« Quelle joie et quel bonheur de se rassembler ! »

Bernard Rabiller, 74 ans, fêtera l’an prochain ses cinquante ans de sacerdoce. Après avoir exercé différents ministères dans tout le diocèse de Luçon, dont onze ans près de La Roche-sur-Yon, il est depuis trois ans, curé de la paroisse Saint-Pierre-en-Pareds et ses sept clochers autour de la commune rurale de Mouilleron-Saint-Germain. Par Florence de Maistre.

 Qu’est-ce qui caractérise votre ministère actuel ?

Rabiller BernardJe suis responsable de tout ce qui tourne autour de la liturgie, des célébrations dominicales et de tous les sacrements. Je suis heureux de faire de très nombreuses rencontres. J’accompagne plusieurs équipes : une du CMR (Chrétiens en monde rural), une du VEA (Vivre ensemble l’Évangile aujourd’hui), une équipe de religieuses et aussi une fraternité de diacres permanents.

Je suis également l’aumônier diocésain du MRC (Mouvement chrétien des retraités). Chaque fois que je le peux, je rejoins les personnes qui m’appelle pour une visite, un temps d’échange, ou alors c’est moi qui les sollicitent pour un service ou autre. Mouilleron va vivre, ce 8 juillet, le départ de la 2e étape du Tour de France. Nous préparons à cette occasion une journée de réflexion pour toute la paroisse sur les étapes de la vie chrétienne en lien avec le Tour. Cela demande du temps, des personnes qui s’engagent, et un travail de coordination de mon côté. La catéchèse des enfants est animée par une laïque en mission ecclésiale (LEM). J’ai la chance d’avoir des aides parmi les professionnels de santé, proches de l’Église, qui me signalent les personnes qui désirent être visitées ou recevoir le sacrement de l’onction : c’est un lien très précieux. Je soutiens bien sûr l’équipe du SEM (Service évangélique des malades) et celle de l’aumônerie de la santé qui intervient dans nos maisons de retraite et Ehpad, nous prenons ensemble des temps de relecture. Je prie chaque matin l’office, souvent avec notre diacre permanent, suivi d’un temps de méditation. Et dans la journée le bréviaire : c’est un moment d’arrêt, de repos, de lien avec toute l’Église qui fait du bien. Seigneur, à quoi m’appelles-tu aujourd’hui ?

À quelles difficultés êtes-vous confronté ?

Du fait de la ruralité, je circule beaucoup et j’interviens au sein des sept communes et sept lieux de culte. Il faut du temps pour visiter chaque endroit et pour relancer les équipes. Je vis seul au presbytère, des personnes viennent pour les permanences d’accueil, la compta ou la préparation du bulletin paroissial. Je m’organise pour déjeuner régulièrement avec mes confrères voisins de La Châtaigneraie, au doyenné ou à la maison du diocèse à La Roche-sur-Yon. La population est assez vieillissante et le renouvellement des équipes est difficile. Il nous faut notamment trouver des relais pour l’accompagnement des familles en deuil. J’encourage l’équipe à chercher autour d’elle, mais certains semblent tout attendre de moi ! Réactiver sans cesse les groupes demande beaucoup d’énergie. L’administratif me pèse aussi, car je n’ai pas encore retrouvé de secrétaire. Lors d’occasions spéciales, une seule messe du dimanche est célébrée pour toute la paroisse. Cela fait des mécontents, il y a ceux qui ne peuvent se déplacer, etc. Malgré ces grincements, il me semble important de vivre la communauté paroissiale. J’ai également de l’âge et déjà eu des alertes de santé. Je sens bien que je perds un peu de dynamisme.

L’année prochaine, j’aurai 75 ans. Dans le diocèse, on devient alors automatiquement auxiliaire. J’espère me rapprocher un peu de ma famille et de ma commune d’origine au nord de la Vendée, près de Challans. Et puis, il y a des difficultés liées aux situations humaines particulières. J’ai célébré la semaine dernière la sépulture d’un enfant de trois ans. Un temps de prière et partage a aussi été vécu avec les enfants de l’école catholique (la paroisse en compte cinq).

Quelles sont vos grandes joies ?

La paroisse est certes rurale, mais elle est active et sympathique. Le premier dimanche de janvier, nous avons célébré une seule messe et valorisé tous les groupes, mouvements et services paroissiaux. Plus de quarante équipes différentes, où les chrétiens sont engagés, étaient représentées. On a parfois l’impression d’être seul dans son coin, quelle joie et quel bonheur de se rassembler ! Chaque réunion à laquelle je participe me demande un petit effort, mais j’en reviens toujours motivé. Les partages de vies humaines, les personnes qui cherchent à vivre en lien avec la Parole de Dieu, à ajuster leurs comportements à celui de Jésus Christ, me ressourcent. J’apprécie aussi de rencontrer des publics différents lors des mariages par exemple. C’est l’occasion de temps conviviaux, de faire connaissance autrement. Quand je suis arrivé sur la paroisse, une adulte se préparait au baptême. J’ai rejoint l’équipe en route, puis je l’ai baptisée avec ses deux filles au cours de la vigile pascale. Elle a reçu l’an dernier le sacrement de confirmation. Et j’ai célébré son mariage cette année. Nous avons partagé de grands moments et créé des liens très forts avec l’équipe d’accompagnement. Au quotidien, même si les communautés sont réduites, s’il y a des difficultés pour l’animation liturgique ou l’orgue, des chrétiens sont là. Ils viennent avec ce qu’ils sont. Nous faisons un bout de chemin ensemble et rencontrons le Seigneur.

Quels liens entreteniez-vous avec votre évêque ?

Je rencontrais facilement Mgr Alain Castet [évêque émérite de Luçon], car je suis aussi membre du conseil économique du diocèse. Nos relations ont toujours été cordiales. Mgr François Jacolin, notre nouvel évêque qui sera installé le 15 juillet en la cathédrale de Luçon, est un homme d’expérience, un homme de terrain. Je crois qu’il sera un pasteur à l’écoute et apaisant, qu’il ira à la rencontre des prêtres, des diacres, des laïcs engagés de toutes sortes. J’ai été formé à l’action catholique. Elle reste un point d’appui très fort de mon ministère. Je suis plein de confiance !

Pour vous, être prêtre aujourd’hui, c’est…

C’est être témoin, être en lien avec le Seigneur Jésus-Christ, en lien avec l’Église et cette portion d’Église constituée par la communauté paroissiale. C’est en même temps, être profondément en lien avec la pluralité des hommes et des femmes pour les aider à se reconnaitre et s’accepter différents. Pour progresser ensemble et construire une unité dans nos diversités. C’est établir plus de liens, plus de fraternité tout simplement !

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