Le Sida, par Mgr Dubost

Dubost Michel - Evry Corbeil Essonnes

Le sida n’est pas mort. Il fait toujours mourir. Ici. En Afrique. Surtout en Afrique. Il est nécessaire d’agir, de crier…

Comment ne pas éprouver un sentiment d’échec ? Comment ne pas éprouver l’inutilité des slogans? Ils disaient : « le préservatif arrêtera l’épidémie »… Ils disent aujourd’hui : « ils » oublient de se protéger… Ils n’avaient pas perçu leur contradiction fondamentale : on ne peut mettre à la mode une sexualité impulsive et irrationnelle.
On ne peut oublier de parler au coeur et à l’intelligence. Et en même temps exiger d’être technicien et raisonnable.

Nous disions « abstinence » et « fidélité ». Et nous nous plaignions de ne pas avoir été compris. Nous n’avions pas perçu – à ce point-là – comment nous étions reçus : liberticides. Sans compassion pour les malades. Faisant passer le dogme avant la réalité. Et nous n’avons pas été entendus. Déconsidérés.

Comment repartir ? Bien sûr, il faut continuer à mettre les malades au centre : lutter pour leur dignité. Lutter pour qu’ils soient accueillis (beaucoup de chrétiens font, en ce domaine, des prouesses). Lutter pour qu’ils puissent se soigner. Ici, en prison, en sortant de prison, en Afrique.

Sans doute nous faut-il être plus humbles sur le sujet. Et procéder autrement, plus profond. L’homme d’aujourd’hui rêve de liberté absolue. Et le sida lui apparaît comme ce qui empêche d’être libre. Il a raison… il faut éradiquer le sida. Mais il faut aussi changer sa conception de la liberté. Pas tellement par des mots. Par de nouveaux modes de vie.

Il nous faut apprendre une certaine solitude. Il nous faut tolérer le manque… Il nous faut plaider pour la véritable rencontre de l’autre. Celle qui se nourrit d’affection, de « toujours ». Celle qui a besoin de temps, de volonté et d’intelligence. C’est l’amour qui rend libre. C’est lui qui guérit.
 

Editorial de Mgr Dubost, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes dans Info 91 du 2 novembre 2002

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DSE doctrine sociale