Saint Benoît, père du monachisme en Occident

Saint Benoît (480-547), père du monachisme en Occident est célébré chaque année le 11 juillet. Le Père Louis-Marie Coudray, bénédictin à l’abbaye du Bec-Hellouin (Normandie) et à Abu Gosh (Israël) pendant 35 ans (1980-2015) nous raconte l’importance de ce saint et l’influence de la règle de Saint-Benoît dans la vie monastique.

Historique
« Saint Benoît est un Italien du Ve siècle qu’on appelle « le patriarche des moines d’Occident ». Le monachisme a commencé en Orient notamment en Égypte avec Saint-Antoine. Saint-Benoît est l’initiateur de la vie monastique, cénobitique en Occident. Dans la vie monastique, il existe trois catégories : les ermites, la vie anachorétique (seul en semaine, avec la communauté le week-end), et la vie cénobitique (vie communautaire). Saint Benoît considère qu’il faut s’éprouver avec la vie communautaire avant de passer par une étape plus solitaire. »

La règle de Saint Benoît 

« La règle de Saint Benoît est un trésor de connaissances du cœur humain. Cette règle de vie peut s’appliquer pour n’importe quel laïque, car elle préconise des indications de comportements de vie chrétienne. Au fond, la vie monastique, c’est la vie baptismale vécue d’une manière absolue voire radicale. La vocation première est celle d’être chrétien et d’essayer de vivre selon l’Évangile. La vie monastique consiste à vivre selon un mode de vie particulier : retrait du monde, silence, vie de prière, travail intellectuel et travail manuel et vie communautaire. Saint Benoît dans sa règle conjugue tous ses éléments. Il a commencé par partir vivre seul dans le désert et ensuite des disciples se sont joints autour de lui ce qui a fait un certain nombre de fondations. »

Trois nuances liturgiques

« En France, nous retrouvons une variété de styles entre tous les monastères de style bénédictin. C’est ce qui fait la force de la règle de Saint-Benoît. En France, une vingtaine de monastères suivent la règle de saint Benoît. Il existe trois familles de Bénédictins avec l’interruption de la vie religieuse à la Révolution française. À partir de la Restauration, les Bénédictins ont repris dans trois foyers :

– Solemes dit la Congrégation de Solesme (Fongombault, Ligugé),

  • La Pierre-qui-vire avec la congrégation de Subiaco  : (Tournaille, Saint-Benoît sur-Loire),
  • Le Mesnil Saint-Loup (congrégation des Olivétains avec l’abbaye du Bec-Hellouin en Normandie, Abbaye Notre-Dame de Maylis dans les Landes et le Mesnil Saint-Loup en Champagne)

À l’intérieur même de ces congrégations, chaque monastère a sa coloration (messe en latin de rite extraordinaire, office en français). Si on suit la règle de saint Benoît d’une manière un peu restrictive, on comprend que le monastère se suffit à lui-même d’où l’interprétation de la la règle de la clôture. Et en même temps, sa règle dit : « On priera pour tous les frères qui sont en voyage ». Cela signifie qu’il y a la possibilité d’avoir des sorties et activités extérieures. »

Un équilibre entre vie communautaire et religieuse

« Dans cette règle, saint Benoît essaye de mettre cet équilibre entre la vie de prière communautaire, toute la communauté se retrouve ensemble pour chanter l’office. Nous avons sept moments de prières dans une journée : les vigies (dans la nuit ou très tôt le matin), l’office de laudes (louange du matin), les trois petites heures (tierce, sexte et none), l’office des vêpres et l’office de complies qui conclut la journée. Cet office liturgique donne la structure de la journée, ce autour de quoi va s’articuler toute la vie communautaire. Suivant les communautés, il y a une répartition des tâches entre le travail intellectuel et le travail manuel qui est l’une des ressources des communautés. »

Saint-Benoît, saint patron de l’Europe

« L’ordre bénédictin s’est étendu sur toute l’Europe et les monastères sont devenus des foyers de développement et culturel et économique. C’est pour cette raison que le pape Paul VI a déclaré saint Benoît « Patron de l’Europe. » en 1964. » Parler de Saint-Benoît revient à aborder la devise des Bénédictins qui est « pax », la paix. Dans une vie communautaire, le risque, est que cela se termine par une forme d’autarcie. Au contraire, la « pax » que propose Saint Benoît, est une paix intérieure, ce qu’on pourrait appeler l’unification de la personne. »

Célébration le 11 juillet

« Deux fêtes célèbrent saint Benoît : une célébrée uniquement par les Bénédictins le 21 mars. Date qui correspond à la fête de sa mort. Le 11 juillet marque la fête de la translation de ses reliques. La liturgie est donc beaucoup plus déployée et festive. Cela se traduit aussi par une journée sans travail (pas de travaux manuels), menu de fête (plus soigné). L’ensemble de la journée suivant les communautés, l’horaire de la messe change et occupe une place importante de la journée. C’est une journée de prière. Indépendamment des grandes fêtes du calendrier liturgique, c’est la fête de notre fondateur. »

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