Levée de l’excommunication par Benoît XVI

Pican Pierre - Bayeux Lisieux

Jusqu’à samedi dernier, le mouvement intégriste créé par Mgr Lefebvre reprochait à Rome de l’avoir exclu unilatéralement de l’Église, sans épuiser les ressources du dialogue.

Le Pape Benoît XVI pose un geste d’ouverture en levant l’excommunication, tout comme ce fut le cas le 27 mai 2007, en direction des évêques et des catholiques de l’Église patriotique de Chine, également en rupture avec Rome et pour des raisons bien différentes que nous pouvons considérer plus dignes et plus fondées.

Après ce signe fort posé par Rome, il appartient aux intégristes de manifester clairement leur détermination effective à réintégrer l’Église et à en accueillir les positions sur tous les terrains qu’appelle la communion.

Parmi les intégristes, nous le savons tous, bien des prêtres et des fidèles attendent impatiemment le retour à la pleine communion avec Rome, dans l’esprit du motu proprio de Benoît XVI, en 2007. D’autres, bien sûr, exercent des pressions pour retarder, empêcher, conditionner ce retour dans la pleine communion de l’Église.

Au même moment, l’un des quatre évêques bénéficiaires de la levée de l’excommunication, Mgr Richard Williamson, affirme, avec une superbe scandaleuse, que l’extermination des Juifs par le règne nazi est minime et nie l’existence des chambres à gaz. Une telle position constitue une insulte à la mémoire, à l’histoire, à la communauté juive. Elle rejette les déclarations du Pape Jean Paul II et les positions du Cardinal Jean-Marie Lustiger et de beaucoup d’autres victimes de la Shoah.

Il est choquant que Rome, au niveau le plus élevé, n’ait pas encore réagi officiellement, avec la plus vive détermination, par respect pour la vérité, le soutien de la communauté catholique et pour se ranger du côté de tous ceux qui, en combattant le nazisme, ont donné leur vie au nom de la liberté la plus sacrée et de la dignité humaine la plus inattaquable.

C’est la confiance en l’Église qui est profondément altérée par le silence de Rome sur ces propos injurieux.

J’exprime ma peine la plus profonde, au nom des catholiques du Calvados, à tous ceux qui sont atteints, blessés, justement révoltés par les propos de cet évêque, désormais membre du collège apostolique. J’en appelle à la mémoire du Cardinal Saliège qui, en d’autres temps, avec une belle liberté, nous assimilait tous à ces Juifs torturés. Je vous redis toute ma sympathie, mon soutien, ma profonde amitié.

† Pierre PICAN
Évêque de Bayeux et Lisieux
À Bayeux, le 27 janvier 2009
 

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