Le père Frédéric Forel : « François est un homme de Dieu »

Le père Frédéric Forel, témoigne suite à l’élection du pape François, le 13 mars 2013. Au plus près des argentins, il est prêtre fidei donum de Fréjus Toulon en Patagonie, dans le diocèse de Viedma, à 1800 km au sud de Buenos Aires.
 
« Le cardinal Bergoglio est un homme connu et reconnu pour être un pasteur efficace avec une très grande qualité d’écoute. Il est difficile à classifier dans une sensibilité traditionnelle ou un certain progressisme. Insensible à ces catégories, il a horreur que la politique s’invite chez les clercs, dans leurs homélies par exemple. C’est un homme de Dieu, point !

Il s’exprime clairement et va droit au but : bref et incisif ! J’ai utilisé pour les catéchistes de la paroisse ses lettres adressées au diocèse de Buenos Aires. On a vu très vite la vie spirituelle de ce primat et sa priorité d’aller à la rencontre des gens, de frapper à leur porte pour annoncer Jésus surtout à ceux qui sont isolés par le milieu social défavorisé, enfermés dans la solitude, la maladie, la drogue. Il a poussé beaucoup ses curés à faire de même.

Se contentant de très peu pour vivre, il faisait sa cuisine lui-même à Buenos Aires et préfère le car à l’avion ou le métro à la voiture. Tout est dit dans le choix de son nom avec saint François d’Assise ! Bien qu’il n’aime pas beaucoup voyager – aller à Rome lui coûtait, me disait mon évêque – on l’attend avec grande joie aux JMJ de Rio en juillet prochain.

Enfin, selon mon évêque, Mgr Esteban Maria Laxague, c’est un authentique jésuite : très fin, au regard ample sur la réalité avec un discernement typiquement ignacien. C’est un homme austère et cependant, j’en ai fait l’expérience, il répondra toujours de sa main à votre courrier par de minuscules et brèves lignes. C’est un grand travailleur, toujours disponible pour ses curés, sans passer par les évêques auxiliaires-vicaires généraux. L’accompagnement ignacien fait vraiment partie de son ADN spirituel.

Ici, au-delà de la fierté qu’il soit « de nuestra tierra », il y a une profonde joie dans le cœur des laïcs – et pas seulement des catholiques pratiquants – comme des prêtres. Nous sommes très heureux d’avoir un Pape du « Nouveau Monde », un homme humble, simple, capable, et spirituellement très profond. En ce mercredi soir, la cathédrale de Viedma était comble et les applaudissements n’ont pas manqué. Merci de votre prière pour lui. »

 

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Un livre de conversation intitulé Le Jésuite, est sorti en 2010, avec deux journalistes, Sergio Rubin et Francesca Ambrogetti. Nous y découvrons les racines familiales et sociales humbles de Jorge Mario Bergoglio jusqu’à un souci permanent de faire de ce jeune pays, qu’est l’Argentine, avec ses 200 ans d’indépendance, un peuple où habite la fraternité, loin des confrontations politiques et sociales. Le livre montre l’importance de valoriser les richesses culturelles locales sans croire qu’ailleurs c’est toujours mieux comme le croient les descendants d’immigrants des Etats-Unis et de l’Europe. Il existe une foi vivante qui soigne les blessures du passé, telle que celle de la dictature qui a sévi entre 1976 et 1983. Le pardon permet ainsi de se projeter vers l’espérance d’un futur où justice et solidarité chassent corruption et matérialisme.
 

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