Cantates et Oratorios

cantates et oratoriosFiche de l’Observatoire Foi et Culture (OFC 2017, n°4) sur  « Cantates et d’Oratorios », premier volume de la collection intitulée « Les Chefs-d’oeuvre de la musique sacrée » (La Croix, Harmonia Mundi et Radio Classique).

À la fin de 2016, est paru un premier volume de Cantates et d’Oratorios, dans une collection intitulée Les Chefs-d’oeuvre de la musique sacrée (La Croix/Bayard Musique (avec Harmonia Mundi et Radio Classique). Neuf autres volumes suivront, composant un bel ensemble de notre patrimoine religieux musical.

Le premier volume comporte des oeuvres aussi magnifiques que L’Oratorio de Noël de Bach, Le Messie de Haendel ou encore La Création de Haydn.

Oratorios et Cantates sont deux formes de musique religieuse nées à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle après deux événements qui ont marqué l’histoire de l’Église catholique : la Réforme protestante (1521) et la Contre-Réforme catholique avec le concile de Trente (1545-1563).

Tout au long du XVIe siècle et du XVIIe siècle, l’Église catholique cherchera à toucher et à émouvoir les fidèles en théâtralisant l’art (peinture, sculpture, musique). À Rome, les sculptures de Bernini ou de Borromini, la fresque centrale du Gesù peinte par Giovanni Battista Gaulli, dit Baciccio, caractérisent cette période que l’on appellera baroque.

La musique prendra elle aussi la forme de drames lyriques avec une expression forte des sentiments et des passions. Les cantates et les oratorios vont naître de cette sensibilité avec un langage musical spécifique comportant trois aspects. Il y a tout d’abord l’usage du récitatif, chant monodique dont le rythme est celui de la parole et la fonction, celle de donner une trame à l’histoire. Ensuite, l’Aria destiné aussi à un soliste, permet au personnage de livrer ses sentiments à l’auditeur. Les choeurs, enfin, à la manière de la tragédie antique, ont beaucoup d’importance. Leur rôle est de commenter l’action.

Luther accorda une place prépondérante à l’Écriture et à son commentaire. La cantate luthérienne sera destinée à commenter la lecture des textes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. Elle prendra place dans le culte entre les lectures et le sermon. Aux cantates, il faut joindre les « chorals », mélodies simples composées par Luther et d’autres compositeurs contemporains de lui.

Au XVIIe siècle, dans le ciel romain brille le nom de Giacomo Carissimi dont le premier volume offre Historia di Jephte. Dans l’Ancien Testament, le Livre des Juges raconte les exploits guerriers de Jephte qui fit le voeu, avant d’engager le combat, d’immoler sa fille (Jg 10 à 12). Le passage le plus connu de cet oratorio est Plorate filli Israël. « Nous reconnaissons à Carissimi une personnalité musicale unique qui surpasse celle de ses prédécesseurs et de ses contemporains (…). Outre la ferveur mystique d’un sentiment religieux austère on trouve dans son art une vision plastique de la réalité humaine, fruit de sa nature musicale dramatique et un peu théâtrale » (Frederico Ghisi, Encyclopédie de la Pléiade, 1960, p. 1515).

Parmi les élèves de Carissimi, se trouve Marc-Antoine Charpentier dont le premier volume donne à entendre le Te Deum, une oeuvre remarquable composée pour Saint-Louis-des-Jésuites, à Paris, au début des années 1690. Le Te Deum se veut une grandiose action de grâce, avec huit solistes et un choeur, un orchestre à cordes rehaussé de flûtes, hautbois, trompettes et timbales. Dieu est loué, mais la gloire du Roi Soleil n’est pas oubliée non plus.

L’oratorio s’inscrit aussi dans ce besoin de « représenter » des récits bibliques, de mettre en scène la prière à travers le spectacle religieux. Dans l’esprit de la Contre-Réforme, un prêtre, Philippe Néri (1515-1595), fondateur de la Congrégation de l’Oratoire en 1775, organise des réunions de prières. La musique occupe une grande place au cours des exercices spirituels durant lesquels on chante des chansons religieuses non liturgiques, d’un style populaire assez simple.

L’Oratorio de Noël de Jean-Sébastion Bach mérite une mention toute spéciale. Composé à Leipzig pour le Noël 1734, cet oratorio était proposé pour six moments de la vie liturgique, allant du jour de Noël à l’épiphanie. « Avec une maîtrise consommée du drame et de la méditation, Bach fait alterner choeurs et soli, sans oublier ces fameux chorals repris par toute l’assemblée, composante essentielle de l’office luthérien » (Livret du premier volume, p. 29).

Au sujet de ce premier volume, on peut faire le constat suivant : « Comme dans toute anthologie, il y a certes du moins bon, mais surtout du très bon. On note en particulier le superbe Oratorio de Noël de Bach, sous la direction de René Jacobs, avec un Andreas Scholl au sommet de son art, ou encore le Te Deum de Charpentier dans la version de William Christie qui n’a pas pris une ride. Ces pièces qui, le plus souvent, n’étaient pas directement destinées à la liturgie, sont un beau témoignage du génie humain rendant grâce et gloire à son Créateur.» (Famille chrétienne, n° 2030, du 10 au 16 décembre 2016).

Pour chaque volume, dix CD aident l’auditeur à mieux cerner la variété des formes qui modèlent la stupéfiante richesse d’un répertoire nourri des textes fondateurs du christianisme, accompagnant les temps de célébration liturgique, exprimant l’aspiration de l’homme au divin.

Un tableau illustre le boîtier et chacun des CD de ce premier volume consacré aux oratorios et aux cantates. Il s’agit du Triptyque Portinari, commandé en 1476 au peintre flamand Hugo Van der Goes, par un riche banquier iltalien en poste à Bruges, Tommaso Portinari.

Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen

Président de l’Observatoire Foi et Culture

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