La paix au cœur des Journées Régionales de la jeunesse de Beyrouth

Le Père Jacques Enjalbert, jésuite, aumônier du Centre Saint-Guillaume (aumônerie de Sciences Po Paris) accompagnera un groupe de 35 jeunes Français au Liban qui participeront du 27 juillet au 4 août aux Journées Régionales de la Jeunesse (JRJ). L’objectif : rassembler 300 jeunes chrétiens – porteurs de projets – issus du Proche-Orient : Irak, Syrie, Égypte, Liban, Jordanie… et montrer qu’il existe encore des exemples d’engagement au sein de la société civile arabe. Interview.

Quel est la genèse du projet ?

Jacques EnjalbertDepuis 2006, les jésuites de la Province du Proche-Orient organisent régulièrement des rencontres pour les jeunes chrétiens arabes de Syrie, d’Égypte et du Liban (NDLR. Chrétiens de toutes les Églises et rites). De nombreux jeunes n’ont pas pu se rendre en janvier aux Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) au Panama pour des questions de dates et de coûts de billets d’avion. Les Journées régionales de la jeunesse de Beyrouth, ouvertes cette année à davantage de jeunes et de pays leur permettront de se retrouver pour prier, agir pour la paix, et réfléchir aux moyens d’être au service du développement de leurs pays.

Quel sera votre rôle au sein des Journées Régionales de la Jeunesse ?

IMG-20190719-WA0000Le Père Gabriel Khairallah, jésuite de la Province du Proche-Orient – en charge du projet – m’a sollicité pour constituer un groupe de Français. Trente-cinq jeunes Français se joindront aux jeunes orientaux du 27 juillet au 4 août, au collège jésuite Notre-Dame de Jamhour. À Beyrouth, le Père Gabriel Khairallah est également assisté de deux volontaires de L’Œuvre d’Orient, Maximilien Neymon et Paul Morinière qui coordonnent l’évènement.

D’où viennent les jeunes Français ? Quelles sont leurs motivations ?

Ils viennent de différents mouvements et associations comme l’aumônerie de Sciences Po à Paris (et aussi de son campus franco-arabe de Menton), du réseau Magis des jésuites pour les jeunes adultes, du « pôle jeunes » de l’Œuvre d’Orient, et de « l’année Déclic », une année de fondation vocationnelle proposée par les jésuites. Ils ont tous entre 18 et 30 ans. Malheureusement, les inscriptions sont fermées depuis un mois, car nous ne pouvions pas dépasser un seuil de 35 personnes. Certains d’entre eux sont déjà partis depuis la semaine dernière pour aider dans un village du Liban. Ils sont très motivés et très intéressés par la question des chrétiens d’Orient.

Quels seront les temps forts de cette édition ?

Les Journées régionales de la jeunesse (JRJ) s’organisent en trois temps. Jusqu’au 30 juillet, l’édition sera ponctuée de temps de conférences à travers des ateliers et des tables-rondes, de temps bibliques et spirituels et aussi de divers témoignages. Ces « grands témoins » sont des figures chrétiennes engagées dans leur pays en faveur de la paix, de la réconciliation, de l’unité ou du développement. Dans un second temps, les jeunes seront répartis en groupe de vingt-cinq personnes toutes nationalités confondues. Ces jeunes se déplaceront au Liban pour vivre un « expériment » ignatien. Le 3 et 4 août, nous clôturerons les festivités à Jamhour avec un temps de célébration et de retrouvailles.

Qu’est-ce que « l’expériment ignatien » ?

C’est un terme traditionnel dans la formation jésuite. « L’expériment », c’est apprendre par l’expérience en découvrant toute la dimension spirituelle. C’est apprendre à trouver Dieu en toute chose. Ces groupes de jeunes vont vivre des temps de service dans des camps de réfugiés syriens, auprès d’enfants des rues, de personnes âgées, de foyers handicapés ou au sein de lieux prônant le dialogue islamo-chrétien. Ils vont tous prier, pratiquer dans l’échange la relecture ignatienne, partager des moments fraternels et leur attachement au Christ.

En novembre 2018, les patriarches catholiques orientaux se réunissaient à Bagdad. Ils exhortaient les jeunes à être « artisan de l’histoire » et à rester sur leur terre. Les Journées régionales de la jeunesse s’inscrivent-ils dans cette continuité ?  

L’Irak et la Syrie connaissent encore des difficultés. Nous essayons de donner à ces jeunes qui sont tous déjà engagé(e)s dans la société civile arabe, voire investi(e)s, un soutien pour qu’ils gardent l’Espérance. Ils ne doivent pas rester repliés sur eux-mêmes mais doivent essayer de rebâtir doucement des liens pour construire une société en paix…

… D’où le thème des JRJ 2019 basé sur la prophétie : « De sa paix dépend votre paix « (Jérémie 29-7)…

JRJL’enjeu est de maintenir la paix au Moyen-Orient pour que les chrétiens restent en Orient. Certes, nous ne pouvons pas en vouloir aux familles de fuir leur pays et d’émigrer à l’étranger. Une grande diaspora est déjà installée aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie. Les conditions y sont plus simples pour fonder une famille ou travailler. Pour ceux qui restent, cela demande parfois une vraie abnégation et un grand amour de s’investir, en particulier pour ceux qui vivent en Irak ou en Syrie. Et c’est là un vrai appel pour nous tous de porter cette appel à ce que des chrétiens continuent d’y vivre et d’y témoigner de la paix du Christ.

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