Un ensemble scolaire où bien vivre mixité sociale et religieuse

Goûter de jeunes de l’ensemble scolaire « La Salle Saint-Rosaire »L’Enseignement Catholique porte dans son projet global le souci d’aller aux périphéries. Géographiquement, nombre de ses établissements sont implantés dans des villes ou des quartiers réputés « sensibles ». Lensemble scolaire « La Salle Saint-Rosaire », dans le Val d’Oise, illustre toute la richesse d’un lieu où réussir évangélisation et ouverture à tous. Par Chantal Joly

« Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es ? ». S’ils étudiaient cet adage en cours de philosophie, les élèves du Saint Rosaire verraient vite la belle symbolique de l’implantation actuelle de leur école : au bout du boulevard du Général de Gaulle bordé de pavillons, elle débouche en effet sur la D10 qui marque la rupture avec le vieux Sarcelles.

«Le maire me répète toujours que cet établissement est un lieu de mixité sociale », raconte Mme Christine François, chef d’établissement coordinateur. C’est l’ambition du groupe scolaire qui va de la maternelle au lycée : « être ouvert à tous », et c’est bien sa réalité avec les prix de scolarité les moins chers du Val d’Oise et cependant « des parents qui font de gros efforts financiers pour nous confier leurs enfants », admire Mme François. Sarcelles se retrouve en effet à la croisée de deux flux migratoires : le déplacement des populations en précarité de Saint Denis vers le nord et le départ des classes sociales un peu plus aisées vers l’Oise. D’où la pertinence du projet de cet établissement sous tutelle des Frères des Écoles chrétiennes depuis 22 ans. La priorité est donnée aux plus pauvres avec, notamment, l’existence d’une annexe Oscar Romero destinée aux « décrocheurs » et d’Antennes Scolaires Mobiles cherchant à rejoindre les gens du voyage et les Roms du département (voir encadrés). Tout ceci dans une démarche d’inclusion et non d’enfermement.

 Apprendre une fraternité sereine

Autre mixité qui a du sens : le brassage inter-confessionnel avec « un panel de toutes les religions majoritaires dans la commune » : Catholiques, dont de nombreux jeunes de la communauté chaldéenne fortement implantée localement, Musulmans et Juifs. Et, bien sûr, d’autres « qui ne revendiquent pas de religion précise ».

Un pari pour parvenir à créer « un lieu d’apprentissage vivre ensemble dans la sérénité et la fraternité, ce qui est le message délivré en permanence aux élèves ». La démarche est également expliquée aux parents vivement conviés à être en accord avec elle.

Ces défis o combien stimulants séduisent vite les nouveaux enseignants venus « parfois à reculons », reconnaît Mme François. Et malgré le fait que le nom de Sarcelles fait toujours un peu peur et que pas mal d’enseignants viennent de Paris, « nous n’avons pas, assure-t-elle, de mal à recruter ». Les très bons résultats scolaires (99,5% de réussite au brevet, 100% pour les bacs technologiques et 97% pour les bacs généraux) prouvent qu’excellence et attention aux plus en difficulté ne sont en rien incompatibles.

Grandir dans sa spiritualité

De même, le respect des convictions de chacun qui se traduit par des célébrations inter-religieuses se mène en parallèle avec une activité pastorale redynamisée. Une messe a lieu tous les quinze jours et Mme François anime elle-même l’équipe de pastorale composée d’animateurs et de bénévoles réguliers ou occasionnels (pour la préparation aux sacrements, la catéchèse et divers projets). C’est ainsi qu’un professeur de techno s’implique dans la fabrication de crèches et que d’autres profs ont accompagné à Madagascar un voyage solidaire d’élèves « de tous bords». Mme François, engagée dans une Fraternité Éducative La Salle, dit « vivre pleinement cette mission du projet éducatif lasallien » qui « conjugue leffort de progrès culturel et humain avec lannonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ[1] ».

« Un jeune, explique-t-elle, a le droit de grandir dans toutes ses dimensions, y compris spirituelles. Et quelle que soit sa spiritualité. Ici ce n’est pas un « enseignement » mais quelque chose de visible, un parfum qu’on respire ».

[1]    Extrait

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