« La Terre Sainte, écrin des racines de notre foi »

Le Pape François via la Congrégation pour les Églises orientales invite chaque année les fidèles du monde entier à réserver une quête de soutien à la présence chrétienne en Terre Sainte. Le vendredi 30 mars, Jour du vendredi saint, une quête dans les paroisses sera organisée pour soutenir les chrétiens de Terre Sainte. Dans cet entretien, Frère Roger Marchal, nouveau commissaire de Terre Sainte pour la France nous rappelle l’importance de ce lien que chaque chrétien doit tisser et entretenir avec la Terre Sainte car elle est l’écrin des racines de notre foi.

Frère Roger commissaire France (002)Pouvez-vous nous rappeler la finalité de la collecte pour les lieux saints et nous redire pourquoi elle est organisée par les franciscains de Terre Sainte ?

De son vivant, Saint François a envoyé ses frères en Terre Sainte vivre au milieu des musulmans pour témoigner du Christ. C’est la mission première des franciscains en Terre Sainte, c’est inscrit dans leur ADN. Pendant des siècles, ils ont été les seuls religieux autorisés à vivre en Terre Sainte, servant ainsi les populations locales, vivant et mourant avec eux. Avec le temps et leur charisme, un dialogue s’est instauré avec les musulmans, et les frères ont pu peu à peu récupérer les lieux saints et les racheter au nom de l’Église Catholique. C’est ainsi que le Pape Clément VI, en 1342, leur confia la « Garde des Lieux Saints ». Depuis, les Papes invitent chaque année l’Église à les soutenir pour entretenir les lieux et les rendre accessibles tout en assurant la pastorale des chrétiens de langue arabe qui ont grandi et vivent aujourd’hui à l’ombre de ces sanctuaires.

Qui gère la collecte en France ?

Depuis le XIVe siècle, la collecte transite par les « Commissariats de Terre Sainte » : les délégations et représentations officielles des franciscains de Terre Sainte. En France, ce Commissariat de Terre Sainte se situe à Paris où j’assure la responsabilité. Notre mission est de susciter l’intérêt et l’amour pour les lieux saints. Cela passe par la promotion des pèlerinages et du volontariat en Terre Sainte, des animations bibliques, des expositions, la participation à des colloques et conférences… Cela passe aussi par le soutien effectif aux lieux de cultes et aux « pierres vivantes », les communautés chrétiennes arabes. Nous sensibilisons les diocèses et les paroisses à l’invitation du Pape afin qu’ils organisent la collecte pour les lieux saints, ce qui représente 70 diocèses. Nous recevons ensuite, via les économes diocésains, les dons des fidèles et nous l’acheminons à l’économat de la Custodie à Jérusalem. Nous sommes garants de l’utilisation de ces fonds.

Comment pouvons-nous nous être proches des chrétiens de Terre Sainte ?

Collecte TSMEn priant pour la Terre Sainte, tout particulièrement durant cette Semaine Pascale. C’est la semaine où durant laquelle nous commémorons la passion de Jésus, moment où Dieu se fait solidaire avec tous les crucifiés d’aujourd’hui. Durant cette semaine, le regard des chrétiens du monde entier se tourne vers cette terre d’incarnation de notre espérance chrétienne, une terre à laquelle nous voulons rester attachés. Nous ne pouvons qu’inviter les fidèles de l’Église de France à se rendre en Terre Sainte. Désormais les diocèses, les congrégations et les nombreuses associations proposent des pèlerinages pour dire aux fidèles qu’il est bouleversant de découvrir ces lieux saints et leur faire prendre conscience que se rendre en Terre Sainte, c’est aller à la rencontre de nos frères qui sont les plus anciens chrétiens que notre chrétienté connaisse, les descendants des premières communautés évangélisées par les apôtres avec des rites parfois méconnus, des traditions et des langues qui nous rappellent des racines de notre foi. Ces chrétiens syriaques, arméniens, chaldéens, grecs-melkites nous apprennent ce qu’est l’œcuménisme mais aussi ce que la cohabitation avec l’islam et le judaïsme puisqu’ils ont grandi avec eux, c’est leur quotidien bien qu’il ne soit pas facile. Aller en Terre Sainte, c’est toucher du doigt l’universalité de notre Église tout en se faisant proches de cette première église locale de Jérusalem bien vivante encore aujourd’hui. En janvier, la Custodie de Terre Sainte a enregistré 770 pèlerinages collectifs soit 26.000 pèlerins. Une large hausse par rapport aux deux dernières années.

Enfin, les fidèles peuvent nous soutenir à travers la quête du Vendredi Saint. Il ne s’agit pas seulement d’être proches des chrétiens de Terre Sainte mais également de tous ses habitants. Pour mieux connaitre leurs quotidiens et leurs besoins, les lecteurs peuvent s’abonner à des revues comme notre « Terre Sainte magazine ». Jésus a versé son sang pour tous les hommes, notre mission de chrétien c’est de développer l’Homme dans toutes ses dimensions humaines et spirituelles. Nous portons également la vocation suivante : donner des raisons d’espérer pour les chrétiens en Terre Sainte.

Propos recueillis
par Terre Sainte Magazine

Extrait de la lettre pour la collecte pro Terra Sancta du Cardinal Leandro Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales – 14 février 2018

Excellence Révérendissime,

3 février 2018 : Card. Leonardo SANDRI, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales , lors de l'ouverture de l'année judiciaire du Tribunal de l'Etat de la Cité du Vatican. Vatican. February 3, 2018: Card. Leonardo SANDRI during the inauguration of the 2018 Judicial Year of the Vatican City State Court, at the Vatican.Le chemin de Carême que nous avons entrepris nous invite à monter à Jérusalem sur le chemin de la Croix où le Fils de Dieu accomplira sa mission rédemptrice. Dans ce pèlerinage, l’Esprit-Saint nous accompagne; Il nous révèle le sens de la Parole de Dieu. En dehors des sacrements, en particulier l’Eucharistie et la Pénitence, nous sommes renforcés par le jeûne, la prière et l’aumône. C’est un temps propice pour nous rapprocher du Christ en reconnaissant notre pauvreté et notre péché et en vivant l’abaissement du Fils de Dieu « qui pour nous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de nous enrichir de sa pauvreté » (2 Cor 8, 9).

C’est aussi le temps par excellence pour se faire proche des autres en pratiquant les œuvres de charité, conscients que cette démarche de Carême n’est pas un acte solitaire, mais bien un itinéraire de solidarité où chacun est appelé à s’arrêter comme le Bon Samaritain pour s’approcher des frères qui ont du mal à se relever et à reprendre la route pour diverses raisons.
Cette année encore la Collecta pro Terra Sancta du Vendredi-Saint est pour les fidèles une occasion propice pour être unis à nos frères de Terre-Sainte et du Moyen-Orient où le cri de milliers de personnes privées de tout, parfois même de leur propre dignité, continue à nous parvenir, un cri qui nous brise le cœur et nous pousse à les étreindre de cette charité chrétienne, source sûre d’espérance.

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