d’avance voulu que nous soyons pour lui des fils adoptifs par Jésus- Christ » (Eph 1, 5). De ces considérations découle une proposition : faire un nouveau numéro consacré au thème de la filiation adoptive. Cela permettrait de mieux expliquer aux jeunes la dimension essentiellement relationnelle de la vie humaine et de l’existence chrétienne, et donc aussi de la vocation divine du genre humain.

4.                    La vocation de l’Église et les vocations dans l’Église

L’Église est à la fois l’actualisation historique et la réalisation communautaire de la vocation divine du genre humain révélée en Christ. En effet, en elle et par elle, est annoncée, célébrée, vécue et renouvelée jusqu’à la fin des temps la vocation divine de la condition humaine. Altérée et compromise en l’homme par la triste expérience du péché des origines, la vocation divine est rachetée, sauvée, libérée et réactivée par la grâce baptismale. En outre, si le Christ est la tête de l’Eglise, les apôtres en sont des membres.

Par conséquent, nous suggérons que les numéros de L’Instrumentum laboris consacrés à la vocation baptismale et à l’appel des apôtres soient transférés sous le titre : « La vocation de l’Église et les vocations dans l’Église ».

5.                  La condition inédite de célibataire ou « single »

Au numéro 105, L’Instrument Laboris évoque le cas du célibataire ou « single ». Comme évoqué plus-haut, la vocation divine de la personne est de devenir fils adoptif du Père en Christ. Et cette vocation s’adresse à toute personne humaine, toujours et partout. C’est pourquoi, il nous semble qu’on ne peut pas dire que les personnes vivant seules n’ont pas de vocation ou refusent la vocation. Il s’agit pour elles de vivre dans leur condition la plénitude du don d’elles-mêmes et la perfection du service évangélique dans l’Église et dans le monde.

6.                    Le discernement dans la tradition chrétienne

Le discernement est un don et un art particuliers que l’Esprit Saint accorde, selon le catéchisme de l’Église Catholique, à certains fidèles en vue de ce bien commun qu’est la vie en Jésus-Christ (cf. CEC 2690).

A partir de ce qui précède, nous pouvons déduire ce qui suit:

·         Le don du discernement n’est pas lié au ministère ordonné.

·         L’Esprit Saint l’accorde non pas à tous les fidèles mais à certains.

·         Le don du discernement peut être accordé aussi bien à des clercs, à des consacrés, qu’à des laïcs.

·         Il permet, d’une part, d’identifier et de reconnaître la voie personnelle par laquelle l’Esprit veut nous conduire à la conformation au Christ et à la fidélité à l’Évangile et, d’autre part, d’aider une autre personne ou une communauté à découvrir la tienne dans l’Eglise et dans le monde.

·         Le discernement exige une vie de prière intense et profonde.

Ne pourrait-on pas insérer ces précisions au numéro 108 de L’Instrumentum laboris pour éviter toute confusion et tout cléricalisme ?

7.                  La proposition du discernement vocationnel

L’Instrumentum laboris traite aux numéros 109 et 110 de la proposition du discernement vocationnel. Cette proposition ne pourrait-elle pas se faire dans un cadre plus large de préparation et d’éveil aux vocations? Ne serait-il pas utile d’expliquer aux jeunes l’importance de la vocation, des vocations et du discernement vocationnel, de les aider à découvrir leurs vocations propres, de justifier la nécessité de la médiation humaine ou communautaire dans le processus et de clarifier les responsabilités qui incombent à chacun des protagonistes durant le processus du discernement vocationnel?

8.                  L’art d’accompagner

Au numéro 121, L’Instrument Laboris insiste sur l’accompagnement personnalisé tandis que l’accompagnement des groupes ou des communautés semble ne pas être assez souligné. C’est pourquoi, il nous paraît utile d’expliquer à la fin du paragraphe l’accompagnement personnalisé et l’accompagnement des groupes ou des communautés. En effet, Jésus a employé ces deux style d’accompagnement : le premier style avec Zachée (cf. Lc 19, 1-10), avec la samaritaine (Jn 4, 7- 30), etc. et le second style avec les Douze (cf. Lc 9, 1-6. 10-32), avec les deux disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35), etc.

9.                  Les qualités de ceux qui accompagnent

L’Instrumen Laboris décrit au numéro 130, 131 et 132, les qualités des accompagnateurs. Ces aptitudes sont essentielles. Car sans elles le processus est voué à l’échec. C’est ce que confirme saint Jean de La Croix quand il affirme : « il convient grandement à l’âme qui veut s’avancer dans le recueillement et la perfection qu’elle prenne garde entre les mains de qui elle se met, parce que tel sera le maître, tel sera le disciple, et tel père, tel fils (…) parce que outre qu’il soit savant et avisé, il est nécessaire qu’il soit expérimenté ; car, pour guider l’esprit, bien que le fondement soit le savoir et le bon sens, s’il n’y a pas expérience de ce qui est pur et véritable esprit, il n’arrivera jamais à mettre l’âme dans le chemin, quand Dieu l’y appelle, et même il ne le comprendra pas » (Saint Jean de La Croix, La vive flamme d’amour, Couplet 3, paragraphe 30, in Œuvres Complètes, Desclée de Brouwer 2016, pp. 965-966).

C’est pourquoi, nous souhaiterions que la formation des accompagnateurs soit traitée dans le document. En outre, nous aurions aimé que les thèmes de l’accompagnement post-sacramentel, de l’accompagnement des jeunes prêtres et de la responsabilité de l’Evêque dans le discernement et l’accompagnement vocationnels figurent dans le IV ème chapitre de L’Instrumentum laboris.

De même, nous suggérons que soit institutionnalisé un parrainage ecclésial après les sacrements.


Moderator: Em.mo Card. NZAPALAINGA, C.S.Sp., Dieudonné
Relator: Rev. P. CADORÉ, O.P., Bruno

Les nombreux témoignages et prises de parole qui nous ont été offerts pendant ces derniers jours nous ont donné la conviction que la jeunesse est une bénédiction pour l’Église car ses questions et attentes l’éveillent à son désir de vivre et proclamer sa foi au Christ qui conduit au Père par l’Esprit. C’est pourquoi la réflexion du groupe Gallicus C a abordé le thème « Foi et discernement vocationnel chez les jeunes » en le situant dans la perspective de la vocation de l’Église : accompagner l’humanité vers la rencontre du Christ. Comment cette vocation peut-elle orienter la proposition d’une pastorale vocationnelle pour les jeunes ?

L’Instrumentum laboris propose un certain nombre de références bibliques et de figures de Jésus auxquelles une ou un jeune peut aisément s’identifier, découvrant le rôle qui est le sien dans l’histoire du salut. Néanmoins, au-delà d’une approche anthropocentrique, la dynamique vocationnelle appelle à situer cette découverte de Jésus « jeune parmi les jeunes » dans la perspective d’une théologie trinitaire où Jésus l’évangélisateur se révèle Fils du Père, animé dans sa mission par l’Esprit. L’enjeu est d’ouvrir aux jeunes le chemin de la maturité de la foi : d’un côté contemplant l’œuvre de l’Esprit qui bâtit, dirige et rajeunit l’Église et, d’un autre côté, accueillant la grâce de l’Esprit qui conduit chacun à prendre sa place propre dans la vie de l’Église comme dans le monde. D’où notre question pour l’Église latine : le sacrement de la confirmation ne devrait-il pas être mis au cœur de cette dynamique vocationnelle ?

Mais comment prendre soin de la vocation unique de chacun ? Le dialogue avec les jeunes a manifesté leur détermination à prendre, par le témoignage de vie et par la riche créativité de leurs engagements, leur part propre de coresponsabilité dans la transmission de la foi de l’Église. Une pastorale vocationnelle proposera donc une lecture de cette générosité de la vocation baptismale de chacun, du point de vue de la vocation fondamentale de l’Église, sacrement du salut dans le monde. C’est à partir de cet appel de tous à la sainteté que peuvent se décliner les différents sens du terme vocation. Chaque jeune est à la fois Nathanaël déjà connu et appelé alors qu’il est encore sous son figuier (Jn 1, 47-48), et ce jeune homme qui par les pains et les poissons qu’il porte permet d’ouvrir le mystère de la multiplication (Jn 6, 9-11). Chacun doit en effet être aidé à découvrir, par sa rencontre personnelle avec le Christ, en même temps le caractère unique de son épanouissement humain personnel, et sa capacité à contribuer à la communion entre tous. Le dynamisme du discernement vocationnel cherchera à mettre au jour pour chacun cet équilibre entre la liberté personnelle qui détermine les choix par lesquels on réalise sa vie, l’appel qui se fait entendre au cœur d’une conversation créatrice avec le Seigneur, et la réponse par laquelle chacun prendra sa propre place au sein de l’Église évangélisatrice. Dieu à la fois appelle et conduit à trouver cette place.

C’est ce processus vocationnel qu’il s’agit d’accompagner. Notre groupe a eu un long et riche débat à ce propos, à la lumière du premier chapitre de l’Évangile selon saint Jean qui révèle le dynamisme à la fois intérieur et ecclésial de toute vocation à rejoindre le Christ. Nous considérons que ce soutien d’une dynamique vocationnelle est, plus que le discernement, le centre de gravité de cette deuxième partie de l’Instrumentum laboris. Ce débat a permis de dégager trois convictions.

La première est que l’accompagnement à la vie chrétienne est toujours à la fois un accompagnement personnel et un accompagnement communautaire. Personnel, comme un frère peut accompagner son frère, le conduisant au Christ, comme André le fit pour Pierre, son frère, et Philippe pour Nathanaël. Communautaire, parce que la communauté est pour chacun ce que l’Église est appelée à être dans le monde : une lumière qui indique le chemin vers la communion fraternelle de tous en Celui qui prie le Père que tous soient un. Reconnaître la communauté de foi dans son rôle d’accompagnement, c’est donc considérer que toute communauté ecclésiale, tout mouvement, tout groupe spécifique d’activité caritative, doivent être eux-mêmes accompagnés de sorte qu’ils soient communautés de promotion mutuelle des vocations baptismales. Et, parmi les moyens de cette pastorale de la mutualité des vocations, la prière a une place unique.

Une deuxième conviction est la nécessité d’un effort décisif pour la formation à cet accompagnement à la vie chrétienne, individuelle et en groupe ou communauté. Pour l’accompagnement personnel sont requises la compétence à l’écoute, la capacité de distinguer les différentes dimensions de la vie humaine intégrale qu’on accompagne, la détermination d’un  respect absolu de la liberté de conscience de chacun, le souci d’être toujours d’abord témoin du mystère de la miséricorde qui accueille, pardonne et sans cesse donne à nouveau de vivre. Pour l’accompagnement communautaire, il s’agit de former les pasteurs à savoir promouvoir dans les communautés de croyants une connaissance solide de la foi, la joie de la fraternité, le goût de la prière et le désir du témoignage de vie évangélique. A propos de l’accompagnement, nous pensons nécessaire de souligner encore que tout doit être mis en œuvre pour mettre les personnes et les communautés à l’abri de tout type d’abus.

La troisième conviction concerne le désir des jeunes de prendre leur responsabilité propre dans l’Église: si l’objectif de l’accompagnement est de proposer de vivre centré sur le Christ, personnellement rencontré, alors conduire au Christ implique aussi de proposer de le rejoindre dans sa mission que, dans l’Esprit, Il a confiée à l’Église. Mission explicite de transmission de la foi. Ou, dans d’autres contextes, mission d’accompagner, comme des amis, en témoignant de la « culture chrétienne », la proposant comme une lumière à l’humanité, aspiration que portent tant de jeunes du monde qui veulent œuvrer à l’advenue de leur peuple et de leur société à davantage de dignité et d’humanité, de justice et de paix, quelles que soient les différences confessionnelles. Accompagner, donc, en confiant la mission.

N’est-ce pas ainsi que le Christ pédagogue accompagnait la vie de ceux qu’il appelait, et envoyait là où il les précédait? Accompagner consisterait alors à conduire au Christ des jeunes qui, à leur tour, l’accompagneront dans sa mission et, avec Lui, feront l’Église.

(Souhaitant que ces réflexions contribuent à la rédaction du document final, nous proposons des modi portant sur les sujets suivants: la jeunesse comme bénédiction pour l’Église, l’accompagnement vocationnel en contexte multiculturel et multiconfessionnel, le rôle des communautés et groupes de jeunes dans l’accompagnement des personnes individuelles.)

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